Monde
Le « médecin des pauvres », héros national, béatifié au Venezuela
José Gregorio Hernandez (1864-1919), « le médecin des pauvres » et héros national vénézuélien qui dépasse tous les clivages politiques, religieux ou sociaux, a été béatifié vendredi lors d’une cérémonie religieuse télévisée à Caracas.
« Avec notre autorité apostolique, nous concédons au vénérable serviteur de Dieu, José Gregorio Hernandez Cisneros (…) qu’à partir de maintenant il soit qualifié de bienheureux et que chaque année il soit célébré (…) le 26 octobre », a déclaré le nonce apostolique Aldo Giordano dans la chapelle du Lycée de La Salle de Caracas devant un comité réduit en raison de la pandémie.
Privés d’une messe en grande pompe en raison du coronavirus, des millions de Vénézuéliens ont suivi cette cérémonie à la télévision.
Au Venezuela, José Gregorio Hernandez fait l’objet d’une réelle dévotion. Il s’est illustré en portant gratuitement secours aux plus humbles lors de l’épidémie de grippe espagnole au début du 20e siècle, qui a tué 1% de la population. Il est mort en 1919, à 54 ans, renversé par une voiture à Caracas.
Dans les maisons, il n’est pas rare de voir une image ou statuette du médecin devant lesquelles sont déposées des bougies ou un verre d’eau.
Microscope béni
« Ce jour (de béatification) a été longtemps attendu et espéré. On imaginait une cérémonie populaire mais la pandémie ne l’a pas permise. Cela ne doit pas diminuer notre joie », a souligné le Nonce lors de son homélie.
« Il parait providentiel de célébrer la béatification d’un médecin pendant cette pandémie qui touche le monde entier (…) Que le Bienheureux José Gregorio intercède pour que nous obtenions les vaccins sans divisions », a-t-il poursuivi, soulevant des applaudissements.
« Le docteur José Gregorio est un des plus grands Vénézuéliens de tous les temps », a-t-il conclu.
Pendant la cérémonie, les prélats ont notamment béni un microscope présenté par deux docteurs en tenue blanche.
Scientifique de haut niveau, le docteur, qui s’était notamment perfectionné à Paris grâce à une bourse, a introduit le premier microscope au Venezuela.
Lors de la cérémonie qui a duré un peu plus de deux heures, une relique de « JGH » – comme il est souvent appelé – a été remise à chacun des diocèses du pays.
Vendredi, dans le quartier historique de la Candelaria (où il était enterré avant son exhumation provisoire en octobre), quelque 300 fidèles ont bravé les interdictions pour prier alors que l’église faisait sonner ses cloches.
De nombreux Vénézuéliens espèrent une canonisation prochaine.
« Pour moi c’est déjà un saint depuis des années et il fait des miracles à côté de Dieu », assure Brileidis Perez, 31 ans, image de José Gregorio à la main et qui dit prier pour que le Bienheureux et Dieu « délivrent le pays de la pandémie qui a tué beaucoup de gens ».
« Réconciliation »
Le décret de béatification de JGH a été signé par le pape François en juin 2020. Il correspond à l’approbation d’un miracle attribué en 2017 au défunt médecin. Yaxury Solorzano, 10 ans, a survécu après avoir été très grièvement blessée par balles. Sa mère a prié José Gregorio Hernandez, en lui demandant de sauver sa fille.
Yaxury et ses proches, ainsi que des membres de la famille de José Gregorio Hernandez, faisaient partie des 150 privilégiés qui assistaient à la cérémonie.
« La béatification du docteur Hernandez est une bénédiction spéciale de Dieu pour le Venezuela et elle nous invite à une plus grande solidarité (…) pour que le pays revive, renaisse après la pandémie dans un esprit de réconciliation », a affirmé le pape François dans un message jeudi.
Le pays de 30 millions d’habitants est confronté à une forte deuxième vague épidémique depuis mars. Il a enregistré au total plus de 2.000 décès pour plus de 200.000 cas de Covid-19, selon les chiffres officiels, des statistiques jugées « fausses » par l’opposition.
Le Venezuela est secoué depuis plusieurs années des troubles politiques. Le président Nicolas Maduro a été réélu en 2018 lors d’un scrutin boycotté par l’opposition.
Le pays traverse en outre une crise économique aggravée par les sanctions économiques d’une partie de la communauté internationale dont les Etats-Unis, qui cherchent à évincer M. Maduro du pouvoir.
Europe
Arrestation du fils de la princesse de Norvège soupçonné de viol
Les forces de l’ordre norvégiennes ont procédé à l’arrestation de Marius Borg Høiby, 27 ans, suspecté d’agression sexuelle. Les détails de l’affaire commencent à émerger.
Lundi soir, les autorités norvégiennes ont mis sous les verrous Marius Borg Høiby, fils de la princesse héritière Mette-Marit, dans le cadre d’une enquête pour viol. Le jeune homme de 27 ans est accusé d’avoir eu un rapport sexuel avec une personne incapable de donner son consentement, selon les déclarations de la police. Cet incident est décrit comme un acte sexuel sans pénétration, où la victime était dans un état d’inconscience ou de faiblesse l’empêchant de s’opposer.
Les investigations ont rapidement progressé. Une perquisition a été menée au domicile de Høiby, où des éléments matériels ont été saisis. Cette arrestation fait suite à une précédente interpellation en août, lors d’une altercation nocturne à Oslo, où Høiby était accusé de violences domestiques. À cette occasion, un couteau avait été découvert planté dans un mur de la chambre de la femme impliquée, avec laquelle il entretenait une relation.
La situation s’est encore compliquée en septembre, lorsque Høiby a été arrêté pour avoir enfreint une ordonnance de protection. La police a révélé qu’au moment de son arrestation lundi, il se trouvait en compagnie de la même femme qui avait été impliquée dans l’incident d’août. Les charges contre lui se sont élargies pour inclure des accusations de violences domestiques.
Marius Borg Høiby, né d’une relation antérieure de Mette-Marit avant son mariage avec le prince héritier Haakon, n’a pas de rôle officiel au sein de la famille royale, contrairement à ses demi-frères et sœurs, la princesse Ingrid Alexandra et le prince Sverre Magnus. La police n’a pas encore décidé si Høiby serait placé en détention provisoire, laissant l’avenir judiciaire du jeune homme en suspens.
Cet événement soulève des questions sur les dynamiques familiales au sein de la royauté norvégienne et sur la manière dont la justice traite les affaires impliquant des personnalités publiques. La Norvège, connue pour son système judiciaire transparent et équitable, devra naviguer avec soin dans cette affaire délicate, assurant à la fois la protection des droits de la victime et le respect des procédures légales.
Europe
Russie : Vladimir Poutine signe un décret permettant un recours plus large à l’arme nucléaire
Face à la montée des tensions avec l’Occident, Vladimir Poutine a modifié la doctrine nucléaire russe, permettant un recours plus large à l’arsenal atomique en cas de menaces jugées sérieuses.
L’annonce de la signature par le président russe Vladimir Poutine d’un décret élargissant les conditions d’emploi des armes nucléaires marque une nouvelle étape dans l’escalade des tensions internationales. Ce décret intervient après que les États-Unis ont permis à l’Ukraine d’utiliser des missiles à longue portée contre la Russie, signalant une évolution stratégique dans le conflit.
Le document, signé le 19 novembre, modifie substantiellement la politique nucléaire russe. Désormais, toute attaque contre la Russie par un État non nucléaire, mais soutenu par une puissance nucléaire, sera considérée comme une agression conjointe. Cette révision reflète une adaptation de la Russie à ce qu’elle perçoit comme des menaces croissantes à sa sécurité, selon les dires du Kremlin. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a justifié cette mesure en expliquant qu’il était impératif de réajuster les fondements de la doctrine nucléaire face aux défis actuels.
Cette décision intervient à un moment où les relations entre la Russie et l’Occident sont particulièrement tendues. Fin septembre, Poutine avait déjà fait état de sa volonté d’utiliser l’arme nucléaire en réponse à une attaque aérienne massive contre le territoire russe, une menace qui a été réitérée par la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, indiquant que la réponse de la Russie serait proportionnée et décisive.
La Russie accuse également l’Ukraine d’avoir utilisé des missiles de longue portée fournis par les États-Unis pour frapper la région de Briansk. Selon les informations relayées par le ministère russe de la Défense, six missiles ATACM ont été lancés, dont cinq ont été interceptés par la défense antiaérienne russe. Les débris auraient causé des dommages mineurs à un site militaire, attisant encore la tension dans la région.
Cette escalade dans la rhétorique et les actions nucléaires soulève des inquiétudes quant à une possible intensification du conflit, déjà marqué par des échanges de prisonniers et des accusations réciproques d’agressions. La signature de ce décret par Poutine pourrait être interprétée comme une tentative de dissuasion, mais aussi comme une manifestation de l’intention de la Russie de protéger ses intérêts par tous les moyens, y compris les plus extrêmes.
Économie
Climat, guerres, Trump: le G20 sous pression en sommet à Rio
Le sommet du G20 à Rio de Janeiro se tient sous haute tension, avec des enjeux climatiques et géopolitiques majeurs, et l’influence croissante de Donald Trump.
Le sommet du G20, qui réunit les dirigeants des économies les plus influentes du monde, a débuté à Rio de Janeiro dans un contexte marqué par des défis climatiques pressants et des tensions géopolitiques exacerbées. Les discussions, qui se déroulent dans un cadre de plus en plus instable, sont dominées par la nécessité de trouver des accords sur le financement climatique et la gestion des conflits internationaux, tout en anticipant le retour de Donald Trump à la présidence américaine.
Les dirigeants du G20, représentant une part significative du PIB mondial et des émissions de gaz à effet de serre, sont confrontés à l’urgence d’agir pour le climat. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé à des compromis pour garantir un résultat positif à la prochaine conférence sur le climat, la COP29. Cependant, les divergences sur les questions climatiques et les conflits en cours, notamment en Ukraine et au Proche-Orient, rendent les négociations particulièrement ardues. La Russie, absente du sommet, continue d’influencer les discussions par son conflit avec l’Ukraine, tandis que la situation à Gaza et au Liban ajoute une complexité supplémentaire.
Le président argentin Javier Milei, connu pour ses positions ultralibérales et climatosceptiques, introduit une incertitude supplémentaire. Buenos Aires a exprimé des réserves quant à l’adhésion à un communiqué commun, ce qui pourrait entraver les efforts de consensus. De son côté, le président brésilien Lula da Silva, hôte du sommet, souhaite recentrer les débats sur les enjeux sociaux et la lutte contre la pauvreté, avec le lancement d’une Alliance globale contre la faim et la pauvreté, et la proposition d’une taxation des plus riches, déjà discutée entre les ministres des Finances du G20.
L’ombre de Donald Trump, qui devrait revenir à la Maison Blanche en janvier, plane sur le sommet. Joe Biden, en visite en Amazonie, a envoyé un message fort sur la nécessité de protéger l’environnement, soulignant le risque d’un affaiblissement des ambitions climatiques mondiales sous une nouvelle administration républicaine. Cette perspective alimente les craintes d’une fragmentation internationale accrue et d’un retour en arrière sur les engagements climatiques.
Les discussions bilatérales de Xi Jinping avec d’autres dirigeants illustrent également l’importance croissante des pays émergents et des visions alternatives dans un ordre mondial en pleine mutation. Selon Oliver Stuenkel, professeur en relations internationales, le monde entre dans une phase d’imprévisibilité accrue, où les pays du Sud et la Chine auront plus d’espace pour articuler leurs propres stratégies.
Le G20 de Rio de Janeiro se tient à un moment critique où les leaders doivent naviguer entre les impératifs climatiques, les conflits internationaux et les changements politiques majeurs, tout en cherchant à maintenir un semblant d’unité et d’action collective.
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