Politique
Présidentielle 2022: campagne au vitriol à l’extrême droite
Le torchon brûle vendredi entre Marine Le Pen et Eric Zemmour, à la veille de meetings importants pour les deux rivaux d’extrême droite engagés dans une guerre de positions qui se joue également à gauche à neuf semaines du premier tour de la présidentielle.
Au-delà des petites phrases au vitriol et accusations de débauchages ou d’entretenir des « liaisons dangereuses » avec des groupuscules néo-nazis, l’enjeu est de taille pour les porte-étendards de l’extrême droite au moment où elle totalise, selon les sondages d’intentions de vote, plus d’un tiers de l’électorat.
Si le président Emmanuel Macron, toujours pas déclaré mais le premier à avoir dépassé les 500 parrainages d’élus nécessaires pour être candidat, reste la cible principale, Mme Le Pen et l’ex-polémiste s’affrontent dans ce qui apparaît de plus en plus comme une primaire sauvage.
Samedi, Mme Le Pen, qui est créditée d’environ 17 à 18% des intentions de vote au premier tour contre 12 à 14% pour Eric Zemmour, réunit quelque 3.000 personnes à Reims pour une « convention présidentielle ». L’ex-polémiste attend le même jour environ 8.000 partisans à Lille.
Les deux réunions publiques vont « être un moment intéressant pour savoir si on est en face d’une primaire » entre Marine Le Pen et Éric Zemmour ou « de deux candidatures vraiment différentes », estime le sondeur Jérôme Sainte-Marie.
En attendant, l’affrontement entre les deux candidats tourne au règlement de comptes.
Dans un entretien au Figaro jeudi, la candidate du Rassemblement national a dénoncé le « communautarisme » d’Eric Zemmour, autour duquel elle croit retrouver « une série de chapelles », « venues puis reparties » de l’ancien Front national: « Il y a les catholiques traditionalistes, les païens et quelques nazis ».
« Je suis lassée du bruit et de la fureur », ajoutait celle qui, battue au second tour face à Emmanuel Macron en 2017, a lancé depuis une refondation de son parti et recentré son discours ce dont l’accuse justement le camp Zemmour.
Réponse immédiate dans le camp Zemmour, Gilbert Collard, qui a fait défection du RN, a jugé vendredi sur RTL « extraordinaire de voir que Marine Le Pen utilise contre le mouvement Reconquête! une insulte du type que le Rassemblement national a subi pendant des années ».
L’eurodéputé a encore ironisé sur le fait que Mme Le Pen « va finir présidente de SOS Racisme ».
Pour Eric Zemmour, l’enjeu est d’attirer l’électorat d’extrême droite avec celui situé à la droite des Républicains réunis derrière Valérie Pécresse, où se joue l’autre bataille à droite.
Alors que son mouvement est suspecté d’attirer une ribambelle d’extrémistes dont le Parti de la France, fondé par d’anciens frontistes en 2009, M. Zemmour s’en est défendu cette semaine disant ne pas fréquenter « ces gens-là ».
« Les gens nazis et antisémites ne me soutiennent pas, ne peuvent pas me soutenir puisque je suis de confession juive », a-t-il estimé mercredi sur LCI.
Duel Hidalgo vs Taubira
A gauche, la rivalité s’intensifie aussi, notamment entre la socialiste Anne Hidalgo, qui avoisine les 3% dans les sondages, et l’ancienne ministre de la Justice, Christiane Taubira (autour de 5%).
Malmenée dans les sondages et aux prises avec des dissensions internes au PS, Anne Hidalgo entend poursuivre son chemin coûte que coûte.
« Il ne faut pas se laisser abattre. Il ne faut pas se laisser matraquer par une machine médiatique qui voudrait dire qu’on n’est pas légitime et qui voudrait qu’on retourne se coucher », assurait la candidate à Blois jeudi soir.
Dans un entretien à Libération, Mme Hidalgo estime que les Français « ont attendu tout le quinquennat une avancée de la jambe gauche du chef de l’Etat après la suppression de l’ISF et la baisse des APL. Elle n’est jamais venue ». Elle a aussi rejeté toute idée de « rassemblement » avec Mme Taubira, laquelle n’a pas capitalisé sur sa victoire à la primaire populaire et l’échec du rassemblement à gauche.
Pendant ce temps, le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon, qui mène la course en tête à gauche autour de 10% des intentions de vote au premier tour, se rendait au Mans vendredi pour y commémorer la journée nationale des mémoires de la traite et de l’esclavage, tandis que le communiste Fabien Roussel allait en soirée à Marseille à la rencontre de lycéens avant un meeting le weekend.
A ce stade de la campagne, près de 4 Français sur 10 ne savent pas encore pour qui voter au premier tour, et parmi eux 2 sur 10 pourraient s’abstenir, relève une étude Kantar Public-Epoka publiée vendredi.
Économie
Climat, guerres, Trump: le G20 sous pression en sommet à Rio
Le sommet du G20 à Rio de Janeiro se tient sous haute tension, avec des enjeux climatiques et géopolitiques majeurs, et l’influence croissante de Donald Trump.
Le sommet du G20, qui réunit les dirigeants des économies les plus influentes du monde, a débuté à Rio de Janeiro dans un contexte marqué par des défis climatiques pressants et des tensions géopolitiques exacerbées. Les discussions, qui se déroulent dans un cadre de plus en plus instable, sont dominées par la nécessité de trouver des accords sur le financement climatique et la gestion des conflits internationaux, tout en anticipant le retour de Donald Trump à la présidence américaine.
Les dirigeants du G20, représentant une part significative du PIB mondial et des émissions de gaz à effet de serre, sont confrontés à l’urgence d’agir pour le climat. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé à des compromis pour garantir un résultat positif à la prochaine conférence sur le climat, la COP29. Cependant, les divergences sur les questions climatiques et les conflits en cours, notamment en Ukraine et au Proche-Orient, rendent les négociations particulièrement ardues. La Russie, absente du sommet, continue d’influencer les discussions par son conflit avec l’Ukraine, tandis que la situation à Gaza et au Liban ajoute une complexité supplémentaire.
Le président argentin Javier Milei, connu pour ses positions ultralibérales et climatosceptiques, introduit une incertitude supplémentaire. Buenos Aires a exprimé des réserves quant à l’adhésion à un communiqué commun, ce qui pourrait entraver les efforts de consensus. De son côté, le président brésilien Lula da Silva, hôte du sommet, souhaite recentrer les débats sur les enjeux sociaux et la lutte contre la pauvreté, avec le lancement d’une Alliance globale contre la faim et la pauvreté, et la proposition d’une taxation des plus riches, déjà discutée entre les ministres des Finances du G20.
L’ombre de Donald Trump, qui devrait revenir à la Maison Blanche en janvier, plane sur le sommet. Joe Biden, en visite en Amazonie, a envoyé un message fort sur la nécessité de protéger l’environnement, soulignant le risque d’un affaiblissement des ambitions climatiques mondiales sous une nouvelle administration républicaine. Cette perspective alimente les craintes d’une fragmentation internationale accrue et d’un retour en arrière sur les engagements climatiques.
Les discussions bilatérales de Xi Jinping avec d’autres dirigeants illustrent également l’importance croissante des pays émergents et des visions alternatives dans un ordre mondial en pleine mutation. Selon Oliver Stuenkel, professeur en relations internationales, le monde entre dans une phase d’imprévisibilité accrue, où les pays du Sud et la Chine auront plus d’espace pour articuler leurs propres stratégies.
Le G20 de Rio de Janeiro se tient à un moment critique où les leaders doivent naviguer entre les impératifs climatiques, les conflits internationaux et les changements politiques majeurs, tout en cherchant à maintenir un semblant d’unité et d’action collective.
Politique
Au bord de l’épuisement, plus de huit maires sur dix jugent leur fonction usante pour la santé
L’Association des maires de France dévoile une étude inquiétante : la majorité des maires français sont au bord de l’épuisement, confrontés à des défis de plus en plus pressants.
Selon une enquête récente, l’exercice de la fonction de maire en France s’avère de plus en plus exigeant, au point de devenir préjudiciable pour la santé de ceux qui l’assument. L’étude, soutenue par l’Association des maires de France (AMF), révèle que 83% des maires estiment leur mandat « usant pour la santé ». Ce chiffre est alarmant et soulève des questions sur la soutenabilité de cette charge publique.
Les maires sont exposés à une multitude de pressions : tensions avec les administrés, menaces, agressions, mais aussi un rythme de travail intense. Plus de 65% des maires interrogés ont avoué ressentir « des moments de lassitude » durant leur mandat, tandis que 64% ont été confrontés à « des coups de fatigue ». Un autre aspect préoccupant est la santé mentale : plus de la moitié des maires (51,2%) souffrent de troubles du sommeil, symptomatique d’un stress chronique et d’une surcharge mentale.
L’étude met en lumière une réalité souvent occultée : la charge mentale, plus que la charge physique, pèse lourdement sur les épaules des élus locaux. Plus de 64% des maires se plaignent de penser à « trop de choses à la fois », et 77% considèrent que leur action n’est pas « efficace » face à la multitude de tâches à accomplir. Cette situation est particulièrement aiguë dans les petites communes, où les maires, souvent seuls, doivent prendre des décisions cruciales sans le soutien social nécessaire.
Cependant, malgré ces difficultés, les maires continuent d’éprouver une grande satisfaction dans leur rôle. Une quasi-totalité d’entre eux (99,7%) ressentent qu’ils font « quelque chose d’utile pour les autres » et 98,5% expriment la « fierté du travail bien fait ». Ce paradoxe entre l’épuisement et le sentiment de réalisation souligne l’importance et la complexité de leur mission.
Cette étude interpelle sur la nécessité de revoir les conditions d’exercice du mandat de maire, pour préserver la santé des élus et garantir la qualité de la gouvernance locale. Il est temps de réfléchir à des solutions concrètes pour alléger la charge des maires, afin que leur engagement civique ne se transforme pas en sacrifice personnel.
France
Emmanuel Macron atteint un seuil historique d’impopularité
Malgré son retrait de la scène politique intérieure, Emmanuel Macron enregistre un nouveau recul dans les sondages. Avec seulement 17% d’opinions favorables, il connaît l’un des plus bas niveaux de popularité jamais atteints par un président en exercice.
La dissolution de l’Assemblée nationale en juin dernier continue de peser lourdement sur la popularité d’Emmanuel Macron. Un récent baromètre révèle que seulement 17% des Français ont aujourd’hui une opinion favorable du chef de l’État. Ce chiffre marque une chute sans précédent pour le président, qui traverse désormais une crise de confiance plus marquée que lors de la période tendue des « Gilets jaunes ». L’étude met en lumière le fossé grandissant entre le président et l’opinion publique, alimenté par son retrait de la gestion des affaires intérieures depuis la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre, qui concentre désormais l’essentiel du pouvoir exécutif.
Le désenchantement des Français ne se limite pas à une simple baisse de popularité. Selon le sondage, 78% des personnes interrogées déclarent ne plus faire confiance à Emmanuel Macron. Un chiffre élevé, mais qui ne dépasse pas le record d’impopularité enregistré par François Hollande en 2016, où ce dernier avait culminé à 87% de défiance. Cet ancrage persistant d’une méfiance vis-à-vis du chef de l’État traduit un mécontentement profond, notamment au sein des classes populaires et de certaines franges de l’électorat centriste, qui semblent aujourd’hui désillusionnées par les promesses initiales de renouveau portées par le président.
Le sondage illustre également la montée du Rassemblement national (RN) dans le paysage politique français, avec Jordan Bardella et Marine Le Pen occupant les deux premières places du classement de popularité. La progression de figures de droite, comme Marion Maréchal en cinquième position et Éric Ciotti en dixième, témoigne d’un basculement notable de l’opinion publique en faveur des idées portées par le RN, et de la stratégie d’alliances qui semble désormais porter ses fruits. Gabriel Attal, quant à lui, peine à consolider sa base de soutien, fragilisée par sa posture ambiguë de critique du gouvernement tout en menant ses troupes à l’Assemblée nationale. Les tensions entre ses engagements et les attentes de ses partisans l’ont conduit à perdre 4 points auprès des centristes et 21 points à gauche, reflétant la difficulté de maintenir une ligne cohérente dans un contexte politique polarisé.
Cette baisse de popularité et la montée en puissance de l’extrême droite dessinent un paysage politique français de plus en plus incertain, marqué par une désaffection à l’égard de l’exécutif et un attrait croissant pour des alternatives radicales.
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