Économie
Économie : Le bitcoin monnaie légale au Salvador en dépit des critiques et réticences
Le Salvador devient mardi le premier pays au monde à autoriser le bitcoin comme monnaie légale, à côté du dollar américain, en dépit des fortes réticences au sein de la population et des critiques d’économistes et d’organismes financiers internationaux.
« Demain (mardi), pour la première fois dans l’histoire, tous les yeux seront braqués sur le Salvador », a claironné lundi dans un tweet le président Nayib Bukele, en annonçant dans la foulée que le pays avait acheté ses premiers 200 bitcoins.
Pour le chef de l’Etat et son gouvernement, le bitcoin permettra aux Salvadoriens d’économiser 400 millions de dollars de frais bancaires lors des envois d’argent par la diaspora, notamment installée aux Etats-Unis, qui représentent 22% du PIB du pays.
Cependant, plus des deux-tiers des 6,5 millions de Salvadoriens s’opposent pour la première fois à une décision du très populaire président Bukele et disent dans deux sondages distincts vouloir continuer à utiliser exclusivement le dollar américain, la monnaie légale du Salvador depuis 20 ans.
« Ce bitcoin, c’est une monnaie qui n’existe pas, c’est une monnaie qui ne va pas profiter aux plus pauvres, mais aux plus riches. Qui, étant pauvre, peut investir alors qu’il a à peine de quoi manger ? », s’enflamme José Santos Melara, un vétéran de la guerre civile qui a déchiré le Salvador de 1980 à 1992, et qui a manifesté vendredi contre la crytomonnnaie.
« Sans consultation »
« Ce sont des décisions (prises) sans consultation par ce gouvernement et les parlementaires (…) les gens ne voient pas en quoi elles auront un impact positif pour changer de manière significative leurs conditions de vie », juge la directrice des sondages de l’Université centraméricaine (UCA) Laura Andrade.
Selon l’UCA, 65,2% de la population n’est pas intéressée par le téléchargement du porte-monnaie électronique « Chivo » (« Super », en langage familier) nécessaire pour effectuer des transactions de la vie quotidienne en bitcoins, malgré les 30 dollars de bienvenue offerts par le gouvernement.
Une semaine avant l’entrée en vigueur, plusieurs centaines de personnes ont manifesté dans la capitale pour demander au Parlement de renoncer au bitcoin.
Mais la cryptomonnaie a aussi ses partisans : Jorge Garcia, un coiffeur âgé de 34 ans utilise le bitcoin depuis maintenant trois ans. Il estime que c’est une monnaie « d’avenir » et espère que « sa valeur va monter ».
Le Parlement salvadorien, dominé de manière écrasante par les partisans du président Bukele depuis les dernières élections législatives, a voté en juin la loi qui fera du bitcoin une monnaie ayant cours légal au Salvador et qui oblige à « accepter le bitcoin comme moyen de paiement ». La valeur du bitcoin « sera établie librement par le marché », stipule la loi.
Poursuivant la mise en oeuvre de la réforme, les députés ont approuvé mardi, à la demande du président Bukele, la création d’un fonds de 150 millions de dollars destiné à garantir la convertibilité automatique du bitcoin en dollars américains.
En outre, 200 distributeurs automatiques permettant d’échanger des bitcoins sont en cours d’installation. Certains gardés par des militaires pour prévenir leur dégradation par des opposants.
Volatilité
Des économistes, mais également la Banque Mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) ou la Banque interaméricaine de développement (BID) ont exprimé leur sceptiscisme.
Cette mesure aura « un impact négatif » sur les conditions de vie des Salvadoriens en raison de « la forte volatilité du taux de change » du bitcoin, et aura un impact « sur les prix des biens et services », selon l’économiste de l’Université du Salvador Oscar Cabrera.
Le bitcoin, c’est la promesse d’un « Titanic que personne ne gouverne », s’inquiète Oscar Cabrera, également ancien président de la Banque centrale du Salvador.
Le fait que la valeur de la cryptomonnaie soit déterminée « exclusivement par le marché » en fait une monnaie « hautement volatile », insiste la Fondation salvadorienne pour le développement économique et social (Fusades).
Elle estime par ailleurs « inconstitutionnel » d’imposer « l’acceptation obligatoire du bitcoin comme moyen de paiement ».
Le populaire président Bukele, critiqué pour son autoritarisme et son mépris de la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, a accusé l’opposition de vouloir « faire peur » à la population en dénigrant le bitcoin.
Craignant le blanchiment d’argent par des réseaux criminels, notamment de trafic de drogue, les Etats-Unis ont appelé le Salvador à « se protéger des acteurs malintentionnés » par un usage du bitcoin « réglementé », « transparent » et responsable ».
Économie
Gaz américain et européen au plus haut depuis un an, pour des raisons différentes
Le prix du gaz naturel a atteint un sommet inédit depuis un an, avec des causes distinctes selon les continents.
Le marché du gaz naturel a connu une flambée spectaculaire, atteignant des sommets jamais vus depuis plus d’un an, tant en Europe qu’aux États-Unis. En Amérique du Nord, les fluctuations météorologiques ont été le moteur principal de cette hausse, tandis qu’en Europe, les tensions géopolitiques ont été le catalyseur.
Aux États-Unis, les prévisions météorologiques ont joué un rôle crucial dans l’envolée des prix. Selon Masanori Odaka de Rystad Energy, les prévisions de températures inférieures aux normales saisonnières dans l’Ouest des États-Unis pour la première semaine de décembre ont stimulé la demande de gaz naturel. Eli Rubin d’EBW Analytics Group a noté que cette situation marque un tournant après un automne particulièrement doux qui avait jusqu’alors maintenu la consommation à un niveau bas. La perspective d’un hiver rigoureux a incité les spéculateurs à se couvrir, entraînant une hausse des prix qui a dépassé plusieurs seuils techniques. Cependant, la production pourrait augmenter en réponse à ces prix plus attractifs, ce qui pourrait stabiliser ou même faire baisser les cours si les conditions météorologiques redeviennent clémentes.
En Europe, le contexte est différent mais tout aussi préoccupant. Le TTF néerlandais, référence pour le marché européen, a vu ses prix grimper en raison de l’arrivée de l’hiver, mais surtout à cause des tensions géopolitiques. Gazprom, le géant gazier russe, a interrompu ses livraisons à l’Autriche, exacerbant les inquiétudes sur l’approvisionnement. De plus, un regain de tension militaire entre la Russie et l’Occident, illustré par l’utilisation de missiles balistiques, a contribué à cette hausse des prix. Ces événements rappellent la fragilité des marchés énergétiques face aux aléas géopolitiques.
Sur le marché du pétrole, les prix du Brent et du WTI ont également augmenté, reflétant une certaine solidarité avec le gaz naturel, bien que les dynamiques de marché soient distinctes. Le Brent a terminé à 74,23 dollars le baril, tandis que le WTI a atteint 70,10 dollars, soulignant une tendance haussière générale dans le secteur énergétique.
Économie
Ryanair menace d’arrêter de desservir dix aéroports régionaux français
En réponse à une hausse de la taxation aérienne, Ryanair envisage de réduire sa présence dans les régions françaises dès janvier 2025.
Face à la perspective d’une augmentation significative de la taxation du secteur aérien inscrite dans le budget 2025, la compagnie aérienne low-cost Ryanair a publiquement menacé de cesser ses opérations dans dix aéroports régionaux français. Cette décision, si elle est mise à exécution, pourrait avoir des répercussions importantes sur la connectivité aérienne des régions françaises, déjà fragilisées par des défis économiques et concurrentiels.
Le gouvernement, dans une tentative de combler un déficit budgétaire plus élevé que prévu, propose un triplement de la taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA) et une augmentation de la taxation des passagers de jets privés, visant à collecter un milliard d’euros supplémentaires. Cette mesure, bien que destinée à renforcer les finances publiques, pourrait entraîner une réduction drastique des services aériens dans les régions, selon Jason McGuinness, directeur commercial de Ryanair. Il a souligné que cette augmentation des taxes rendrait de nombreuses routes non viables économiquement, affectant particulièrement les zones rurales et moins desservies.
Ryanair, qui dessert actuellement 22 aéroports en France, dont deux près de Paris, envisage de réduire sa capacité de 50% dans les aéroports régionaux si le projet de taxation se concrétise. Cette menace n’est pas isolée; le PDG de Ryanair, Michael O’Leary, avait déjà indiqué des réductions de capacités en France et en Allemagne en réponse à des politiques fiscales similaires.
La compagnie aérienne, déjà confrontée à des défis opérationnels tels que des retards de livraison d’appareils et une demande en baisse, considère que l’augmentation de la TSBA représente un « problème fondamental pour la connectivité des régions françaises ». McGuinness a souligné l’intense concurrence entre les aéroports européens pour attirer des lignes aériennes, indiquant que Ryanair orienterait ses ressources vers les régions et pays offrant des conditions fiscales plus favorables.
Les impacts potentiels de cette réduction de service ne sont pas seulement économiques pour les régions concernées, mais également culturels et sociaux, en isolant davantage des territoires déjà en marge. La Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers (Fnam) a également mis en garde contre une baisse du trafic aérien pouvant atteindre 2% sur l’ensemble du territoire, avec des conséquences encore plus marquées pour les aéroports accueillant des compagnies à bas coûts.
Économie
Après Michelin, ArcelorMittal envisage la fermeture de deux sites en France
Après Michelin, le géant ArcelorMittal annonce la possible cessation d’activité de ses centres de Reims et Denain, menaçant 130 emplois.
La sidérurgie française fait face à un nouveau coup dur avec l’annonce d’ArcelorMittal, deuxième sidérurgiste mondial, qui envisage la fermeture de deux de ses sites en France. Cette décision, motivée par une baisse significative de la demande dans les secteurs de l’industrie et de l’automobile, pourrait entraîner la suppression de 130 emplois, principalement à Reims et à Denain.
Le 19 novembre 2024, lors d’une réunion avec le Comité Social et Économique (CSE), ArcelorMittal Centres de Services a présenté un projet de réorganisation et d’adaptation de ses capacités de production. Cette réorganisation inclut potentiellement la cessation d’activité des sites de Reims et de Denain. La direction a expliqué que cette mesure était rendue nécessaire par une « forte baisse d’activité chez ses clients de l’industrie et de l’automobile », soulignant que cette situation s’était aggravée ces derniers mois.
Les répercussions sociales de cette annonce sont immédiates et profondes. Environ 100 emplois seraient menacés à Reims et 30 à Denain. David Blaise, délégué syndical central CGT, et Xavier Le Coq, coordinateur CFE-CGC, ont exprimé leur inquiétude face à cette situation, pointant du doigt une gestion de crise qui, selon eux, ne prévoit pas suffisamment de solutions alternatives. Blaise critique notamment l’absence d’anticipation de la part de la direction, déplorant que « rien n’a été anticipé » pour faire face à la crise de l’automobile.
ArcelorMittal prévoit des négociations avec les syndicats pour discuter des mesures sociales visant à atténuer l’impact sur l’emploi. Cependant, les réactions sont vives : le site de Denain s’est mis en grève immédiatement, et des actions sont prévues sur l’ensemble des sites d’ArcelorMittal en France pour les prochains jours. Ces mouvements de protestation reflètent une frustration croissante parmi les salariés, encore marqués par la fermeture des hauts fourneaux de Florange en 2012.
Le contexte économique actuel, marqué par une réduction des ventes dans l’automobile, a déjà conduit Michelin à annoncer la fermeture de ses usines de Vannes et Cholet, affectant 1.254 emplois. Le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, a reconnu que d’autres annonces de fermetures pourraient suivre, soulignant néanmoins la nécessité de soutenir les secteurs industriels en croissance.
Cette situation illustre une crise plus large au sein de l’industrie manufacturière européenne, particulièrement dans l’automobile où 32.000 suppressions de postes ont été annoncées au premier semestre chez les équipementiers. La question de la diversification et de l’adaptation des entreprises à un marché en mutation est désormais plus que jamais d’actualité.
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