France
Aux assises de Chambéry, Nordahl Lelandais dément encore avoir voulu tuer Arthur Noyer
« Je n’ai jamais voulu lui donner la mort ». Au premier jour de son procès pour le meurtre du caporal Arthur Noyer devant la cour d’assises de Chambéry, Nordahl Lelandais a réfuté toute volonté de tuer, comme dans l’affaire de la petite Maëlys.
« Oui j’ai donné la mort à Arthur Noyer, mais je n’ai jamais voulu lui donner la mort », a-t-il brièvement affirmé au président de la cour d’assises qui résumait l’enquête sur la mort du jeune militaire.
L’ancien maître-chien de 38 ans, cheveux courts, barbe fine poivre et sel et chemise bleu pâle, maintient la ligne de défense qu’il avait adoptée le 29 mars 2018. Après des mois de dénégations, il avait reconnu devant les juges avoir « été très violent », et s’en était depuis tenu au récit d’une bagarre qui avait mal tourné.
Face à lui en salle d’audience, les parents du caporal Noyer tenaient à leurs pieds un grand portrait de la victime, âgée de 23 ans lors de sa mort en 2017.
« Tu avais un droit Arthur, un droit essentiel: celui de vivre », a glissé Bernard Boulloud, l’avocat de la famille, à ce portrait. Se tournant vers l’accusé, il a ajouté: « Il avait le droit de vivre, Monsieur Lelandais ». Dans le box, l’accusé acquiesce d’un signe de tête.
A l’ouverture des débats, son avocat Alain Jakubowicz a demandé l’annulation d’une expertise psychiatrique, dont l’auteur avait participé à une émission de télévision avant le procès.
Après des échanges parfois tendus entre l’avocat général et l’avocat, la cour a accédé à la requête et prononcé la nullité de l’expertise. Son auteur ne sera donc pas entendu la semaine prochaine.
Me Boulloud s’est dit « indifférent » à cette décision, estimant que la personnalité de l’accusé, « c’est lui qui nous la dévoilera tout seul, sans besoin d’expertise. »
Nordahl Lelandais a semblé tendu sous son masque lors de ces premières heures du procès, pendant lesquelles le président, François-Xavier Manteaux, lui a garanti qu’il serait « jugé comme tous les accusés, avec les mêmes droits ».
L’après-midi doit être consacré à l’examen de son parcours de vie.
« Jugé comme tous les accusés »
L’enquête sur la disparition d’Arthur Noyer avait patiné pendant plusieurs mois avant que les enquêteurs ne fassent le lien avec l’affaire de la disparition de Maëlys De Araujo, à l’automne 2017. Les deux affaires ont été instruites séparément, et le procès pour la mort de la fillette de huit ans pourrait avoir lieu en 2022.
Né le 18 février 1983 à Boulogne-Billancourt, près de Paris, Nordahl Lelandais arrive à sept ans en Savoie. A 18 ans, il s’engage dans l’armée comme maître-chien, puis la quittera comme caporal en 2005 pour infirmité, sans avoir convaincu ses supérieurs.
Il revient alors chez ses parents, à Domessin, et enchaîne les petits boulots. Décrit par sa famille comme serviable, les femmes avec qui il a eu des relations un peu durables pointent un homme tantôt très tendre, tantôt menteur et manipulateur, ont résumé les juges d’instruction.
Une expertise psychologique versée à l’instruction a relevé des « carences affectives » et une « surenchère des excitations » par l’alcool, les drogues ou le sexe.
Pas de demande d’acquittement
Mardi, l’accusé sera interrogé sur les faits qui ont vu, dans la nuit du 11 au 12 avril 2017, cet homme prendre en stop le chasseur alpin Arthur Noyer, qui vient de passer la soirée en discothèque.
Nordahl Lelandais, qui vient de se faire éconduire par une partenaire sexuelle occasionnelle, a multiplié dans les heures précédentes les allers-retours dans le centre-ville. Pour les juges d’instruction, il était probablement en recherche d’une aventure charnelle.
Lors d’une halte sur un parking de la banlieue de Chambéry, les deux hommes en viennent aux mains pour un motif encore flou.
A l’issue de la bagarre, a-t-il raconté aux enquêteurs, le caporal Noyer est inanimé, Nordahl Lelandais glisse son corps dans le coffre de son Audi grise, puis le dépose sur le bas-côté d’une petite route de montagne à une vingtaine de kilomètres.
Les juges d’instruction l’ont renvoyé pour homicide volontaire. Mais ils ont exclu, faute de preuve, une préméditation retenue préalablement lors de sa mise en examen pour assassinat.
Alain Jakubowicz, dans sa première prise de parole devant la cour, a précisé qu’il ne comptait pas demander l’acquittement de son client, qui encourt trente ans de réclusion criminelle.
Le verdict est attendu autour du 12 mai.
Économie
Ryanair menace d’arrêter de desservir dix aéroports régionaux français
En réponse à une hausse de la taxation aérienne, Ryanair envisage de réduire sa présence dans les régions françaises dès janvier 2025.
Face à la perspective d’une augmentation significative de la taxation du secteur aérien inscrite dans le budget 2025, la compagnie aérienne low-cost Ryanair a publiquement menacé de cesser ses opérations dans dix aéroports régionaux français. Cette décision, si elle est mise à exécution, pourrait avoir des répercussions importantes sur la connectivité aérienne des régions françaises, déjà fragilisées par des défis économiques et concurrentiels.
Le gouvernement, dans une tentative de combler un déficit budgétaire plus élevé que prévu, propose un triplement de la taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA) et une augmentation de la taxation des passagers de jets privés, visant à collecter un milliard d’euros supplémentaires. Cette mesure, bien que destinée à renforcer les finances publiques, pourrait entraîner une réduction drastique des services aériens dans les régions, selon Jason McGuinness, directeur commercial de Ryanair. Il a souligné que cette augmentation des taxes rendrait de nombreuses routes non viables économiquement, affectant particulièrement les zones rurales et moins desservies.
Ryanair, qui dessert actuellement 22 aéroports en France, dont deux près de Paris, envisage de réduire sa capacité de 50% dans les aéroports régionaux si le projet de taxation se concrétise. Cette menace n’est pas isolée; le PDG de Ryanair, Michael O’Leary, avait déjà indiqué des réductions de capacités en France et en Allemagne en réponse à des politiques fiscales similaires.
La compagnie aérienne, déjà confrontée à des défis opérationnels tels que des retards de livraison d’appareils et une demande en baisse, considère que l’augmentation de la TSBA représente un « problème fondamental pour la connectivité des régions françaises ». McGuinness a souligné l’intense concurrence entre les aéroports européens pour attirer des lignes aériennes, indiquant que Ryanair orienterait ses ressources vers les régions et pays offrant des conditions fiscales plus favorables.
Les impacts potentiels de cette réduction de service ne sont pas seulement économiques pour les régions concernées, mais également culturels et sociaux, en isolant davantage des territoires déjà en marge. La Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers (Fnam) a également mis en garde contre une baisse du trafic aérien pouvant atteindre 2% sur l’ensemble du territoire, avec des conséquences encore plus marquées pour les aéroports accueillant des compagnies à bas coûts.
France
Procès de Pierre Palmade : l’humoriste condamné à cinq de prison, dont deux ferme
L’humoriste Pierre Palmade a été condamné à cinq ans de prison, dont deux ans ferme, pour avoir provoqué un grave accident de la route sous l’emprise de stupéfiants.
Le 20 novembre, le tribunal de justice de Melun a rendu son verdict dans l’affaire impliquant Pierre Palmade, condamnant l’humoriste à cinq ans de prison, dont deux ans ferme, pour « blessures involontaires aggravées ». L’accident, survenu le 10 février 2023, a eu des conséquences dramatiques pour trois membres d’une même famille, dont une femme enceinte qui a dû subir une césarienne en urgence, et dont l’enfant est décédé après une tentative de réanimation.
Lors du jugement, le parquet avait requis une peine de cinq ans de prison, dont deux ans ferme, peine qui a été suivie par le tribunal. Palmade, bien que condamné, a été laissé en liberté, un mandat de dépôt différé ayant été prononcé. Le président du tribunal a précisé que l’humoriste serait convoqué par le procureur de Bordeaux pour déterminer la date et l’établissement où il purgera sa peine.
Pierre Palmade, face à la gravité de ses actes, a exprimé son profond regret.
L’avocat des parties civiles, Me Mourad Battikh, a souligné que si la justice avait été rendue, la peine ne pouvait pas compenser la douleur des victimes. Palmade, de son côté, a directement adressé ses excuses aux victimes, exprimant une douleur personnelle en voyant « en vrai » les conséquences de son acte. Il a déclaré être « terrassé » par la réalité de la situation et a demandé pardon de tout son être.
Cet accident, provoqué sous l’emprise de cocaïne et de 3MMC, a non seulement marqué la vie des victimes, mais aussi mis en lumière les dangers de la consommation de stupéfiants au volant. Palmade, âgé de 56 ans, a reconnu sa responsabilité dans ce drame, marquant ainsi un tournant dans sa carrière et sa vie personnelle.
Économie
Après Michelin, ArcelorMittal envisage la fermeture de deux sites en France
Après Michelin, le géant ArcelorMittal annonce la possible cessation d’activité de ses centres de Reims et Denain, menaçant 130 emplois.
La sidérurgie française fait face à un nouveau coup dur avec l’annonce d’ArcelorMittal, deuxième sidérurgiste mondial, qui envisage la fermeture de deux de ses sites en France. Cette décision, motivée par une baisse significative de la demande dans les secteurs de l’industrie et de l’automobile, pourrait entraîner la suppression de 130 emplois, principalement à Reims et à Denain.
Le 19 novembre 2024, lors d’une réunion avec le Comité Social et Économique (CSE), ArcelorMittal Centres de Services a présenté un projet de réorganisation et d’adaptation de ses capacités de production. Cette réorganisation inclut potentiellement la cessation d’activité des sites de Reims et de Denain. La direction a expliqué que cette mesure était rendue nécessaire par une « forte baisse d’activité chez ses clients de l’industrie et de l’automobile », soulignant que cette situation s’était aggravée ces derniers mois.
Les répercussions sociales de cette annonce sont immédiates et profondes. Environ 100 emplois seraient menacés à Reims et 30 à Denain. David Blaise, délégué syndical central CGT, et Xavier Le Coq, coordinateur CFE-CGC, ont exprimé leur inquiétude face à cette situation, pointant du doigt une gestion de crise qui, selon eux, ne prévoit pas suffisamment de solutions alternatives. Blaise critique notamment l’absence d’anticipation de la part de la direction, déplorant que « rien n’a été anticipé » pour faire face à la crise de l’automobile.
ArcelorMittal prévoit des négociations avec les syndicats pour discuter des mesures sociales visant à atténuer l’impact sur l’emploi. Cependant, les réactions sont vives : le site de Denain s’est mis en grève immédiatement, et des actions sont prévues sur l’ensemble des sites d’ArcelorMittal en France pour les prochains jours. Ces mouvements de protestation reflètent une frustration croissante parmi les salariés, encore marqués par la fermeture des hauts fourneaux de Florange en 2012.
Le contexte économique actuel, marqué par une réduction des ventes dans l’automobile, a déjà conduit Michelin à annoncer la fermeture de ses usines de Vannes et Cholet, affectant 1.254 emplois. Le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, a reconnu que d’autres annonces de fermetures pourraient suivre, soulignant néanmoins la nécessité de soutenir les secteurs industriels en croissance.
Cette situation illustre une crise plus large au sein de l’industrie manufacturière européenne, particulièrement dans l’automobile où 32.000 suppressions de postes ont été annoncées au premier semestre chez les équipementiers. La question de la diversification et de l’adaptation des entreprises à un marché en mutation est désormais plus que jamais d’actualité.
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