Monde
Afghanistan: l’EI tire des roquettes à Kaboul à la veille du départ des troupes américaines
Le groupe jihadiste Etat islamique a tiré lundi matin des roquettes vers l’aéroport de Kaboul, où l’armée américaine procédait à ses dernières évacuations sous la menace de nouveaux attentats, à la veille de son départ définitif d’Afghanistan après 20 années de présence sur place.
Le président américain Joe Biden a fixé à mardi l’échéance pour retirer les dernières troupes américaines d’Afghanistan où elles étaient entrées en 2001 pour chasser du pouvoir les talibans, en raison de leur refus de livrer le chef d’Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, après les attentats du 11 septembre.
Deux décennies plus tard, les talibans ont profité du retrait américain progressif ces derniers mois et de l’effondrement des forces de sécurité afghanes pour entrer dans Kaboul le 15 août et reprendre le pouvoir, après une offensive militaire éclair non anticipée par Washington.
Le retour des islamistes au pouvoir a obligé les Occidentaux à évacuer dans la précipitation depuis l’aéroport de Kaboul leurs ressortissants et des Afghans susceptibles de subir des représailles de la part des talibans, notamment pour avoir travaillé pour les forces étrangères.
Ce gigantesque pont aérien, commencé le 14 août et qui finira mardi, a permis d’exfiltrer 116.700 personnes, dont 1.200 entre dimanche et lundi, selon la Maison Blanche.
La tension autour de la dernière phase des opérations d’évacuation est à son comble depuis l’attentat de jeudi aux abords de l’aéroport, revendiqué par l’État islamique au Khorasan (EI-K) et qui a fait plus d’une centaine de morts dont 13 militaires américains.
Les Américains, qui avaient immédiatement mis en garde contre de nouveaux attentats, ont détruit dimanche un véhicule chargé d’explosifs, afin de « supprimer une menace imminente » de l’EI-K contre l’aéroport.
Washington n’a pas complètement exclu que la frappe de dimanche ait pu faire des victimes civiles. Elle a détruit un véhicule piégé qui se dirigeait vers l’aéroport et une maison à proximité a aussi été touchée, selon un porte-parole des talibans.
Lundi, l’EI-K a revendiqué avoir tiré six roquettes contre l’aéroport. Cela n’a pas affecté les opérations d’évacuation qui ont continué « sans interruption » selon la Maison Blanche. Un responsable taliban sur les lieux du tir a indiqué que les roquettes avaient été arrêtées par le système de défense anti-missile de l’aéroport.
‘On ne peut plus dormir’
Un photographe de l’AFP a pris la photo d’une voiture carbonisée ayant servi à lancer les roquettes, à près de deux kilomètres de l’aéroport. Il n’était pas possible de déterminer si elle avait détruite par le souffle des roquettes ou par une attaque de drone.
Même si ces roquettes ne semblent pas avoir fait de victimes, elles ont encore accentué l’angoisse des habitants vivant à proximité.
« Le son des roquettes volant au-dessus de notre maison nous a réveillés. On avait peur », a raconté l’un d’eux, dénommé Abdullah. « Depuis que les Américains ont pris le contrôle de l’aéroport, on ne peut plus dormir comme il faut. On est sans cesse dérangés par des coups de feu, des roquettes, des sirènes ou de gros avions. »
Joe Biden, sous le feu des critiques pour sa gestion de la crise, a accueilli dimanche les dépouilles des 13 soldats tués jeudi, sur la base militaire de Dover, dans le Delaware.
Les Etats-Unis déplorent 2.500 morts et une facture de plus de 2.000 milliards de dollars en 20 ans. Ils ressortent de cette guerre, la plus longue qu’ait connue l’Amérique, avec une image encore plus écornée par leur incapacité à prévoir la rapidité de la victoire talibane et par leur gestion des évacuations.
M. Biden a justifié sa décision de retirer les troupes américaines par son refus de faire perdurer plus longtemps cette guerre et par le fait que leur mission avait été accomplie avec la mort de Ben Laden, tué par les forces spéciales américaines en 2011 au Pakistan.
Mais nombre d’analystes craignent que le retour au pouvoir des talibans ne galvanise les groupes jihadistes, comme l’EI, responsable de certains des plus sanglants attentats commis ces dernières années en Afghanistan, ou Al-Qaïda.
Le principal porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid, a affirmé dans une interview que les attaques de l’EI devraient cesser après le départ des Américains, faut de quoi le nouveau régime « s’occupera d’eux ».
En représailles à l’attaque de jeudi, les États-Unis ont effectué samedi une frappe de drone dans l’Est de l’Afghanistan, tuant deux membres « de haut niveau » de la branche afghane de l’EI et en blessant un troisième. Ils ont averti que ce ne serait pas « la dernière ».
Des classes non mixtes
La chaîne américaine CNN a affirmé que neuf membres d’une famille, dont six enfants, avaient été tués lors de la frappe de dimanche. Les médias locaux ont aussi annoncé des victimes civiles.
« Nous savons qu’il y a eu des explosions importantes et puissantes à la suite de la destruction du véhicule, indiquant la présence d’une grande quantité de matière explosive à l’intérieur, ce qui a pu causer des pertes supplémentaires », a déclaré le Commandement central de l’armée américaine (Centcom) dimanche soir. « Ce qui s’est passé n’est pas clair, et nous continuons d’enquêter ».
La journée de lundi est marquée par une intense activité diplomatique. Washington réunit en visio-conférence ses « partenaires clés » (France, Canada, Allemagne, Italie, Japon, Royaume-Uni, Turquie, Qatar, Union européenne et Otan), afin de discuter « d’une approche alignée » pour l’avenir au-delà du 31 août.
Une réunion des membres permanents du Conseil de sécurité est aussi prévue. La France et le Royaume-Uni doivent y plaider en faveur de la création à Kaboul d’une « zone protégée » pour mener des opérations humanitaires, selon le président français Emmanuel Macron, une idée bien accueillie par Moscou.
Les talibans se sont engagés à laisser partir tous les étrangers et ressortissants afghans disposant d’un permis de s’installer ailleurs, même après mardi.
Les islamistes se sont efforcés depuis leur retour au pouvoir d’afficher une image d’ouverture et de modération qui laisse néanmoins sceptiques de nombreux pays et observateurs.
Lors de leur précédent passage au pouvoir entre 1996 et 2001, ils avaient imposé une version ultra-rigoriste de la loi islamique. Les femmes ne pouvaient ni travailler ni étudier, voleurs et meurtriers encouraient de terribles châtiments.
Le ministre par intérim de l’Enseignement supérieur du gouvernement taliban, Abdul Baqi Hazzani, a assuré dimanche que les Afghanes pourraient étudier à l’université, mais dans des classes non mixtes.
Le chef suprême des talibans, Hibatullah Akhundzada, qui n’est jamais apparu en public, est à Kandahar (Sud) où il vit « depuis le début », a annoncé dimanche son mouvement, affirmant qu’il apparaîtrait « bientôt en public ».
Europe
Arrestation du fils de la princesse de Norvège soupçonné de viol
Les forces de l’ordre norvégiennes ont procédé à l’arrestation de Marius Borg Høiby, 27 ans, suspecté d’agression sexuelle. Les détails de l’affaire commencent à émerger.
Lundi soir, les autorités norvégiennes ont mis sous les verrous Marius Borg Høiby, fils de la princesse héritière Mette-Marit, dans le cadre d’une enquête pour viol. Le jeune homme de 27 ans est accusé d’avoir eu un rapport sexuel avec une personne incapable de donner son consentement, selon les déclarations de la police. Cet incident est décrit comme un acte sexuel sans pénétration, où la victime était dans un état d’inconscience ou de faiblesse l’empêchant de s’opposer.
Les investigations ont rapidement progressé. Une perquisition a été menée au domicile de Høiby, où des éléments matériels ont été saisis. Cette arrestation fait suite à une précédente interpellation en août, lors d’une altercation nocturne à Oslo, où Høiby était accusé de violences domestiques. À cette occasion, un couteau avait été découvert planté dans un mur de la chambre de la femme impliquée, avec laquelle il entretenait une relation.
La situation s’est encore compliquée en septembre, lorsque Høiby a été arrêté pour avoir enfreint une ordonnance de protection. La police a révélé qu’au moment de son arrestation lundi, il se trouvait en compagnie de la même femme qui avait été impliquée dans l’incident d’août. Les charges contre lui se sont élargies pour inclure des accusations de violences domestiques.
Marius Borg Høiby, né d’une relation antérieure de Mette-Marit avant son mariage avec le prince héritier Haakon, n’a pas de rôle officiel au sein de la famille royale, contrairement à ses demi-frères et sœurs, la princesse Ingrid Alexandra et le prince Sverre Magnus. La police n’a pas encore décidé si Høiby serait placé en détention provisoire, laissant l’avenir judiciaire du jeune homme en suspens.
Cet événement soulève des questions sur les dynamiques familiales au sein de la royauté norvégienne et sur la manière dont la justice traite les affaires impliquant des personnalités publiques. La Norvège, connue pour son système judiciaire transparent et équitable, devra naviguer avec soin dans cette affaire délicate, assurant à la fois la protection des droits de la victime et le respect des procédures légales.
Europe
Russie : Vladimir Poutine signe un décret permettant un recours plus large à l’arme nucléaire
Face à la montée des tensions avec l’Occident, Vladimir Poutine a modifié la doctrine nucléaire russe, permettant un recours plus large à l’arsenal atomique en cas de menaces jugées sérieuses.
L’annonce de la signature par le président russe Vladimir Poutine d’un décret élargissant les conditions d’emploi des armes nucléaires marque une nouvelle étape dans l’escalade des tensions internationales. Ce décret intervient après que les États-Unis ont permis à l’Ukraine d’utiliser des missiles à longue portée contre la Russie, signalant une évolution stratégique dans le conflit.
Le document, signé le 19 novembre, modifie substantiellement la politique nucléaire russe. Désormais, toute attaque contre la Russie par un État non nucléaire, mais soutenu par une puissance nucléaire, sera considérée comme une agression conjointe. Cette révision reflète une adaptation de la Russie à ce qu’elle perçoit comme des menaces croissantes à sa sécurité, selon les dires du Kremlin. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a justifié cette mesure en expliquant qu’il était impératif de réajuster les fondements de la doctrine nucléaire face aux défis actuels.
Cette décision intervient à un moment où les relations entre la Russie et l’Occident sont particulièrement tendues. Fin septembre, Poutine avait déjà fait état de sa volonté d’utiliser l’arme nucléaire en réponse à une attaque aérienne massive contre le territoire russe, une menace qui a été réitérée par la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, indiquant que la réponse de la Russie serait proportionnée et décisive.
La Russie accuse également l’Ukraine d’avoir utilisé des missiles de longue portée fournis par les États-Unis pour frapper la région de Briansk. Selon les informations relayées par le ministère russe de la Défense, six missiles ATACM ont été lancés, dont cinq ont été interceptés par la défense antiaérienne russe. Les débris auraient causé des dommages mineurs à un site militaire, attisant encore la tension dans la région.
Cette escalade dans la rhétorique et les actions nucléaires soulève des inquiétudes quant à une possible intensification du conflit, déjà marqué par des échanges de prisonniers et des accusations réciproques d’agressions. La signature de ce décret par Poutine pourrait être interprétée comme une tentative de dissuasion, mais aussi comme une manifestation de l’intention de la Russie de protéger ses intérêts par tous les moyens, y compris les plus extrêmes.
Économie
Climat, guerres, Trump: le G20 sous pression en sommet à Rio
Le sommet du G20 à Rio de Janeiro se tient sous haute tension, avec des enjeux climatiques et géopolitiques majeurs, et l’influence croissante de Donald Trump.
Le sommet du G20, qui réunit les dirigeants des économies les plus influentes du monde, a débuté à Rio de Janeiro dans un contexte marqué par des défis climatiques pressants et des tensions géopolitiques exacerbées. Les discussions, qui se déroulent dans un cadre de plus en plus instable, sont dominées par la nécessité de trouver des accords sur le financement climatique et la gestion des conflits internationaux, tout en anticipant le retour de Donald Trump à la présidence américaine.
Les dirigeants du G20, représentant une part significative du PIB mondial et des émissions de gaz à effet de serre, sont confrontés à l’urgence d’agir pour le climat. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé à des compromis pour garantir un résultat positif à la prochaine conférence sur le climat, la COP29. Cependant, les divergences sur les questions climatiques et les conflits en cours, notamment en Ukraine et au Proche-Orient, rendent les négociations particulièrement ardues. La Russie, absente du sommet, continue d’influencer les discussions par son conflit avec l’Ukraine, tandis que la situation à Gaza et au Liban ajoute une complexité supplémentaire.
Le président argentin Javier Milei, connu pour ses positions ultralibérales et climatosceptiques, introduit une incertitude supplémentaire. Buenos Aires a exprimé des réserves quant à l’adhésion à un communiqué commun, ce qui pourrait entraver les efforts de consensus. De son côté, le président brésilien Lula da Silva, hôte du sommet, souhaite recentrer les débats sur les enjeux sociaux et la lutte contre la pauvreté, avec le lancement d’une Alliance globale contre la faim et la pauvreté, et la proposition d’une taxation des plus riches, déjà discutée entre les ministres des Finances du G20.
L’ombre de Donald Trump, qui devrait revenir à la Maison Blanche en janvier, plane sur le sommet. Joe Biden, en visite en Amazonie, a envoyé un message fort sur la nécessité de protéger l’environnement, soulignant le risque d’un affaiblissement des ambitions climatiques mondiales sous une nouvelle administration républicaine. Cette perspective alimente les craintes d’une fragmentation internationale accrue et d’un retour en arrière sur les engagements climatiques.
Les discussions bilatérales de Xi Jinping avec d’autres dirigeants illustrent également l’importance croissante des pays émergents et des visions alternatives dans un ordre mondial en pleine mutation. Selon Oliver Stuenkel, professeur en relations internationales, le monde entre dans une phase d’imprévisibilité accrue, où les pays du Sud et la Chine auront plus d’espace pour articuler leurs propres stratégies.
Le G20 de Rio de Janeiro se tient à un moment critique où les leaders doivent naviguer entre les impératifs climatiques, les conflits internationaux et les changements politiques majeurs, tout en cherchant à maintenir un semblant d’unité et d’action collective.
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