Monde
De Trump à Biden, tensions, divisions et changement de ton
Une campagne d’une agressivité inouïe, la défaite et les ruades de Donald Trump: 2020 fut pour l’Amérique une année de fractures et de divisions. Mais aussi, avec Joe Biden, celle de l’annonce d’un profond changement de style.
« Gagner, gagner, gagner »: le tempétueux républicain a scandé pendant des mois ces mots dans un pays fragilisé par la secousse du Covid. Après la défaite, il a rejeté le verdict des urnes, s’est arc-bouté, jusqu’à la caricature.
Au point que l’arrivée prochaine de « Joe » à la Maison Blanche se présente d’abord, pour l’Amérique et le monde, et quelles que soient les divergences politiques, comme une promesse de calme.
Une promesse résumée par un dessin de Robert Leighton publié dans le New Yorker où l’on voit un père lire une histoire à sa fille à la nuit tombée. Tout est dit à la dernière phrase du livre: « Et à partir de ce jour, il ne fut plus question seulement de Donald J. Trump ».
Sur le fond, comme sur la forme, dans ses nominations comme dans l’affichage de ses priorités, Joe Biden, qui deviendra le 20 janvier le 46e président de l’histoire, s’est efforcé depuis sa victoire de marquer le contraste avec le 45e.
Les Etats-Unis ont vécu 12 mois au rythme de l’élection du 3 novembre. Mais un autre épisode, inédit dans l’histoire politique moderne, restera aussi dans les livres d’histoire: celui du refus de la défaite d’un président sortant.
« ELECTION LA PLUS CORROMPUE DE L’HISTOIRE! »: à coups de tweets, de majuscules et de points d’exclamation, mais sans preuves ni éléments crédibles, Donald Trump a pratiqué la politique de la terre brûlée.
Il a piétiné toute les règles non écrites qui contribuent au bon fonctionnement de la machine politique américaine: le salut élégant au vainqueur, la passation de pouvoir bien ordonnée, les mots rassembleurs.
Il a, à dessein, braqué encore plus une partie du pays – minoritaire mais d’une fidélité inébranlable – contre l’autre.
Les scénarios les plus apocalyptiques se sont cependant révélés erronés. Face à ces coups de boutoir, cette avalanche de recours ubuesques, ces sombres théories du complot mises en avant par le président et son entourage, les institutions ont montré leur robustesse, la démocratie sa vivacité.
« Nous savons désormais que rien – ni même une pandémie ou un abus de pouvoir – ne peut éteindre la flamme » de la démocratie, a jugé Joe Biden.
« Virus chinois »
Reste une question lancinante: Donald Trump l’aurait-il emporté en 2020 si le nouveau coronavirus n’avait pas frappé la première puissance mondiale?
Les historiens spéculeront sans fin. L’ancien homme d’affaires, lui, en est persuadé.
S’il n’a pas obtenu « quatre années incroyables de plus à la Maison Blanche » comme il le prédisait, c’est à cause du « virus chinois ».
A bord d’Air Force One, fin février, au premier jour sa visite en Inde, il avait dit au petit groupe de journalistes l’accompagnant combien, à 36 semaines de l’élection présidentielle, la voie lui semblait dégagée.
L’économie était au beau fixe, le procédure de destitution le visant appartenait à l’Histoire, le camp démocrate peinait à trancher entre Bernie Sanders et Joe Biden.
Quelques semaines plus tard, le virus changeait profondément la donne.
Tous les dirigeants de la planète ont tâtonné et trébuché face à cette pandémie qui a fait plus de 1,6 million de morts.
Mais le refus de Donald Trump de reconnaître la gravité de la crise, et son obstination à minimiser son impact l’ont placé dans une situation à part.
Le lundi 14 décembre fut une date singulière pour la première puissance mondiale, marquée par deux événements: le début d’une campagne de vaccination massive porteuse d’immenses espoirs. Et le franchissement du cap – terrible – des 300.000 morts.
Donald Trump a célébré le premier d’un tweet (« Congratulations USA! Congratulations WORLD! »). Il n’a jamais évoqué le second.
« Simplement moins épuisant »
Dans ses emportements, contre les journalistes, ses détracteurs ou ses rivaux, Donald Trump aimait, avec une formule provocatrice qui est sa marque de fabrique, rappeler inlassablement sa victoire de 2016.
« Nous sommes dans le Bureau ovale. Et vous savez quoi? J’y suis, pas vous! ».
A partir du 20 janvier, il ne pourra plus prononcer cette phrase. Joe Biden aura pris sa place.
La société américaine, qui restera à n’en pas douter profondément divisée quels que soient les appels à l’apaisement et à la réconciliation de son prochain président, se prépare néanmoins à vivre sur autre tempo, résumé par Barack Obama.
« Avec Joe (Biden) et Kamala (Harris), vous n’aurez pas à vous soucier des trucs fous qu’ils pourraient dire chaque jour. Ce sera tout simplement moins épuisant. »
Europe
Quand l’Allemagne paie au prix fort son virage énergétique
L’Allemagne, pionnière dans la transition énergétique, doit maintenant faire face à des coûts élevés et à des défis structurels qui mettent à l’épreuve sa compétitivité et sa stabilité énergétique.
La transition énergétique allemande, autrefois saluée comme un modèle de développement durable, se heurte aujourd’hui à des obstacles majeurs. Deux épisodes récents de « pannes vertes », où le prix de l’électricité a atteint des sommets vertigineux, ont mis en lumière les failles du système. En novembre et décembre, le prix de l’électricité a frôlé les 1000 euros par mégawattheure, une situation inédite qui a ébranlé non seulement l’Allemagne mais aussi ses voisins européens.
L’absence de vent et de soleil, éléments cruciaux pour la production d’énergie renouvelable, a paralysé les éoliennes et les panneaux solaires, entraînant une dépendance accrue aux importations d’électricité et une envolée des coûts. Les entreprises énergivores, forcées de réduire ou d’arrêter temporairement leur production, témoignent de l’impact direct de ces fluctuations sur l’économie. Bien que les particuliers et certaines entreprises bénéficient de tarifs fixes, la situation a révélé une vulnérabilité structurelle du marché énergétique allemand.
La politique énergétique du gouvernement Scholz, déjà sous le feu des critiques, a été vivement attaquée par l’opposition. Friedrich Merz, leader conservateur, a accusé le gouvernement d’avoir mis en péril la compétitivité de l’Allemagne. En réponse, Robert Habeck, ministre de l’Économie, a pointé du doigt l’inaction des gouvernements précédents face aux défis énergétiques.
Malgré une progression significative des énergies renouvelables, qui représentent désormais 60% de la production d’électricité, l’Allemagne peine à gérer l’intermittence de ces sources. La fermeture progressive des centrales à charbon et l’arrêt des réacteurs nucléaires en avril 2023 accentuent cette difficulté. Le pays doit investir massivement dans les capacités de stockage et dans des infrastructures flexibles pour pallier les variations de production.
Les experts, comme Georg Zachmann de Bruegel, soulignent l’urgence de réformes réglementaires pour encourager les investissements nécessaires. Cependant, des obstacles bureaucratiques retardent le déploiement des énergies vertes. Claudia Kemfert de l’institut DIW critique le décalage entre les délais de construction des infrastructures vertes et celles des énergies fossiles.
La chute de la coalition d’Olaf Scholz et la perspective des élections de février 2025 ajoutent une incertitude politique à cette équation complexe. L’abandon d’un projet de loi visant à remplacer le charbon par des centrales à gaz illustre les tensions entre les objectifs environnementaux et les impératifs économiques.
Le secteur industriel, représenté par Markus Krebber de RWE, alerte sur un système énergétique poussé à bout. Les « pannes vertes » de cet hiver ont démontré que, sans une adaptation rapide et profonde, la transition énergétique allemande pourrait non seulement coûter cher, mais aussi menacer la stabilité énergétique de l’Europe.
Monde
Italie: une spéléologue blessée sauvée après 4 jours dans une grotte
Une opération de sauvetage sans précédent a permis de sauver une spéléologue italienne blessée, piégée dans une cavité souterraine pendant quatre jours.
La région de Bergame, au nord de l’Italie, a été le théâtre d’une mission de sauvetage qui restera dans les annales du secours spéléologique. Ottavia Piana, une spéléologue de 32 ans, a été victime d’une chute dans la grotte de Bueno Fonteno, se blessant gravement. L’incident, survenu samedi soir, a déclenché une mobilisation massive des services de secours italiens.
Les efforts pour atteindre et extraire Ottavia de cette situation périlleuse ont impliqué 159 techniciens du Corps national italien de secours alpin et spéléologique (CNSAS), venus de 13 régions du pays. Leur détermination a été récompensée dans la nuit de mardi à mercredi, lorsque, après quatre jours d’interventions continues, ils ont réussi à sortir la spéléologue de l’antre souterrain à 02H59, heure locale.
L’opération s’est révélée particulièrement complexe en raison de l’étroitesse de certains passages de la grotte, nécessitant l’utilisation de microcharges explosives pour élargir ces obstacles et permettre le passage d’un brancard. Ce défi technique a été relevé avec une précision chirurgicale, illustrant le professionnalisme et le dévouement des équipes de secours.
Ottavia Piana, souffrant de multiples fractures, a été immédiatement transférée par hélicoptère vers un hôpital de Bergame pour recevoir les soins nécessaires. Sa condition physique, bien que grave, n’a pas entamé son moral, soutenu par les messages de ses amis que les secouristes lui montraient sur leur téléphone, un geste qui a contribué à maintenir son esprit combatif.
Cette opération de sauvetage n’est pas la première pour Ottavia, qui, il y a environ un an et demi, avait déjà subi une chute dans la même grotte, se fracturant alors une jambe. Le destin a voulu que le même médecin, Leonardo Sattin, soit présent pour la secourir à nouveau, une coïncidence qui a sans doute apporté un réconfort supplémentaire à la spéléologue.
Le ministre des Affaires régionales, Roberto Calderoli, a salué le courage et l’engagement des secouristes et des volontaires, soulignant l’importance de leur travail dans de telles situations extrêmes. Cette histoire de survie et de solidarité humaine résonne comme un hommage à ceux qui risquent leur vie pour en sauver d’autres, rappelant à tous l’importance de la préparation et de la coopération dans les sports extrêmes comme la spéléologie.
Monde
L’ONU prévient que le conflit n’est pas « terminé » en Syrie, les nouvelles autorités cherchent à rassurer
L’ONU prévient que le conflit n’est pas terminé en Syrie, tandis que les nouvelles autorités cherchent à rassurer la population.
L’Organisation des Nations Unies a récemment mis en garde contre une fausse perception de la paix en Syrie, soulignant que les hostilités se poursuivent malgré les efforts des nouveaux dirigeants pour apaiser les tensions et restaurer la stabilité.
Les combats dans le nord du pays entre les forces kurdes et des groupes soutenus par la Turquie continuent d’alimenter l’instabilité, notamment après la chute du régime de Bachar al-Assad. Ces affrontements, qui se sont intensifiés suite à l’offensive rebelle ayant renversé le régime le 8 décembre, mettent en lumière la fragilité de la situation. Les États-Unis ont prolongé un cessez-le-feu temporaire entre ces factions, signe de leur implication dans la recherche d’une solution pacifique.
Les nouvelles autorités, dominées par des islamistes radicaux, promettent une pacification et une réunification du pays. Cependant, le chef militaire du groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS), Mourhaf Abou Qasra, annonce la dissolution des factions armées pour les intégrer dans une structure militaire unifiée. Cette démarche est perçue comme une tentative de consolider leur pouvoir et de présenter une image plus modérée, en appelant à la levée des sanctions internationales.
Sur le plan diplomatique, plusieurs nations ont rétabli des contacts avec le nouveau pouvoir syrien. La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont envoyé des émissaires à Damas, tandis que les États-Unis ont établi un dialogue direct avec HTS. Ces actions montrent une volonté de s’engager avec le nouveau régime, malgré les réserves et la méfiance persistantes.
Israël, de son côté, reste sur ses gardes. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a récemment tenu une réunion sécuritaire au mont Hermon, illustrant les inquiétudes israéliennes face à un voisin syrien en pleine mutation. Les frappes israéliennes sur des sites militaires syriens soulignent la défiance envers les nouvelles autorités, accusées de masquer leurs intentions derrière un discours de paix.
Sur le terrain, les Syriens tentent de reconstruire leur vie. Dans les souks de Damas, les commerçants effacent les traces du régime précédent et les prix des denrées de première nécessité baissent, signe d’un retour à la normalité. Toutefois, l’ONU et les organisations humanitaires mettent en garde contre un retour massif des réfugiés, soulignant que le pays manque encore cruellement de services de base et de stabilité politique.
L’avenir de la Syrie reste incertain. Les nouvelles autorités, tout en cherchant à rassurer, doivent prouver leur capacité à gouverner de manière inclusive et à garantir la sécurité de toutes les communautés du pays, dans un contexte où les minorités craignent pour leur avenir. Le chemin vers une paix durable et une véritable reconstruction est encore long, et la communauté internationale observe de près les développements dans ce pays déchiré par plus d’une décennie de guerre.
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