Monde
Le Japon toujours hanté par l’affaire Ghosn, un an après sa fuite
Au matin du 31 décembre 2019, le Japon découvrait avec stupeur la fuite au Liban de son plus célèbre inculpé, l’ancien grand patron de Renault-Nissan Carlos Ghosn, un fiasco dont les répercussions continuent un an après de hanter le pays.
Deux jours plus tôt, alors qu’il était en liberté sous caution au Japon avant son procès pour malversations financières présumées chez Nissan, le Franco-libano-brésilien quittait tranquillement Tokyo pour rejoindre Osaka (ouest du pays) en train avec deux complices.
Arrivé à Beyrouth le 30 décembre après une correspondance à Istanbul, il est soupçonné d’avoir échappé aux contrôles à l’aéroport d’Osaka en étant caché dans un caisson de matériel audio.
Les autorités japonaises, comme sonnées, mettront plusieurs jours pour réagir officiellement. Leur demande d’extradition a été rapidement rejetée, Beyrouth n’ayant pas d’accord en ce sens avec Tokyo.
Visé par une demande d’arrestation via Interpol, M. Ghosn se retrouve toutefois bloqué au Liban depuis lors.
« Je n’ai pas fui la justice, j’ai échappé à l’injustice » a-t-il martelé début janvier lors d’une conférence-spectacle à Beyrouth devant les caméras du monde entier.
Mais ce rebondissement spectaculaire n’a pas mis fin à « l’affaire Ghosn » au Japon, ni à l’étranger où elle a de nombreuses ramifications.
Procureurs acculés
Un procès pénal s’est ouvert mi-septembre à Tokyo pour juger l’ancien responsable juridique de Nissan, l’Américain Greg Kelly, arrêté au Japon le même jour que M. Ghosn en novembre 2018 et qui clame comme lui son innocence.
M. Kelly est accusé d’avoir illégalement et sciemment omis de mentionner dans les rapports boursiers de Nissan une rémunération équivalente à 73 millions d’euros que M. Ghosn était censé toucher ultérieurement. Il encourt jusqu’à dix ans de prison.
Un acquittement de M. Kelly serait une « terrible humiliation » pour les procureurs nippons et ferait aussi « triompher » M. Ghosn, a commenté Stephen Givens, avocat d’affaires basé à Tokyo, dans une tribune parue en octobre sur le site Nikkei Asia.
« Les procureurs se sont mis dans une situation sans issue. N’attendez pas un happy end », a-t-il ajouté.
Un autre procès a démarré en juillet à Istanbul pour juger sept membres de la société turque propriétaire du jet privé loué pour l’exfiltration de M. Ghosn.
Et aux Etats-Unis, deux complices présumés de sa fuite, l’ancien Béret Vert Michael Taylor et son fils Peter, ont été arrêtés en mai en vue d’être extradés au Japon.
Mais ils ont déposé en novembre un nouveau recours contre leur extradition, dans la foulée d’un avis consultatif du Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire, lequel avait conclu que le processus d’arrestation et de détention au Japon de M. Ghosn était fondamentalement inéquitable.
Réformes à l’étude
Tokyo a jugé « totalement inacceptable » l’avis de ce groupe d’experts indépendants.
Le ministère japonais de la Justice a néanmoins lancé cette année une réflexion sur d’éventuelles réformes du système judiciaire nippon, qualifié de « justice de l’otage » par ses détracteurs, une expression qui s’est mondialement répandue depuis l’affaire Ghosn.
Ce système se caractérise notamment par la longueur de ses gardes à vue: jusqu’à 23 jours pour un seul motif d’arrestation. Les interrogatoires pendant cette phase se déroulent par ailleurs sans avocat.
Ces conditions rendent les suspects « extrêmement vulnérables » et les incitent à passer aux aveux, a récemment déploré Megumi Wada, ancienne membre de l’équipe de défense de Carlos Ghosn au Japon et chercheuse à la Fédération japonaise des barreaux (JFBA).
Une vaste réforme paraît cependant irréaliste. Même la JFBA, guère écoutée par le gouvernement et évitant soigneusement d’évoquer le cas Ghosn, se borne essentiellement à réclamer le respect de droits gravés dans la Constitution japonaise.
Un autre débat interne porte sur un éventuel durcissement du système de liberté sous caution du pays. L’usage du bracelet électronique, inexistant actuellement au Japon, est notamment à l’étude.
Nissan continue par ailleurs de poursuivre son ancien grand patron, lui réclamant quelque 80 millions d’euros de dommages-intérêts dans un procès civil au Japon.
M. Ghosn demande lui-même à Nissan et Mitsubishi Motors des millions d’euros d’indemnités via une procédure aux Pays-Bas, et s’est engagé dans un contentieux similaire avec Renault.
Il est aussi concerné par plusieurs enquêtes judiciaires en France, portant notamment sur des soupçons d’abus de biens sociaux chez Renault et la filiale néerlandaise de Renault-Nissan, RNBV.
Monde
La Russie expose un petit mammouth quasi intact de 50.000 ans
Un spécimen de mammouth exceptionnellement bien conservé a été mis au jour en Iakoutie, offrant un aperçu unique sur la vie des mammouths durant le Pléistocène.
La Russie a récemment présenté un spécimen de mammouth remarquablement bien conservé, découvert dans les confins glacés de l’Extrême-Orient russe. Ce mammouth, baptisé « Iana » en référence à la rivière où il fut retrouvé, a été exposé à l’Université fédérale du Nord-Est à Iakoutsk, suscitant un intérêt scientifique international.
La carcasse de ce mammouth femelle, estimée à plus de 50.000 ans, est un trésor pour les paléontologues. Pesant 180 kilogrammes et mesurant environ 120 centimètres de hauteur pour moins de deux mètres de longueur, Iana est considérée comme potentiellement le mammouth le mieux préservé au monde. Sa tête, son tronc, ses oreilles et sa bouche sont intacts, sans signe de déformation ou de dommage notable, une rareté dans le domaine de la paléontologie.
La découverte de Iana a eu lieu cet été dans le cadre de recherches à la station de Batagaïka, un lieu déjà connu pour ses trouvailles préhistoriques. Le permafrost de cette région agit comme une chambre froide naturelle, préservant les restes d’animaux disparus depuis des millénaires. Avant Iana, seulement six carcasses de mammouths avaient été découvertes dans le monde, cinq en Russie et une au Canada, soulignant ainsi l’importance de cette trouvaille.
Les analyses prévues sur Iana permettront d’éclairer plusieurs aspects cruciaux de la vie des mammouths : leur développement, leur adaptation à l’environnement, et les conditions écologiques de l’époque. L’âge exact de Iana, estimé actuellement à environ un an, sera également précisé, offrant des données inestimables sur la croissance et la longévité de ces géants de l’ère glaciaire.
Cette découverte intervient dans un contexte où la région de Iakoutie continue de révéler des vestiges du passé préhistorique, tels que des restes de chevaux et de bisons, ainsi qu’une momie de lemming, soulignant la richesse paléontologique de cette terre gelée.
L’étude de Iana et des autres spécimens découverts dans cette région promet de faire progresser notre compréhension des écosystèmes disparus et des créatures qui les habitaient, contribuant ainsi à l’histoire naturelle de notre planète.
Monde
Trump dit vouloir « stopper le délire transgenre » dès son premier jour
En prévision de son investiture, Donald Trump annonce des mesures drastiques contre les droits transgenres et l’immigration clandestine.
Le prochain président des États-Unis, Donald Trump, a clairement affiché ses intentions de réformer de manière radicale les politiques en matière de genre et d’immigration. Lors d’un rassemblement à Phoenix, il a détaillé un plan qui, selon ses dires, vise à rétablir l’ordre et la tradition aux États-Unis.
Dans un discours aux allures de manifeste, Trump a exprimé son intention de signer, dès le premier jour de son mandat, des décrets pour mettre fin à ce qu’il qualifie de « délire transgenre ». Ces mesures incluent l’interdiction des traitements médicaux pour le changement de genre chez les mineurs, l’exclusion des personnes transgenres de l’armée, et leur bannissement des établissements scolaires. Il a également souligné que sa politique serait basée sur la reconnaissance de deux genres uniquement, homme et femme, excluant toute autre identité de genre.
Le choix de ces actions illustre une volonté manifeste de s’opposer à ce que le camp conservateur perçoit comme une dérive sociétale. En s’attaquant à ce qu’il appelle le « wokisme », Trump entend non seulement s’aligner avec les valeurs traditionnelles de son électorat mais aussi capitaliser sur la polarisation croissante autour des questions identitaires. La rhétorique employée, qui dépeint ces droits comme une menace pour la société, résonne auprès de ceux qui craignent une érosion de leurs valeurs culturelles.
Parallèlement, Trump a réaffirmé sa politique d’immigration stricte, promettant des mesures pour fermer les frontières et expulser les migrants illégaux en masse. Cette promesse s’inscrit dans une continuité avec ses précédentes actions en matière d’immigration, renforçant ainsi son image de protecteur des frontières nationales. En désignant les cartels comme des organisations terroristes étrangères, il cherche à légitimer une approche plus agressive contre la criminalité transfrontalière.
L’engagement de Trump à résoudre rapidement des crises internationales, comme celles en Ukraine et au Moyen-Orient, sans fournir de détails sur les méthodes, souligne une approche qui privilégie l’affirmation de puissance et la résolution rapide, au risque de simplifier des situations complexes.
Enfin, ses menaces envers le canal de Panama, qu’il accuse de ne pas traiter les navires américains de manière équitable, montrent une propension à utiliser la force diplomatique pour défendre les intérêts américains, même si cela implique de remettre en question des accords internationaux établis.
Cet ensemble de promesses dessine un portrait d’un retour à une Amérique où la tradition, l’ordre et la fermeté sont les maîtres mots, visant à rassurer une partie de l’électorat tout en suscitant des inquiétudes quant aux implications pour les droits individuels et les relations internationales.
Europe
Quand l’Allemagne paie au prix fort son virage énergétique
L’Allemagne, pionnière dans la transition énergétique, doit maintenant faire face à des coûts élevés et à des défis structurels qui mettent à l’épreuve sa compétitivité et sa stabilité énergétique.
La transition énergétique allemande, autrefois saluée comme un modèle de développement durable, se heurte aujourd’hui à des obstacles majeurs. Deux épisodes récents de « pannes vertes », où le prix de l’électricité a atteint des sommets vertigineux, ont mis en lumière les failles du système. En novembre et décembre, le prix de l’électricité a frôlé les 1000 euros par mégawattheure, une situation inédite qui a ébranlé non seulement l’Allemagne mais aussi ses voisins européens.
L’absence de vent et de soleil, éléments cruciaux pour la production d’énergie renouvelable, a paralysé les éoliennes et les panneaux solaires, entraînant une dépendance accrue aux importations d’électricité et une envolée des coûts. Les entreprises énergivores, forcées de réduire ou d’arrêter temporairement leur production, témoignent de l’impact direct de ces fluctuations sur l’économie. Bien que les particuliers et certaines entreprises bénéficient de tarifs fixes, la situation a révélé une vulnérabilité structurelle du marché énergétique allemand.
La politique énergétique du gouvernement Scholz, déjà sous le feu des critiques, a été vivement attaquée par l’opposition. Friedrich Merz, leader conservateur, a accusé le gouvernement d’avoir mis en péril la compétitivité de l’Allemagne. En réponse, Robert Habeck, ministre de l’Économie, a pointé du doigt l’inaction des gouvernements précédents face aux défis énergétiques.
Malgré une progression significative des énergies renouvelables, qui représentent désormais 60% de la production d’électricité, l’Allemagne peine à gérer l’intermittence de ces sources. La fermeture progressive des centrales à charbon et l’arrêt des réacteurs nucléaires en avril 2023 accentuent cette difficulté. Le pays doit investir massivement dans les capacités de stockage et dans des infrastructures flexibles pour pallier les variations de production.
Les experts, comme Georg Zachmann de Bruegel, soulignent l’urgence de réformes réglementaires pour encourager les investissements nécessaires. Cependant, des obstacles bureaucratiques retardent le déploiement des énergies vertes. Claudia Kemfert de l’institut DIW critique le décalage entre les délais de construction des infrastructures vertes et celles des énergies fossiles.
La chute de la coalition d’Olaf Scholz et la perspective des élections de février 2025 ajoutent une incertitude politique à cette équation complexe. L’abandon d’un projet de loi visant à remplacer le charbon par des centrales à gaz illustre les tensions entre les objectifs environnementaux et les impératifs économiques.
Le secteur industriel, représenté par Markus Krebber de RWE, alerte sur un système énergétique poussé à bout. Les « pannes vertes » de cet hiver ont démontré que, sans une adaptation rapide et profonde, la transition énergétique allemande pourrait non seulement coûter cher, mais aussi menacer la stabilité énergétique de l’Europe.
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