Économie
EDF regrette que sa réforme « indispensable » ne puisse déboucher dans l’immédiat
EDF a regretté jeudi que la réforme « indispensable » du groupe ne puisse déboucher dans l’immédiat, craignant que sa place en « première division » ne soit menacée à moyen terme face à ses concurrents.
« Nous regrettons que cette réforme qui est indispensable pour EDF ne puisse se conclure maintenant », a dit son PDG Jean-Bernard Lévy à des journalistes lors d’une conférence téléphonique.
Des sources gouvernementales ont annoncé mercredi que le projet de réforme d’EDF – baptisé « Hercule » puis « Grand EDF » – n’aboutira pas avant la fin du quinquennat d’Emmanuel Macron l’an prochain, un report mis sur le compte de désaccords persistants avec la Commission européenne. Ce dossier complexe suscitait de fortes oppositions politiques et syndicales en France.
« A ce stade, les discussions n’ont pas abouti » avec Bruxelles et « il n’est pas envisageable d’avoir un projet de loi au Parlement dans l’immédiat », a-t-on indiqué au gouvernement.
« Le gouvernement a rappelé qu’il faudra une réforme pour qu’EDF puisse jouer tout son rôle dans la transition énergétique. Nous avons partagé en permanence avec le gouvernement l’analyse de la situation et la conclusion que le gouvernement en tire », a ajouté M. Lévy, dont le groupe est détenu majoritairement par l’Etat.
« Le sujet de fond reste entier », a-t-il estimé. « Notre court terme est assuré; notre moyen et notre long terme ne l’est pas si nous voulons jouer en première division, ce qui est quand même ce qui est attendu d’EDF ».
décrochage
Le patron d’EDF avait déjà exprimé sa crainte d’un décrochage du groupe, notamment dans la transition vers les énergies vertes. Il est déjà à la traîne derrière des concurrents européens comme l’italien Enel ou l’espagnol Iberdrola, tandis que les pétroliers (BP, Shell ou TotalEnergies) investissent désormais leurs gros moyens dans le solaire ou l’éolien.
Aux yeux de l’exécutif et de la direction d’EDF, l’idée était de permettre à EDF, lourdement endetté, de pouvoir investir dans les renouvelables tout en rénovant son parc nucléaire.
Le prix de vente de l’électricité nucléaire d’EDF à ses concurrents devait notamment être relevé. Le groupe doit actuellement vendre cette électricité à un prix fixe et plutôt bon marché, dans le cadre d’un mécanisme baptisé Arenh (pour « accès régulé à l’électricité nucléaire historique »), régulièrement décrié par la direction d’EDF.
Mais cette réforme nécessite l’accord de la Commission européenne, gardienne de la concurrence en Europe. Les discussions entre Paris et Bruxelles, longues et complexes, ont été difficiles malgré des avancées.
Ce projet se serait traduit par une réorganisation en profondeur de l’entreprise, avec la création possible de trois entités, faisant craindre aux syndicats un éclatement du groupe. La CGT s’est donc félicitée d’une « belle et grande victoire ».
Du côté de la Bourse, l’action EDF perdait en revanche 2,17% à 10,60 euros jeudi matin vers 09H45, dans un marché en progression de 0,80%.
Le report d’une éventuelle réforme a quelque peu éclipsé la publication des résultats financiers d’EDF, en hausse.
Le groupe est ainsi revenu dans le vert au premier semestre, avec un bénéfice net de 4,172 milliards d’euros, contre une perte de 701 millions un an plus tôt.
Son Ebtida (excédent brut d’exploitation) est en hausse de 29,3% à 10,6 milliards, grâce à « une progression de la production nucléaire en France et un climat plus froid dans un contexte de hausse des prix de l’électricité et du gaz ».
EDF souligne que cet Ebitda grimpe aussi de 26,8 % par rapport au premier semestre 2019, qui n’avait pas été affecté par la crise Covid.
Ses objectifs financiers pour l’année avaient récemment été relevés, dans le sillage de sa prévision de production nucléaire en France.
Économie
Gaz américain et européen au plus haut depuis un an, pour des raisons différentes
Le prix du gaz naturel a atteint un sommet inédit depuis un an, avec des causes distinctes selon les continents.
Le marché du gaz naturel a connu une flambée spectaculaire, atteignant des sommets jamais vus depuis plus d’un an, tant en Europe qu’aux États-Unis. En Amérique du Nord, les fluctuations météorologiques ont été le moteur principal de cette hausse, tandis qu’en Europe, les tensions géopolitiques ont été le catalyseur.
Aux États-Unis, les prévisions météorologiques ont joué un rôle crucial dans l’envolée des prix. Selon Masanori Odaka de Rystad Energy, les prévisions de températures inférieures aux normales saisonnières dans l’Ouest des États-Unis pour la première semaine de décembre ont stimulé la demande de gaz naturel. Eli Rubin d’EBW Analytics Group a noté que cette situation marque un tournant après un automne particulièrement doux qui avait jusqu’alors maintenu la consommation à un niveau bas. La perspective d’un hiver rigoureux a incité les spéculateurs à se couvrir, entraînant une hausse des prix qui a dépassé plusieurs seuils techniques. Cependant, la production pourrait augmenter en réponse à ces prix plus attractifs, ce qui pourrait stabiliser ou même faire baisser les cours si les conditions météorologiques redeviennent clémentes.
En Europe, le contexte est différent mais tout aussi préoccupant. Le TTF néerlandais, référence pour le marché européen, a vu ses prix grimper en raison de l’arrivée de l’hiver, mais surtout à cause des tensions géopolitiques. Gazprom, le géant gazier russe, a interrompu ses livraisons à l’Autriche, exacerbant les inquiétudes sur l’approvisionnement. De plus, un regain de tension militaire entre la Russie et l’Occident, illustré par l’utilisation de missiles balistiques, a contribué à cette hausse des prix. Ces événements rappellent la fragilité des marchés énergétiques face aux aléas géopolitiques.
Sur le marché du pétrole, les prix du Brent et du WTI ont également augmenté, reflétant une certaine solidarité avec le gaz naturel, bien que les dynamiques de marché soient distinctes. Le Brent a terminé à 74,23 dollars le baril, tandis que le WTI a atteint 70,10 dollars, soulignant une tendance haussière générale dans le secteur énergétique.
Économie
Ryanair menace d’arrêter de desservir dix aéroports régionaux français
En réponse à une hausse de la taxation aérienne, Ryanair envisage de réduire sa présence dans les régions françaises dès janvier 2025.
Face à la perspective d’une augmentation significative de la taxation du secteur aérien inscrite dans le budget 2025, la compagnie aérienne low-cost Ryanair a publiquement menacé de cesser ses opérations dans dix aéroports régionaux français. Cette décision, si elle est mise à exécution, pourrait avoir des répercussions importantes sur la connectivité aérienne des régions françaises, déjà fragilisées par des défis économiques et concurrentiels.
Le gouvernement, dans une tentative de combler un déficit budgétaire plus élevé que prévu, propose un triplement de la taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA) et une augmentation de la taxation des passagers de jets privés, visant à collecter un milliard d’euros supplémentaires. Cette mesure, bien que destinée à renforcer les finances publiques, pourrait entraîner une réduction drastique des services aériens dans les régions, selon Jason McGuinness, directeur commercial de Ryanair. Il a souligné que cette augmentation des taxes rendrait de nombreuses routes non viables économiquement, affectant particulièrement les zones rurales et moins desservies.
Ryanair, qui dessert actuellement 22 aéroports en France, dont deux près de Paris, envisage de réduire sa capacité de 50% dans les aéroports régionaux si le projet de taxation se concrétise. Cette menace n’est pas isolée; le PDG de Ryanair, Michael O’Leary, avait déjà indiqué des réductions de capacités en France et en Allemagne en réponse à des politiques fiscales similaires.
La compagnie aérienne, déjà confrontée à des défis opérationnels tels que des retards de livraison d’appareils et une demande en baisse, considère que l’augmentation de la TSBA représente un « problème fondamental pour la connectivité des régions françaises ». McGuinness a souligné l’intense concurrence entre les aéroports européens pour attirer des lignes aériennes, indiquant que Ryanair orienterait ses ressources vers les régions et pays offrant des conditions fiscales plus favorables.
Les impacts potentiels de cette réduction de service ne sont pas seulement économiques pour les régions concernées, mais également culturels et sociaux, en isolant davantage des territoires déjà en marge. La Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers (Fnam) a également mis en garde contre une baisse du trafic aérien pouvant atteindre 2% sur l’ensemble du territoire, avec des conséquences encore plus marquées pour les aéroports accueillant des compagnies à bas coûts.
Économie
Après Michelin, ArcelorMittal envisage la fermeture de deux sites en France
Après Michelin, le géant ArcelorMittal annonce la possible cessation d’activité de ses centres de Reims et Denain, menaçant 130 emplois.
La sidérurgie française fait face à un nouveau coup dur avec l’annonce d’ArcelorMittal, deuxième sidérurgiste mondial, qui envisage la fermeture de deux de ses sites en France. Cette décision, motivée par une baisse significative de la demande dans les secteurs de l’industrie et de l’automobile, pourrait entraîner la suppression de 130 emplois, principalement à Reims et à Denain.
Le 19 novembre 2024, lors d’une réunion avec le Comité Social et Économique (CSE), ArcelorMittal Centres de Services a présenté un projet de réorganisation et d’adaptation de ses capacités de production. Cette réorganisation inclut potentiellement la cessation d’activité des sites de Reims et de Denain. La direction a expliqué que cette mesure était rendue nécessaire par une « forte baisse d’activité chez ses clients de l’industrie et de l’automobile », soulignant que cette situation s’était aggravée ces derniers mois.
Les répercussions sociales de cette annonce sont immédiates et profondes. Environ 100 emplois seraient menacés à Reims et 30 à Denain. David Blaise, délégué syndical central CGT, et Xavier Le Coq, coordinateur CFE-CGC, ont exprimé leur inquiétude face à cette situation, pointant du doigt une gestion de crise qui, selon eux, ne prévoit pas suffisamment de solutions alternatives. Blaise critique notamment l’absence d’anticipation de la part de la direction, déplorant que « rien n’a été anticipé » pour faire face à la crise de l’automobile.
ArcelorMittal prévoit des négociations avec les syndicats pour discuter des mesures sociales visant à atténuer l’impact sur l’emploi. Cependant, les réactions sont vives : le site de Denain s’est mis en grève immédiatement, et des actions sont prévues sur l’ensemble des sites d’ArcelorMittal en France pour les prochains jours. Ces mouvements de protestation reflètent une frustration croissante parmi les salariés, encore marqués par la fermeture des hauts fourneaux de Florange en 2012.
Le contexte économique actuel, marqué par une réduction des ventes dans l’automobile, a déjà conduit Michelin à annoncer la fermeture de ses usines de Vannes et Cholet, affectant 1.254 emplois. Le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, a reconnu que d’autres annonces de fermetures pourraient suivre, soulignant néanmoins la nécessité de soutenir les secteurs industriels en croissance.
Cette situation illustre une crise plus large au sein de l’industrie manufacturière européenne, particulièrement dans l’automobile où 32.000 suppressions de postes ont été annoncées au premier semestre chez les équipementiers. La question de la diversification et de l’adaptation des entreprises à un marché en mutation est désormais plus que jamais d’actualité.
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