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Économie

Les droits de douane, une potion amère pour les brasseurs américains

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Les taxes sur l’acier et l’aluminium imposées par l’administration Trump plongent les microbrasseries dans l’incertitude, avec des surcoûts qui pourraient se répercuter sur les consommateurs.

Les brasseurs artisanaux américains sont confrontés à une situation inédite. Les droits de douane de 25 % sur l’acier et l’aluminium, instaurés par l’administration Trump, perturbent gravement leur chaîne d’approvisionnement. Ces taxes, censées protéger l’industrie nationale, ont des répercussions inattendues sur un secteur en pleine croissance : celui des bières artisanales.

Bill Butcher, fondateur de la brasserie Port City en Virginie, en fait les frais. Son fournisseur de bouteilles lui a annoncé qu’il ne pourrait plus honorer ses commandes après mars. La raison ? Les grands industriels, confrontés à l’augmentation du prix des canettes en aluminium, se tournent massivement vers les bouteilles, créant une pénurie. « Notre chaîne logistique est plongée dans le chaos », déplore-t-il. Sa brasserie, qui utilise 90 000 bouteilles par mois, se retrouve dans une impasse.

Les canettes, quant à elles, représentent un autre défi. Justin Cox, fondateur d’Atlas Brew Works, explique qu’elles constituent près d’un tiers du coût de production d’un pack de 24 bières. Avec les droits de douane, ce coût pourrait encore augmenter, obligeant les brasseurs à répercuter ces hausses sur les prix de vente. « Nos bières vont devenir plus chères en rayon », prédit-il.

Les ingrédients ne sont pas épargnés. Les États-Unis importent chaque année pour 230 millions de dollars de malt, principalement destiné aux microbrasseries. Or, l’orge produite localement est souvent réservée aux grands groupes ou exportée vers le Mexique. Bill Butcher, qui s’approvisionne en malt canadien depuis 15 ans, craint de voir ses coûts exploser. « Il est impossible de prévoir nos dépenses si nous ignorons le prix futur de nos achats », souligne-t-il.

Les surcoûts liés aux droits de douane sont supportés par les importateurs américains, qui les répercutent ensuite sur les brasseurs. Brendan Chaney, responsable logistique chez Port City, compare la situation à celle du début de la pandémie de Covid-19, où les chaînes d’approvisionnement avaient été gravement perturbées. « Nous n’avons ni les moyens de stocker de grandes quantités, ni les liquidités nécessaires pour anticiper ces hausses », explique-t-il.

Face à cette incertitude, les brasseurs artisanaux se sentent démunis. Justin Cox résume la situation : « Nous ne pouvons qu’attendre et espérer que les choses s’améliorent avant notre prochaine commande. » Dans un secteur où la marge de manœuvre est limitée, ces nouvelles taxes pourraient bien sonner le glas de certaines microbrasseries, mettant en péril un pan entier de l’économie locale.

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