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Culture – Les grandes chansons francophones :  » Mélocoton  » de Colette Magny

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1963, reflet d’une époque, ce temps où sévit une énorme censure sur les ondes radiophoniques. C’est ainsi que l’auteur-compositrice et interprète Colette Magny reste un moment dans l’ombre, connue seulement d’un public averti. Vague  » yéyé  » oblige, le titre passe pratiquement inaperçu. L’artiste n’essaye pas de séduire, elle travaille sur les mots, mais aussi sur la forme qu’elle veut changeante et révolutionnaire. Sa maison de disques américaine, CBS, accueille mal cette œuvre politique et les médias choisissent de l’ignorer. On raconte que les dirigeants de l’ORTF rayaient ses disques pour s’assurer qu’ils ne soient pas diffusés. C’est en 1965 que ce titre réapparait sur un album et devient l’un des titres les plus connus de cette chanteuse à la voix admirable.

Il semble impossible de ranger cette chanson dans telle ou telle catégorie, celle-ci se présente sous la forme d’une étrange ballade très blues et jazz édicté par deux enfants, dont l’un se prénomme Melocoton (qui désigne la pêche en espagnol). Les paroles nous permettent de faire la connaissance de ces deux enfants, présentés dès le premier couplet :

« Melocoton et Boule d’or, deux gosses dans un jardin. »

L’un, des enfants, « Boule d’or », un garçon, se demande s’il aura une grosse voix comme papa, ne cesse de poser des questions sur les membres de sa famille, plus âgés, sous des formes très directes, auxquelles « Mélocoton » sans doute son frère aîné répond : «  J’en sais rien, viens, donne-moi la main. »

Colette Magny : (1926 /1997). 

A 36 ans, gênée par une obésité précoce, elle démissionne d’un poste à l’OCDE et débute sa carrière artistique.

Entourée de nombreux musiciens de jazz, elle fait ses premières scènes au Cabaret de la Contrescarpe. Son passage au Petit Conservatoire de Mireille lui donne une fulgurante notoriété et le succès de sa chanson Melocoton la propulse au hit-parade.

Mais Colette se méfie et refuse d’être enfermée dans un répertoire dans lequel elle ne se retrouve pas.  Elle ne sera ni une idole yéyé, ni la « Ella Fitzgerald blanche », comme aiment à l’appeler les journalistes. Elle proclame son indépendance se met à écrire des textes engagés pour donner une voix à ceux qui n’en ont pas. Ces prises de position politique sont provoquées par la guerre d’Algérie et un violent affrontement survenu devant son domicile. Dès lors, elle soutient les luttes anticolonialistes et fait de sa voix un cri en faveur des indépendances.

Elle trouve dans le jazz et le répertoire des chanteuses noires américaines la possibilité de mettre en valeur sa voix. Sur scène, elle ne laisse rien paraître de ces douleurs intimes.

Elle prête également sa voix aux textes poétiques français et met en chanson Victor Hugo, Arthur Rimbaud, Rainer Maria Rilke, Louis Aragon ou Antonio Machado.

Dès 1965, elle lance « Choisis ton opium » et place ses espoirs politiques dans la révolution cubaine. Deux ans plus tard, la guerre du Vietnam renforce son engagement. Magny s’éloigne de la structure traditionnelle du couplet-refrain et s’aventure vers l’expérimental : elle chantera jusqu’à la fin de sa vie, mêlant slam, rap, textes parlés et chansons de son si riche répertoire.

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