Une étape majeure pour l’Europe spatiale. Une start-up allemande s’apprête à réaliser un vol test depuis la base norvégienne d’Andøya, marquant une première sur le continent.
Ce lundi, la base spatiale d’Andøya, située au-dessus du cercle polaire arctique, accueillera un événement historique. La start-up allemande Isar Aerospace procédera au premier lancement vertical d’un véhicule orbital en Europe continentale, hors Russie. Ce vol test de la fusée Spectrum, prévu entre 12h30 et 15h30, représente une avancée significative pour l’Europe, qui cherche à renforcer son indépendance spatiale.
Le mini-lanceur Spectrum, mesurant 28 mètres de haut pour deux mètres de diamètre, ne transportera pas de charge utile lors de ce vol. Bien qu’il ne soit pas prévu qu’il atteigne l’orbite, chaque seconde de vol sera cruciale pour recueillir des données et acquérir de l’expérience. Daniel Metzler, cofondateur et PDG d’Isar Aerospace, a souligné que même trente secondes de vol constitueraient un succès notable. Il a également rappelé que SpaceX, l’entreprise d’Elon Musk, avait eu besoin de quatre tentatives avant de réussir son premier lancement orbital.
Ce projet s’inscrit dans un contexte où l’Europe cherche à rattraper son retard face aux géants américains comme SpaceX et Blue Origin. Les tensions avec la Russie, qui ont privé l’Europe d’accès aux cosmodromes et lanceurs russes, ainsi que les retards du programme Ariane 6, ont accentué la nécessité de développer des solutions alternatives. Les micro et mini-lanceurs, moins coûteux et souvent développés par des acteurs privés, jouent un rôle clé dans cette stratégie. Ils permettent notamment de mettre en orbite des constellations de satellites miniaturisés, essentiels pour des applications comme l’observation de la Terre ou la couverture internet.
Isar Aerospace, fondée en 2018, a développé son lanceur Spectrum presque entièrement en interne. La société a déjà signé un contrat avec l’agence spatiale norvégienne pour la mise en orbite de deux satellites de surveillance maritime d’ici 2028. La base d’Andøya, quant à elle, se présente comme le premier port spatial opérationnel d’Europe continentale, profitant de son emplacement arctique idéal pour les lancements de satellites polaires ou héliosynchrones.
Ce lancement marque une étape importante pour l’Europe, qui cherche à garantir un accès indépendant et souverain à l’espace. Toni Tolker-Nielsen, directeur du transport spatial à l’Agence spatiale européenne (ESA), a salué cette initiative, soulignant que le secteur privé jouera un rôle croissant dans les années à venir. Avec ce vol test, l’Europe spatiale prend un nouveau virage, ouvrant la voie à une compétition accrue sur le marché des lancements orbitaux.