Politique
Primaire écologiste: Jadot et Rousseau au second tour, deux lignes s’affrontent
Ce sera un duel entre deux lignes opposées: l’eurodéputé Yannick Jadot et l’économiste Sandrine Rousseau se sont qualifiés dimanche pour le second tour de la primaire écologiste et s’affronteront du 25 au 28 septembre pour représenter leur famille politique à l’élection présidentielle de 2022.
Les scores de quatre candidats sont relativement serrés. Yannick Jadot, favori du scrutin, est arrivé en tête des cinq prétendants avec 27,7% des 106.000 votants, ont annoncé les organisateurs en fin d’après-midi depuis le « pavillon des canaux » à Paris.
Sandrine Rousseau, d’abord outsider puis progressivement considérée comme sérieuse prétendante, l’affrontera au second tour, ayant rassemblé 25,14% des voix.
Les deux qualifiés se sont succédé à la tribune, affichant leur volonté de rassemblement mais aussi leurs différences de lignes.
Yannick Jadot a plaidé à plusieurs reprises pour une « écologie de gouvernement, prête à assumer ses responsabilités ».
« On ne peut pas s’offrir un quinquennat de plus d’Emmanuel Macron », a insisté l’eurodéputé, ciblant également l’extrême droite et Eric Zemmour, sans le nommer.
Quelques minutes plus tard, l’écoféministe Sandrine Rousseau a revendiqué sa « radicalité », car « le temps des petits pas et de l’accompagnement n’est plus le moment ».
« Yannick Jadot porte une écologie que je respecte mais qui n’est pas la mienne, moi je suis une écologiste de gauche, radicale, sociale, a-t-elle prévenu, assumant un « clivage politique clair » avec son concurrent.
Arrivée en troisième position avec 22,32% des voix, la députée Delphine Batho, tenante de la « décroissance », a échoué à se qualifier, tout comme le maire de Grenoble Eric Piolle (22,29%) et l’entrepreneur Jean-Marc Governatori (2,35%).
« Ca donne un 2e tour particulièrement ouvert », relève l’eurodéputé David Cormand, ex-numéro 1 du parti et soutien d’Eric Piolle.
Les pronostics avaient été rendus difficiles par le quadruplement du précédent record d’inscrits pour une primaire écologiste, qui était jusque-là de 32.000 personnes en 2011.
« 122.675 » inscrits, « c’est un record pour nous, c’est historique », s’est réjoui Julien Bayou, le secrétaire national d’EELV. « On s’organise sérieusement pour 2022. Nous n’y allons pas pour faire de la figuration, nous y allons pour gagner », a-t-il assuré alors que les candidatures à la présidentielle se bousculent à gauche.
Fort de son succès aux européennes de 2019, Yannick Jadot, candidat de « l’écologie des solutions », faisait figure de favori pour cette primaire écologiste.
désillusion pour Piolle
Face à lui, le duel de la ligne bien ancrée à gauche a nettement penché en faveur de Sandrine Rousseau, infligeant une lourde désillusion au très préparé Eric Piolle.
L’écoféministe avait émergé médiatiquement lors des Journées d’été à Poitiers, avec notamment un discours très applaudi devant des milliers de militants. Des interventions tranchantes dans les médias au cours des semaines suivantes, au prix de quelques controverses, avaient achevé de faire de Sandrine Rousseau une postulante sérieuse au second tour.
De quoi désarçonner le camp Eric Piolle. Le maire de Grenoble était considéré comme le seul rival véritable de Yannick Jadot ces derniers mois. Il a multiplié les déplacements, tissant méticuleusement son réseau de soutiens, élaborant un programme de propositions précises comme l’ISF climatique et la création de 25.000 fermes municipales.
Mais Sandrine Rousseau lui a disputé le vote des écologistes radicaux, qui attendent du futur président une confrontation avec le capitalisme pour hâter la transition écologique.
Les deux camps se regardaient en chiens de faïence depuis plusieurs semaines. « Il y a plus d’affinités avec les équipes de Jadot, même si c’est une ligne et une façon de faire différentes », confie une lieutenant de Mme Rousseau.
Les écologistes saluent tous en chœur une primaire aux débats apaisés, loin du spectacle de division des années 2010. Même leur futur adversaire, le candidat Insoumis à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon, leur a distribué un bon point, vendredi dans Libération: « Il y a un certain panache de leur part à faire voir l’arc de leurs positions ». Avant de cogner: « Aujourd’hui les Verts sont davantage un parti de centre gauche que de l’écologie pure, car tous les partis sont devenus écologistes ».
EELV peut cependant se targuer d’une bonne image chez 55% des Français, selon un sondage réalisé par Odoxa-Backbone Consulting pour Le Figaro vendredi. Mais défi pour le candidat qui sera désigné: le parti n’est perçu ni comme « réaliste » (58%) ni comme « crédible » (54%).
Économie
Climat, guerres, Trump: le G20 sous pression en sommet à Rio
Le sommet du G20 à Rio de Janeiro se tient sous haute tension, avec des enjeux climatiques et géopolitiques majeurs, et l’influence croissante de Donald Trump.
Le sommet du G20, qui réunit les dirigeants des économies les plus influentes du monde, a débuté à Rio de Janeiro dans un contexte marqué par des défis climatiques pressants et des tensions géopolitiques exacerbées. Les discussions, qui se déroulent dans un cadre de plus en plus instable, sont dominées par la nécessité de trouver des accords sur le financement climatique et la gestion des conflits internationaux, tout en anticipant le retour de Donald Trump à la présidence américaine.
Les dirigeants du G20, représentant une part significative du PIB mondial et des émissions de gaz à effet de serre, sont confrontés à l’urgence d’agir pour le climat. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé à des compromis pour garantir un résultat positif à la prochaine conférence sur le climat, la COP29. Cependant, les divergences sur les questions climatiques et les conflits en cours, notamment en Ukraine et au Proche-Orient, rendent les négociations particulièrement ardues. La Russie, absente du sommet, continue d’influencer les discussions par son conflit avec l’Ukraine, tandis que la situation à Gaza et au Liban ajoute une complexité supplémentaire.
Le président argentin Javier Milei, connu pour ses positions ultralibérales et climatosceptiques, introduit une incertitude supplémentaire. Buenos Aires a exprimé des réserves quant à l’adhésion à un communiqué commun, ce qui pourrait entraver les efforts de consensus. De son côté, le président brésilien Lula da Silva, hôte du sommet, souhaite recentrer les débats sur les enjeux sociaux et la lutte contre la pauvreté, avec le lancement d’une Alliance globale contre la faim et la pauvreté, et la proposition d’une taxation des plus riches, déjà discutée entre les ministres des Finances du G20.
L’ombre de Donald Trump, qui devrait revenir à la Maison Blanche en janvier, plane sur le sommet. Joe Biden, en visite en Amazonie, a envoyé un message fort sur la nécessité de protéger l’environnement, soulignant le risque d’un affaiblissement des ambitions climatiques mondiales sous une nouvelle administration républicaine. Cette perspective alimente les craintes d’une fragmentation internationale accrue et d’un retour en arrière sur les engagements climatiques.
Les discussions bilatérales de Xi Jinping avec d’autres dirigeants illustrent également l’importance croissante des pays émergents et des visions alternatives dans un ordre mondial en pleine mutation. Selon Oliver Stuenkel, professeur en relations internationales, le monde entre dans une phase d’imprévisibilité accrue, où les pays du Sud et la Chine auront plus d’espace pour articuler leurs propres stratégies.
Le G20 de Rio de Janeiro se tient à un moment critique où les leaders doivent naviguer entre les impératifs climatiques, les conflits internationaux et les changements politiques majeurs, tout en cherchant à maintenir un semblant d’unité et d’action collective.
Politique
Au bord de l’épuisement, plus de huit maires sur dix jugent leur fonction usante pour la santé
L’Association des maires de France dévoile une étude inquiétante : la majorité des maires français sont au bord de l’épuisement, confrontés à des défis de plus en plus pressants.
Selon une enquête récente, l’exercice de la fonction de maire en France s’avère de plus en plus exigeant, au point de devenir préjudiciable pour la santé de ceux qui l’assument. L’étude, soutenue par l’Association des maires de France (AMF), révèle que 83% des maires estiment leur mandat « usant pour la santé ». Ce chiffre est alarmant et soulève des questions sur la soutenabilité de cette charge publique.
Les maires sont exposés à une multitude de pressions : tensions avec les administrés, menaces, agressions, mais aussi un rythme de travail intense. Plus de 65% des maires interrogés ont avoué ressentir « des moments de lassitude » durant leur mandat, tandis que 64% ont été confrontés à « des coups de fatigue ». Un autre aspect préoccupant est la santé mentale : plus de la moitié des maires (51,2%) souffrent de troubles du sommeil, symptomatique d’un stress chronique et d’une surcharge mentale.
L’étude met en lumière une réalité souvent occultée : la charge mentale, plus que la charge physique, pèse lourdement sur les épaules des élus locaux. Plus de 64% des maires se plaignent de penser à « trop de choses à la fois », et 77% considèrent que leur action n’est pas « efficace » face à la multitude de tâches à accomplir. Cette situation est particulièrement aiguë dans les petites communes, où les maires, souvent seuls, doivent prendre des décisions cruciales sans le soutien social nécessaire.
Cependant, malgré ces difficultés, les maires continuent d’éprouver une grande satisfaction dans leur rôle. Une quasi-totalité d’entre eux (99,7%) ressentent qu’ils font « quelque chose d’utile pour les autres » et 98,5% expriment la « fierté du travail bien fait ». Ce paradoxe entre l’épuisement et le sentiment de réalisation souligne l’importance et la complexité de leur mission.
Cette étude interpelle sur la nécessité de revoir les conditions d’exercice du mandat de maire, pour préserver la santé des élus et garantir la qualité de la gouvernance locale. Il est temps de réfléchir à des solutions concrètes pour alléger la charge des maires, afin que leur engagement civique ne se transforme pas en sacrifice personnel.
France
Emmanuel Macron atteint un seuil historique d’impopularité
Malgré son retrait de la scène politique intérieure, Emmanuel Macron enregistre un nouveau recul dans les sondages. Avec seulement 17% d’opinions favorables, il connaît l’un des plus bas niveaux de popularité jamais atteints par un président en exercice.
La dissolution de l’Assemblée nationale en juin dernier continue de peser lourdement sur la popularité d’Emmanuel Macron. Un récent baromètre révèle que seulement 17% des Français ont aujourd’hui une opinion favorable du chef de l’État. Ce chiffre marque une chute sans précédent pour le président, qui traverse désormais une crise de confiance plus marquée que lors de la période tendue des « Gilets jaunes ». L’étude met en lumière le fossé grandissant entre le président et l’opinion publique, alimenté par son retrait de la gestion des affaires intérieures depuis la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre, qui concentre désormais l’essentiel du pouvoir exécutif.
Le désenchantement des Français ne se limite pas à une simple baisse de popularité. Selon le sondage, 78% des personnes interrogées déclarent ne plus faire confiance à Emmanuel Macron. Un chiffre élevé, mais qui ne dépasse pas le record d’impopularité enregistré par François Hollande en 2016, où ce dernier avait culminé à 87% de défiance. Cet ancrage persistant d’une méfiance vis-à-vis du chef de l’État traduit un mécontentement profond, notamment au sein des classes populaires et de certaines franges de l’électorat centriste, qui semblent aujourd’hui désillusionnées par les promesses initiales de renouveau portées par le président.
Le sondage illustre également la montée du Rassemblement national (RN) dans le paysage politique français, avec Jordan Bardella et Marine Le Pen occupant les deux premières places du classement de popularité. La progression de figures de droite, comme Marion Maréchal en cinquième position et Éric Ciotti en dixième, témoigne d’un basculement notable de l’opinion publique en faveur des idées portées par le RN, et de la stratégie d’alliances qui semble désormais porter ses fruits. Gabriel Attal, quant à lui, peine à consolider sa base de soutien, fragilisée par sa posture ambiguë de critique du gouvernement tout en menant ses troupes à l’Assemblée nationale. Les tensions entre ses engagements et les attentes de ses partisans l’ont conduit à perdre 4 points auprès des centristes et 21 points à gauche, reflétant la difficulté de maintenir une ligne cohérente dans un contexte politique polarisé.
Cette baisse de popularité et la montée en puissance de l’extrême droite dessinent un paysage politique français de plus en plus incertain, marqué par une désaffection à l’égard de l’exécutif et un attrait croissant pour des alternatives radicales.
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