Politique
Présidentielle 2022 : coup d’envoi en vue pour Macron
L’entrée en lice imminente d’Emmanuel Macron pourrait, selon les sondeurs, donner de la clarté à une campagne encore « confuse » pour de nombreux électeurs à six semaines du premier tour.
La date exacte de l’annonce de la candidature du président sortant n’est pas encore connue, mais l’AFP a obtenu mercredi auprès de trois sources LREM celle de son premier meeting: ce sera, sauf changement, samedi 5 mars à Marseille, au Parc Chanot.
Une source gouvernementale évoque « trois gros meetings » de campagne pour Emmanuel Macron, « dont Marseille et un autre dans l’ouest de la France ».
Interrogé à la sortie du Conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a esquivé en soulignant qu' »il n’y a pas de mystère sur le fait que des formations politiques, y compris de la majorité, anticipent la candidature » du président, tout en appelant à se « méfier des bruits qui circulent ».
En pleine crise entre l’Ukraine et la Russie, le chef de l’Etat a repoussé la question de sa candidature au plus près de la date limite fixée par le Conseil constitutionnel le 4 mars, même s’il dispose déjà des parrainages nécessaires pour se lancer formellement dans la course.
« L’entrée en lice d’Emmanuel Macron peut changer les choses et faire que la campagne s’ouvre vraiment », a affirmé à l’AFP Bernard Sananès, le président de l’institut Elabe. Il rappelle que « les intentions des Français d’aller voter sont toujours de 4 à 5 points inférieures à celles de 2017 » à la même période, une tendance qui laisse craindre une forte abstention en avril.
Brice Teinturier, le directeur général délégué d’Ipsos, note de son côté « une espèce de difficulté pour les Français à entrer dans cette campagne ».
Il a pointé sur France Inter un « manque de clarté » dû notamment à l’absence d’Emmanuel Macron, mais aussi à « l’affaiblissement du clivage gauche-droite, qui permettait d’ordonner, de créer des repères ».
Pécresse recule encore
Un ministre croit savoir qu’Emmanuel Macron, déjà identifié comme « un réformateur économique », pourrait investir dans son futur programme des domaines tels que l’éducation, la culture, la jeunesse, la cohésion sociale et le climat.
Selon cette source, « l’idée est d’avoir quelques objets de rupture forts, quelques marqueurs ».
Dans l’attente de M. Macron, deux sondages Elabe et Harris Interactive publiés mercredi confirment les dynamiques observées ces dernières semaines.
Le chef de l’Etat sortant est donné en tête avec 24 à 24,5% des intentions de vote, comme dans toutes les enquêtes d’opinion.
Dans la lutte pour la seconde place, synonyme d’accès au second tour, Marine Le Pen reste devant ses poursuivants avec 17 à 18% d’intentions de vote, tandis qu’Eric Zemmour oscille entre 13,5% à 15,5% et Valérie Pécresse continue de reculer à 11,5% à 13,5%. La candidate LR est talonnée par Jean-Luc Mélenchon (11-12%).
« On a le sentiment que l’électorat populaire, mais aussi celui qui est le plus loin de la politique, rentre progressivement dans la campagne, ce qui peut profiter à Marine Le Pen ou, à l’autre bout de l’échiquier, à Jean-Luc Mélenchon », souligne Bernard Sananès.
Pour la candidate LR Valérie Pécresse, au contraire, « le doute s’est installé dans l’électorat de droite », observe-t-il, avec « une érosion continue qui s’est accélérée ».
Sur BFMTV, le ministre des Finances Bruno Le Maire, issu lui-même de la droite, a attribué les difficultés de Mme Pécresse à « la poursuite de la lente décomposition de l’espace politique des Républicains, qui n’existe pas ».
A gauche, Jean-Luc Mélenchon bénéficie d’une « dynamique légère, mais continue », observe M. Sananès: « Si ça continue, cela pourrait peut-être déclencher un phénomène de vote utile comme en 2017 ».
Pendant ce temps, la crise russo-ukrainienne a continué à bousculer la campagne, Valérie Pécresse appelant à dire « stop » à Vladimir Poutine en lui infligeant des « sanctions vraiment puissantes », à l’issue d’une rencontre avec l’ambassadeur ukrainien à Paris Oleg Shamshur.
A l’extrême droite, le président du RN Jordan Bardella a prévenu sur Europe 1 qu’Emmanuel Macron devra « assumer une explosion des factures de gaz » des Français si la Russie prend des mesures de « rétorsion » aux sanctions européennes.
S’exprimant devant le Conseil économique social et environnemental (Cese), l’écologiste Yannick Jadot a plaidé, s’il est élu, pour lui donner « un droit de veto » sur les questions liées à l’état de droit ou l’environnement. Le communiste Fabien Roussel a lui souhaité que « les avis du Cese soient intégrés à l’élaboration de la loi ».
Économie
Climat, guerres, Trump: le G20 sous pression en sommet à Rio
Le sommet du G20 à Rio de Janeiro se tient sous haute tension, avec des enjeux climatiques et géopolitiques majeurs, et l’influence croissante de Donald Trump.
Le sommet du G20, qui réunit les dirigeants des économies les plus influentes du monde, a débuté à Rio de Janeiro dans un contexte marqué par des défis climatiques pressants et des tensions géopolitiques exacerbées. Les discussions, qui se déroulent dans un cadre de plus en plus instable, sont dominées par la nécessité de trouver des accords sur le financement climatique et la gestion des conflits internationaux, tout en anticipant le retour de Donald Trump à la présidence américaine.
Les dirigeants du G20, représentant une part significative du PIB mondial et des émissions de gaz à effet de serre, sont confrontés à l’urgence d’agir pour le climat. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé à des compromis pour garantir un résultat positif à la prochaine conférence sur le climat, la COP29. Cependant, les divergences sur les questions climatiques et les conflits en cours, notamment en Ukraine et au Proche-Orient, rendent les négociations particulièrement ardues. La Russie, absente du sommet, continue d’influencer les discussions par son conflit avec l’Ukraine, tandis que la situation à Gaza et au Liban ajoute une complexité supplémentaire.
Le président argentin Javier Milei, connu pour ses positions ultralibérales et climatosceptiques, introduit une incertitude supplémentaire. Buenos Aires a exprimé des réserves quant à l’adhésion à un communiqué commun, ce qui pourrait entraver les efforts de consensus. De son côté, le président brésilien Lula da Silva, hôte du sommet, souhaite recentrer les débats sur les enjeux sociaux et la lutte contre la pauvreté, avec le lancement d’une Alliance globale contre la faim et la pauvreté, et la proposition d’une taxation des plus riches, déjà discutée entre les ministres des Finances du G20.
L’ombre de Donald Trump, qui devrait revenir à la Maison Blanche en janvier, plane sur le sommet. Joe Biden, en visite en Amazonie, a envoyé un message fort sur la nécessité de protéger l’environnement, soulignant le risque d’un affaiblissement des ambitions climatiques mondiales sous une nouvelle administration républicaine. Cette perspective alimente les craintes d’une fragmentation internationale accrue et d’un retour en arrière sur les engagements climatiques.
Les discussions bilatérales de Xi Jinping avec d’autres dirigeants illustrent également l’importance croissante des pays émergents et des visions alternatives dans un ordre mondial en pleine mutation. Selon Oliver Stuenkel, professeur en relations internationales, le monde entre dans une phase d’imprévisibilité accrue, où les pays du Sud et la Chine auront plus d’espace pour articuler leurs propres stratégies.
Le G20 de Rio de Janeiro se tient à un moment critique où les leaders doivent naviguer entre les impératifs climatiques, les conflits internationaux et les changements politiques majeurs, tout en cherchant à maintenir un semblant d’unité et d’action collective.
Politique
Au bord de l’épuisement, plus de huit maires sur dix jugent leur fonction usante pour la santé
L’Association des maires de France dévoile une étude inquiétante : la majorité des maires français sont au bord de l’épuisement, confrontés à des défis de plus en plus pressants.
Selon une enquête récente, l’exercice de la fonction de maire en France s’avère de plus en plus exigeant, au point de devenir préjudiciable pour la santé de ceux qui l’assument. L’étude, soutenue par l’Association des maires de France (AMF), révèle que 83% des maires estiment leur mandat « usant pour la santé ». Ce chiffre est alarmant et soulève des questions sur la soutenabilité de cette charge publique.
Les maires sont exposés à une multitude de pressions : tensions avec les administrés, menaces, agressions, mais aussi un rythme de travail intense. Plus de 65% des maires interrogés ont avoué ressentir « des moments de lassitude » durant leur mandat, tandis que 64% ont été confrontés à « des coups de fatigue ». Un autre aspect préoccupant est la santé mentale : plus de la moitié des maires (51,2%) souffrent de troubles du sommeil, symptomatique d’un stress chronique et d’une surcharge mentale.
L’étude met en lumière une réalité souvent occultée : la charge mentale, plus que la charge physique, pèse lourdement sur les épaules des élus locaux. Plus de 64% des maires se plaignent de penser à « trop de choses à la fois », et 77% considèrent que leur action n’est pas « efficace » face à la multitude de tâches à accomplir. Cette situation est particulièrement aiguë dans les petites communes, où les maires, souvent seuls, doivent prendre des décisions cruciales sans le soutien social nécessaire.
Cependant, malgré ces difficultés, les maires continuent d’éprouver une grande satisfaction dans leur rôle. Une quasi-totalité d’entre eux (99,7%) ressentent qu’ils font « quelque chose d’utile pour les autres » et 98,5% expriment la « fierté du travail bien fait ». Ce paradoxe entre l’épuisement et le sentiment de réalisation souligne l’importance et la complexité de leur mission.
Cette étude interpelle sur la nécessité de revoir les conditions d’exercice du mandat de maire, pour préserver la santé des élus et garantir la qualité de la gouvernance locale. Il est temps de réfléchir à des solutions concrètes pour alléger la charge des maires, afin que leur engagement civique ne se transforme pas en sacrifice personnel.
France
Emmanuel Macron atteint un seuil historique d’impopularité
Malgré son retrait de la scène politique intérieure, Emmanuel Macron enregistre un nouveau recul dans les sondages. Avec seulement 17% d’opinions favorables, il connaît l’un des plus bas niveaux de popularité jamais atteints par un président en exercice.
La dissolution de l’Assemblée nationale en juin dernier continue de peser lourdement sur la popularité d’Emmanuel Macron. Un récent baromètre révèle que seulement 17% des Français ont aujourd’hui une opinion favorable du chef de l’État. Ce chiffre marque une chute sans précédent pour le président, qui traverse désormais une crise de confiance plus marquée que lors de la période tendue des « Gilets jaunes ». L’étude met en lumière le fossé grandissant entre le président et l’opinion publique, alimenté par son retrait de la gestion des affaires intérieures depuis la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre, qui concentre désormais l’essentiel du pouvoir exécutif.
Le désenchantement des Français ne se limite pas à une simple baisse de popularité. Selon le sondage, 78% des personnes interrogées déclarent ne plus faire confiance à Emmanuel Macron. Un chiffre élevé, mais qui ne dépasse pas le record d’impopularité enregistré par François Hollande en 2016, où ce dernier avait culminé à 87% de défiance. Cet ancrage persistant d’une méfiance vis-à-vis du chef de l’État traduit un mécontentement profond, notamment au sein des classes populaires et de certaines franges de l’électorat centriste, qui semblent aujourd’hui désillusionnées par les promesses initiales de renouveau portées par le président.
Le sondage illustre également la montée du Rassemblement national (RN) dans le paysage politique français, avec Jordan Bardella et Marine Le Pen occupant les deux premières places du classement de popularité. La progression de figures de droite, comme Marion Maréchal en cinquième position et Éric Ciotti en dixième, témoigne d’un basculement notable de l’opinion publique en faveur des idées portées par le RN, et de la stratégie d’alliances qui semble désormais porter ses fruits. Gabriel Attal, quant à lui, peine à consolider sa base de soutien, fragilisée par sa posture ambiguë de critique du gouvernement tout en menant ses troupes à l’Assemblée nationale. Les tensions entre ses engagements et les attentes de ses partisans l’ont conduit à perdre 4 points auprès des centristes et 21 points à gauche, reflétant la difficulté de maintenir une ligne cohérente dans un contexte politique polarisé.
Cette baisse de popularité et la montée en puissance de l’extrême droite dessinent un paysage politique français de plus en plus incertain, marqué par une désaffection à l’égard de l’exécutif et un attrait croissant pour des alternatives radicales.
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