TotalEnergies dans la tourmente : une enquête pour homicide involontaire après l’attaque jihadiste au Mozambique
_Le géant français des hydrocarbures est visé par une information judiciaire pour homicide involontaire et non-assistance à personne en danger, suite à l’attaque jihadiste de 2021 dans la province de Cabo Delgado. Les plaignants accusent l’entreprise de négligences dans la sécurisation de son projet gazier._
Une information judiciaire a été ouverte le 15 mars 2025 contre TotalEnergies pour homicide involontaire et non-assistance à personne en danger, à la suite de l’attaque jihadiste survenue en mars 2021 à Palma, au Mozambique. Cette enquête, révélée par Franceinfo, fait suite à une plainte déposée à l’automne 2023 par des survivants et des familles de victimes. Ces derniers reprochent à l’entreprise de ne pas avoir assuré la sécurité de ses sous-traitants et du personnel local dans le cadre de son mégaprojet gazier Mozambique LNG.
L’attaque, perpétrée par des groupes jihadistes, avait duré plusieurs jours et provoqué la fuite de près de 30.000 personnes. Si les autorités mozambicaines ont officiellement recensé une trentaine de victimes, un journaliste indépendant, Alexander Perry, estime le bilan à 1.402 civils décédés ou disparus, dont 55 sous-traitants. Certains d’entre eux s’étaient réfugiés dans un hôtel, rapidement assiégé par les assaillants.
Les avocats des plaignants, Vincent Brengarth et Henri Thulliez, ont salué l’ouverture de cette enquête, la qualifiant d' »étape décisive » pour les victimes. Ils dénoncent une priorité donnée aux intérêts économiques au détriment des vies humaines. De son côté, TotalEnergies a réaffirmé son engagement à coopérer avec la justice tout en rejetant fermement les accusations. Le groupe met en avant les efforts déployés pour évacuer plus de 2.500 personnes du site d’Afungi, où se trouve le chantier du projet.
Parallèlement, TotalEnergies continue de faire face à des critiques concernant ses activités énergétiques. Malgré une diversification vers les énergies renouvelables, deux tiers de ses investissements restent consacrés aux énergies fossiles, ce qui lui vaut des accusations de « bombe climatique » de la part d’ONG environnementales. Le projet Mozambique LNG, dont la production est désormais prévue pour 2029 ou 2030, a récemment obtenu un prêt de 4,7 milliards de dollars de l’agence américaine de crédit à l’exportation, suscitant l’indignation des défenseurs de l’environnement.
Cette affaire s’ajoute à une série de procédures judiciaires visant TotalEnergies, notamment pour son implication dans des projets controversés en Ouganda, en Tanzanie et au Yémen. Malgré plusieurs classements sans suite, le groupe reste sous pression pour répondre aux attentes en matière de responsabilité sociale et environnementale.
L’enquête ouverte à Paris marque un tournant dans la quête de justice des victimes de l’attaque de Palma, tout en soulignant les défis auxquels sont confrontées les multinationales dans des zones à haut risque.