France
Feu vert de l’Assemblée au retour des néonicotinoïdes, les LREM divisés
Coup de semonce pour la majorité: l’Assemblée nationale a adopté mardi le projet de loi controversé permettant la réintroduction temporaire des néonicotinoïdes tueurs d’abeilles pour sauver la filière betterave, mais LREM a enregistré une contestation record dans ses rangs.
Au total, le texte a recueilli 313 voix pour, 158 contre et 56 abstentions. Il doit désormais être examiné au Sénat en première lecture.
Chez LREM, 32 députés ont voté contre et 36 se sont abstenus, un record inattendu, tandis que seuls 175 du groupe macroniste dirigé depuis septembre par Christophe Castaner ont voté en faveur de ce texte prévoyant la réintroduction de ces insecticides tueurs d’abeilles.
Cette contestation est le signe que ce « texte difficile, important », n’a pas pu réconcilier tous les tenants de l’écologie et de l’économie, y compris et surtout chez les « marcheurs », comme l’espérait pourtant Julien Denormandie, le ministre de l’Agriculture.
« Ma position n’a pas été difficile à tenir dans le groupe. Tout le monde la comprenait », a déclaré à l’AFP Sandrine Le Feur, députée LREM agricultrice de profession.
Le précédent record de « fronde » avait été atteint en juillet 2019 sur un sujet également agroécologique, la ratification du traité de libre-échange entre l’UE et le Canada (Ceta): 9 députés LREM avaient voté contre et 52 s’étaient abstenus.
Le groupe majoritaire aujourd’hui « s’affirme, a envie d’exprimer ses convictions », avait observé plus tôt le numéro un du parti LREM Stanislas Guerini, alors que plusieurs votes sensibles arrivent (IVG, bien-être animal…)
L’ensemble de la gauche a voté contre le projet de loi sur les néonicotinoïdes, une majorité des LR et MoDem pour, mais la plupart des groupes se sont partagés.
« Il y a des votes qui échappent à la logique partisane car ils participent à des choix éthiques », avait fait valoir l’ex-ministre de l’Environnement Delphine Batho (EDS), farouche opposante au retour des néonicotinoïdes.
La nocivité de ces substances avait cependant fait consensus, de LFI au RN, lors de l’examen du projet de loi lundi soir. Mais l’élu LREM de la Creuse Jean-Baptiste Moreau a encore fait valoir mardi que le projet de loi était une « réponse pragmatique à la situation catastrophique dans laquelle se trouve la filière de la betterave française ».
« Bien embêtés »
En raison de la prolifération d’un puceron vert vecteur de la maladie qui affaiblit les plantes dans de nombreuses régions, les betteraves issues de semences non enrobées d’insecticide sont atteintes de « jaunisse ».
La réintroduction de semences enrobées avec des néonicotinoïdes doit permettre de protéger les rendements sucriers. Le hic est que ce type de pesticides a été interdit en 2018. Et voilà le gouvernement obligé de rétro-pédaler, en s’appuyant sur le règlement européen sur les phytosanitaires qui permet de déroger à l’interdiction, potentiellement jusqu’en 2023.
« On est bien embêté avec votre texte », avait relevé Thierry Benoit (UDI), qui a voté contre et déplore que « la France n’a(it) pas la maturité d’organiser la transition écologique ».
A l’heure où l’exécutif voulait entamer un tournant écologique dans le sillage de la Convention citoyenne pour le climat, il bute sur la sauvegarde d’une filière assurant la « souveraineté » agroalimentaire du pays, avec à la clef 46.000 emplois.
Pour M. Denormandie, il n’y a pas d' »alternative » efficace. Hors de question également de « tuer une filière française pour importer des sucres polonais, allemands ou belges ».
Face à ce « renoncement », gauche et écologistes ont pilonné la majorité, LFI promettant même une plainte devant la Cour de justice de la République « pour mise en danger de la vie d’autrui », selon Mathilde Panot.
« On n’aurait jamais dû en arriver là. C’est lié au retard et aux dysfonctionnements dans le suivi de la loi 2016. (…) Je ne peux pas donner un chèque en blanc au gouvernement », a confié le « marcheur » Guillaume Gouffier-Cha, qui s’est abstenu.
Les réactions à ce vote ont été aussitôt nombreuses: la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) salue le « courage » et l' »ambition » du gouvernement. Une « décision responsable », également applaudie par le producteur de sucre Cristal Union.
A l’inverse, Greenpeace a fustigé une « régression écologique majeure ». Une « insulte » à « la protection du vivant », s’alarme l’association nationale de l’apiculture française.
Économie
Ryanair menace d’arrêter de desservir dix aéroports régionaux français
En réponse à une hausse de la taxation aérienne, Ryanair envisage de réduire sa présence dans les régions françaises dès janvier 2025.
Face à la perspective d’une augmentation significative de la taxation du secteur aérien inscrite dans le budget 2025, la compagnie aérienne low-cost Ryanair a publiquement menacé de cesser ses opérations dans dix aéroports régionaux français. Cette décision, si elle est mise à exécution, pourrait avoir des répercussions importantes sur la connectivité aérienne des régions françaises, déjà fragilisées par des défis économiques et concurrentiels.
Le gouvernement, dans une tentative de combler un déficit budgétaire plus élevé que prévu, propose un triplement de la taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA) et une augmentation de la taxation des passagers de jets privés, visant à collecter un milliard d’euros supplémentaires. Cette mesure, bien que destinée à renforcer les finances publiques, pourrait entraîner une réduction drastique des services aériens dans les régions, selon Jason McGuinness, directeur commercial de Ryanair. Il a souligné que cette augmentation des taxes rendrait de nombreuses routes non viables économiquement, affectant particulièrement les zones rurales et moins desservies.
Ryanair, qui dessert actuellement 22 aéroports en France, dont deux près de Paris, envisage de réduire sa capacité de 50% dans les aéroports régionaux si le projet de taxation se concrétise. Cette menace n’est pas isolée; le PDG de Ryanair, Michael O’Leary, avait déjà indiqué des réductions de capacités en France et en Allemagne en réponse à des politiques fiscales similaires.
La compagnie aérienne, déjà confrontée à des défis opérationnels tels que des retards de livraison d’appareils et une demande en baisse, considère que l’augmentation de la TSBA représente un « problème fondamental pour la connectivité des régions françaises ». McGuinness a souligné l’intense concurrence entre les aéroports européens pour attirer des lignes aériennes, indiquant que Ryanair orienterait ses ressources vers les régions et pays offrant des conditions fiscales plus favorables.
Les impacts potentiels de cette réduction de service ne sont pas seulement économiques pour les régions concernées, mais également culturels et sociaux, en isolant davantage des territoires déjà en marge. La Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers (Fnam) a également mis en garde contre une baisse du trafic aérien pouvant atteindre 2% sur l’ensemble du territoire, avec des conséquences encore plus marquées pour les aéroports accueillant des compagnies à bas coûts.
France
Procès de Pierre Palmade : l’humoriste condamné à cinq de prison, dont deux ferme
L’humoriste Pierre Palmade a été condamné à cinq ans de prison, dont deux ans ferme, pour avoir provoqué un grave accident de la route sous l’emprise de stupéfiants.
Le 20 novembre, le tribunal de justice de Melun a rendu son verdict dans l’affaire impliquant Pierre Palmade, condamnant l’humoriste à cinq ans de prison, dont deux ans ferme, pour « blessures involontaires aggravées ». L’accident, survenu le 10 février 2023, a eu des conséquences dramatiques pour trois membres d’une même famille, dont une femme enceinte qui a dû subir une césarienne en urgence, et dont l’enfant est décédé après une tentative de réanimation.
Lors du jugement, le parquet avait requis une peine de cinq ans de prison, dont deux ans ferme, peine qui a été suivie par le tribunal. Palmade, bien que condamné, a été laissé en liberté, un mandat de dépôt différé ayant été prononcé. Le président du tribunal a précisé que l’humoriste serait convoqué par le procureur de Bordeaux pour déterminer la date et l’établissement où il purgera sa peine.
Pierre Palmade, face à la gravité de ses actes, a exprimé son profond regret.
L’avocat des parties civiles, Me Mourad Battikh, a souligné que si la justice avait été rendue, la peine ne pouvait pas compenser la douleur des victimes. Palmade, de son côté, a directement adressé ses excuses aux victimes, exprimant une douleur personnelle en voyant « en vrai » les conséquences de son acte. Il a déclaré être « terrassé » par la réalité de la situation et a demandé pardon de tout son être.
Cet accident, provoqué sous l’emprise de cocaïne et de 3MMC, a non seulement marqué la vie des victimes, mais aussi mis en lumière les dangers de la consommation de stupéfiants au volant. Palmade, âgé de 56 ans, a reconnu sa responsabilité dans ce drame, marquant ainsi un tournant dans sa carrière et sa vie personnelle.
Économie
Après Michelin, ArcelorMittal envisage la fermeture de deux sites en France
Après Michelin, le géant ArcelorMittal annonce la possible cessation d’activité de ses centres de Reims et Denain, menaçant 130 emplois.
La sidérurgie française fait face à un nouveau coup dur avec l’annonce d’ArcelorMittal, deuxième sidérurgiste mondial, qui envisage la fermeture de deux de ses sites en France. Cette décision, motivée par une baisse significative de la demande dans les secteurs de l’industrie et de l’automobile, pourrait entraîner la suppression de 130 emplois, principalement à Reims et à Denain.
Le 19 novembre 2024, lors d’une réunion avec le Comité Social et Économique (CSE), ArcelorMittal Centres de Services a présenté un projet de réorganisation et d’adaptation de ses capacités de production. Cette réorganisation inclut potentiellement la cessation d’activité des sites de Reims et de Denain. La direction a expliqué que cette mesure était rendue nécessaire par une « forte baisse d’activité chez ses clients de l’industrie et de l’automobile », soulignant que cette situation s’était aggravée ces derniers mois.
Les répercussions sociales de cette annonce sont immédiates et profondes. Environ 100 emplois seraient menacés à Reims et 30 à Denain. David Blaise, délégué syndical central CGT, et Xavier Le Coq, coordinateur CFE-CGC, ont exprimé leur inquiétude face à cette situation, pointant du doigt une gestion de crise qui, selon eux, ne prévoit pas suffisamment de solutions alternatives. Blaise critique notamment l’absence d’anticipation de la part de la direction, déplorant que « rien n’a été anticipé » pour faire face à la crise de l’automobile.
ArcelorMittal prévoit des négociations avec les syndicats pour discuter des mesures sociales visant à atténuer l’impact sur l’emploi. Cependant, les réactions sont vives : le site de Denain s’est mis en grève immédiatement, et des actions sont prévues sur l’ensemble des sites d’ArcelorMittal en France pour les prochains jours. Ces mouvements de protestation reflètent une frustration croissante parmi les salariés, encore marqués par la fermeture des hauts fourneaux de Florange en 2012.
Le contexte économique actuel, marqué par une réduction des ventes dans l’automobile, a déjà conduit Michelin à annoncer la fermeture de ses usines de Vannes et Cholet, affectant 1.254 emplois. Le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, a reconnu que d’autres annonces de fermetures pourraient suivre, soulignant néanmoins la nécessité de soutenir les secteurs industriels en croissance.
Cette situation illustre une crise plus large au sein de l’industrie manufacturière européenne, particulièrement dans l’automobile où 32.000 suppressions de postes ont été annoncées au premier semestre chez les équipementiers. La question de la diversification et de l’adaptation des entreprises à un marché en mutation est désormais plus que jamais d’actualité.
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