Monde
L’opposition au Bélarus couronnée par le prix Sakharov, salue une « récompense pour le peuple »
Le Parlement européen a décerné jeudi le prix Sakharov des droits de l’homme à « l’opposition démocratique » au président Alexandre Loukachenko au Bélarus, geste salué par sa cheffe de file, Svetlana Tikhanovskaïa, comme une « récompense pour le peuple ».
« N’abandonnez pas votre combat. Nous sommes à vos côtés », a déclaré le président du Parlement européen David Sassoli à l’adresse des lauréats, soulignant que les représentants de l’opposition, pour la plupart emprisonnés ou poussés à l’exil, avaient « quelque chose que la force brute ne pourra jamais vaincre: la vérité ».
Ce prix « est une récompense pour le peuple bélarusse », a réagi la figure de proue de l’opposition, Svetlana Tikhanovskaïa depuis Copenhague, où elle est en visite. « Nous nous battons et nous n’allons pas abandonner ».
Après l’intellectuel ouïghour Ilham Tohti, condamné à la prison à vie en Chine pour « séparatisme », lauréat en 2019, les eurodéputés ont couronné un mouvement porté par des femmes et réprimé par le pouvoir.
Depuis le scrutin présidentiel du 9 août, le Bélarus est le théâtre d’une contestation de masse inédite contre la réélection d’Alexandre Loukachenko, à la tête depuis 1994 d’un régime autoritaire.
« Une seule voix »
Le prix arrive à un moment clé: Svetlana Tikhanovskaïa, qui a dû se réfugier en Lituanie, a donné au chef de l’Etat jusqu’à dimanche pour démissionner, menaçant d’appeler à une grève générale et à intensifier les manifestations.
« Nous espérons que le peuple bélarusse parlera d’une seule voix ce week-end et ensuite », a déclaré à l’AFP l’ex-candidate de l’opposition au scrutin.
Même en cas d’échec de l’appel à la grève générale, « les gens chercheront une autre façon de lutter, une autre forme de manifestation. Nous n’arrêterons pas », a-t-elle insisté.
Le président Loukachenko est menacé de sanctions par l’UE, qui a déjà pris des mesures contre 40 responsables du régime accusés d’être impliqués dans la répression et le trucage de l’élection, dont l’Union ne reconnaît pas le résultat.
« L’UE appelle les autorités bélarusses à libérer tous les prisonniers et à engager un dialogue national inclusif », a exhorté Charles Michel, président du Conseil européen, institution représentant les 27, sur Twitter.
« L’Union européenne salue votre courage et soutient pleinement vos ambitions », a aussi tweeté le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell en direction des lauréats.
Outre Mme Tikhanovskaïa, le Parlement distingue neuf personnalités de l’opposition, dont les deux femmes qui ont fait campagne à ses côtés, Maria Kolesnikova, aujourd’hui emprisonnée, et Veronika Tsepkalo, en exil, ainsi que la lauréate du prix Nobel de littérature Svetlana Alexievitch.
Mais aussi le mari de Svetlana Tikhanovskaïa, le blogueur Sergueï Tikhanovski, ainsi que Mikola Statkevitch, figure historique de l’opposition, tous deux en prison.
La quasi-totalité des personnes liées à Mme Tikhanovskaïa et au Conseil de coordination formé pour arracher une transition au pouvoir ont été incarcérées, assignées à résidence, ou contraintes à fuir à l’étranger.
Tous les dimanches, les Bélarusses sont des dizaines de milliers, malgré le risque d’arrestation et désormais la menace d’usage de balles réelles, à descendre dans les rues. Le samedi est l’occasion d’une marche de milliers de femmes, et le lundi de retraités.
Complot occidental selon Minsk
Soutenu par la Russie, Alexandre Loukachenko exclut toute concession d’ampleur, promettant une vague réforme constitutionnelle pour sortir de la crise, et mettant en scène un simulacre de dialogue avec des opposants en leur rendant visite en prison.
Mme Tikhanovskaïa a elle enregistré les soutiens de l’UE, d’Angela Merkel, d’Emmanuel Macron. Un appui à double tranchant, Moscou et Minsk n’ayant de cesse de dénoncer un complot occidental.
Cette femme de 38 ans, professeure d’anglais de formation, s’est lancée dans la campagne présidentielle après l’arrestation de son mari Sergueï, qui s’était fait un nom sur YouTube en dénonçant le « cafard » Loukachenko et avait prévu de le défier à l’élection.
Elle a été rejointe par Maria Kolesnikova et Veronika Tsepkalo, proches de deux autres candidats victimes de la répression.
Le trio féminin a été proposé pour le prix Nobel de la paix 2021.
Le prix Sakharov doit être remis le 16 décembre. Doté de 50.000 euros et décerné pour la première fois en 1988, ce prix « pour la liberté de l’esprit » doit son nom au physicien nucléaire Andreï Sakharov, grande figure de la dissidence à l’époque de l’URSS. Il a plusieurs fois fait office d’antichambre du Nobel de la paix.
Europe
Arrestation du fils de la princesse de Norvège soupçonné de viol
Les forces de l’ordre norvégiennes ont procédé à l’arrestation de Marius Borg Høiby, 27 ans, suspecté d’agression sexuelle. Les détails de l’affaire commencent à émerger.
Lundi soir, les autorités norvégiennes ont mis sous les verrous Marius Borg Høiby, fils de la princesse héritière Mette-Marit, dans le cadre d’une enquête pour viol. Le jeune homme de 27 ans est accusé d’avoir eu un rapport sexuel avec une personne incapable de donner son consentement, selon les déclarations de la police. Cet incident est décrit comme un acte sexuel sans pénétration, où la victime était dans un état d’inconscience ou de faiblesse l’empêchant de s’opposer.
Les investigations ont rapidement progressé. Une perquisition a été menée au domicile de Høiby, où des éléments matériels ont été saisis. Cette arrestation fait suite à une précédente interpellation en août, lors d’une altercation nocturne à Oslo, où Høiby était accusé de violences domestiques. À cette occasion, un couteau avait été découvert planté dans un mur de la chambre de la femme impliquée, avec laquelle il entretenait une relation.
La situation s’est encore compliquée en septembre, lorsque Høiby a été arrêté pour avoir enfreint une ordonnance de protection. La police a révélé qu’au moment de son arrestation lundi, il se trouvait en compagnie de la même femme qui avait été impliquée dans l’incident d’août. Les charges contre lui se sont élargies pour inclure des accusations de violences domestiques.
Marius Borg Høiby, né d’une relation antérieure de Mette-Marit avant son mariage avec le prince héritier Haakon, n’a pas de rôle officiel au sein de la famille royale, contrairement à ses demi-frères et sœurs, la princesse Ingrid Alexandra et le prince Sverre Magnus. La police n’a pas encore décidé si Høiby serait placé en détention provisoire, laissant l’avenir judiciaire du jeune homme en suspens.
Cet événement soulève des questions sur les dynamiques familiales au sein de la royauté norvégienne et sur la manière dont la justice traite les affaires impliquant des personnalités publiques. La Norvège, connue pour son système judiciaire transparent et équitable, devra naviguer avec soin dans cette affaire délicate, assurant à la fois la protection des droits de la victime et le respect des procédures légales.
Europe
Russie : Vladimir Poutine signe un décret permettant un recours plus large à l’arme nucléaire
Face à la montée des tensions avec l’Occident, Vladimir Poutine a modifié la doctrine nucléaire russe, permettant un recours plus large à l’arsenal atomique en cas de menaces jugées sérieuses.
L’annonce de la signature par le président russe Vladimir Poutine d’un décret élargissant les conditions d’emploi des armes nucléaires marque une nouvelle étape dans l’escalade des tensions internationales. Ce décret intervient après que les États-Unis ont permis à l’Ukraine d’utiliser des missiles à longue portée contre la Russie, signalant une évolution stratégique dans le conflit.
Le document, signé le 19 novembre, modifie substantiellement la politique nucléaire russe. Désormais, toute attaque contre la Russie par un État non nucléaire, mais soutenu par une puissance nucléaire, sera considérée comme une agression conjointe. Cette révision reflète une adaptation de la Russie à ce qu’elle perçoit comme des menaces croissantes à sa sécurité, selon les dires du Kremlin. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a justifié cette mesure en expliquant qu’il était impératif de réajuster les fondements de la doctrine nucléaire face aux défis actuels.
Cette décision intervient à un moment où les relations entre la Russie et l’Occident sont particulièrement tendues. Fin septembre, Poutine avait déjà fait état de sa volonté d’utiliser l’arme nucléaire en réponse à une attaque aérienne massive contre le territoire russe, une menace qui a été réitérée par la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, indiquant que la réponse de la Russie serait proportionnée et décisive.
La Russie accuse également l’Ukraine d’avoir utilisé des missiles de longue portée fournis par les États-Unis pour frapper la région de Briansk. Selon les informations relayées par le ministère russe de la Défense, six missiles ATACM ont été lancés, dont cinq ont été interceptés par la défense antiaérienne russe. Les débris auraient causé des dommages mineurs à un site militaire, attisant encore la tension dans la région.
Cette escalade dans la rhétorique et les actions nucléaires soulève des inquiétudes quant à une possible intensification du conflit, déjà marqué par des échanges de prisonniers et des accusations réciproques d’agressions. La signature de ce décret par Poutine pourrait être interprétée comme une tentative de dissuasion, mais aussi comme une manifestation de l’intention de la Russie de protéger ses intérêts par tous les moyens, y compris les plus extrêmes.
Économie
Climat, guerres, Trump: le G20 sous pression en sommet à Rio
Le sommet du G20 à Rio de Janeiro se tient sous haute tension, avec des enjeux climatiques et géopolitiques majeurs, et l’influence croissante de Donald Trump.
Le sommet du G20, qui réunit les dirigeants des économies les plus influentes du monde, a débuté à Rio de Janeiro dans un contexte marqué par des défis climatiques pressants et des tensions géopolitiques exacerbées. Les discussions, qui se déroulent dans un cadre de plus en plus instable, sont dominées par la nécessité de trouver des accords sur le financement climatique et la gestion des conflits internationaux, tout en anticipant le retour de Donald Trump à la présidence américaine.
Les dirigeants du G20, représentant une part significative du PIB mondial et des émissions de gaz à effet de serre, sont confrontés à l’urgence d’agir pour le climat. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé à des compromis pour garantir un résultat positif à la prochaine conférence sur le climat, la COP29. Cependant, les divergences sur les questions climatiques et les conflits en cours, notamment en Ukraine et au Proche-Orient, rendent les négociations particulièrement ardues. La Russie, absente du sommet, continue d’influencer les discussions par son conflit avec l’Ukraine, tandis que la situation à Gaza et au Liban ajoute une complexité supplémentaire.
Le président argentin Javier Milei, connu pour ses positions ultralibérales et climatosceptiques, introduit une incertitude supplémentaire. Buenos Aires a exprimé des réserves quant à l’adhésion à un communiqué commun, ce qui pourrait entraver les efforts de consensus. De son côté, le président brésilien Lula da Silva, hôte du sommet, souhaite recentrer les débats sur les enjeux sociaux et la lutte contre la pauvreté, avec le lancement d’une Alliance globale contre la faim et la pauvreté, et la proposition d’une taxation des plus riches, déjà discutée entre les ministres des Finances du G20.
L’ombre de Donald Trump, qui devrait revenir à la Maison Blanche en janvier, plane sur le sommet. Joe Biden, en visite en Amazonie, a envoyé un message fort sur la nécessité de protéger l’environnement, soulignant le risque d’un affaiblissement des ambitions climatiques mondiales sous une nouvelle administration républicaine. Cette perspective alimente les craintes d’une fragmentation internationale accrue et d’un retour en arrière sur les engagements climatiques.
Les discussions bilatérales de Xi Jinping avec d’autres dirigeants illustrent également l’importance croissante des pays émergents et des visions alternatives dans un ordre mondial en pleine mutation. Selon Oliver Stuenkel, professeur en relations internationales, le monde entre dans une phase d’imprévisibilité accrue, où les pays du Sud et la Chine auront plus d’espace pour articuler leurs propres stratégies.
Le G20 de Rio de Janeiro se tient à un moment critique où les leaders doivent naviguer entre les impératifs climatiques, les conflits internationaux et les changements politiques majeurs, tout en cherchant à maintenir un semblant d’unité et d’action collective.
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