Nous rejoindre sur les réseaux

Société

Toulouse: la guerre d’usure des policiers de terrain contre la drogue

« Depuis les fusillades, on est sur les Izards. Quand ils ont tiré, il y avait des familles, des enfants. Ca aurait pu être un carnage ». Pour Séverine, l’heure est à une nouvelle patrouille anti-drogue à la tête d’une Brigade spécialisée de terrain. 

Article

le

toulouse:-la-guerre-d’usure-des-policiers-de-terrain-contre-la-drogue

« Depuis les fusillades, on est sur les Izards. Quand ils ont tiré, il y avait des familles, des enfants. Ca aurait pu être un carnage ». Pour Séverine, l’heure est à une nouvelle patrouille anti-drogue à la tête d’une Brigade spécialisée de terrain.

Après plusieurs fusillades mortelles dans ce quartier du nord de Toulouse, le travail de ces policiers de terrain s’est focalisé sur la lutte contre le trafic de stupéfiants.

Le 10 août, vers 23h00 un homme de 29 ans est tué à deux pas de la station de métro des Trois Cocus sur le point de deal de la cité des Izards. Deux jeunes gens, connus des services de police pour des affaires de stupéfiants, sont blessés par balles.

A quelques pas de là, le 24 août, un jeune homme en situation irrégulière succombe à plusieurs tirs dans le dos. Le soir même, deux suspects, liés à des affaires de drogue, sont interpellés et mis en examen.

Du côté des syndicats de police, on dénonce « la prolifération des armes », et un été marqué par des « crimes d’habitude », évoquant une dérive à la marseillaise de la ville rose.

Ce jeudi vers 16h00, l’équipage de la BST des quartiers nord est appelé pour interpeller deux dealers.

Sous les cris des guetteurs

Séverine, 41 ans, transmet l’information aux trois hommes de son équipe: « Les collègues ont fait une surveillance: le trafic de stups a mis une heure à se mettre en place, ils ont identifié l’Apache comme vendeur ».

Chez les femmes et hommes de cette police du quotidien, qui sillonne les rues des cités, les dealers ont des surnoms. On se salue avec les guetteurs, la confrontation est habituelle, presque courtoise.

Quand le fourgon Ford siglé arrive dans la cité, les cris des guetteurs fusent, « UTeQ (ancien nom des BST, NDLR) à la bibliothèque ». Le trajet du véhicule est signalé pas à pas.

« C’est comme ça toute la journée », lance Daoud, un sous-brigadier. « Une véritable nuisance, du matin au soir ils crient. Les habitants sont exténués. »

« Parfois, on leur colle une amende pour tapage, 68 euros, la moitié de leur paye du jour. Un +chouf+ (guetteur, ndlr) peut gagner 4.000 euros par mois, un vendeur 10.000 », poursuit-il.

Quand le fourgon débouche à la station de métro, deux policiers descendus un peu avant pour essayer de prendre en étau les dealeurs, font de grands signes. Les « cibles » ont décampé, l’alerte a, une fois de plus, bien fonctionné.

Assis sur un muret, une quinzaine de clients en attente de livraison se lèvent au passage des policiers. De tous âges et milieux, ils observent la patrouille sans crainte, malgré la mise en place récente d’une amende forfaitaire visant les consommateurs .

Mais verbaliser n’est pas l’objectif du jour des fonctionnaires. Et les consommateurs savent qu’ils ne risquent rien sans produits sur eux.

De 20.000 à 25.000 euros par jour

« Ce +point stups+ tourne à 20/25.000 euros », affirme Séverine.

Après plusieurs tentatives infructueuses sur différents lieux de ventes environnants, la cheffe de bord décide de fouiller les planques « où ils cachent l’argent et la drogue ».

Un parking est ainsi méticuleusement ratissé, chaque recoin scruté.

« On essaie de leur faire mal. On a pu trouver jusqu’à 3.000 euros dans des sachets, maintenant c’est plutôt 500. Ils se sont adaptés et tournent plus souvent pour livrer », explique encore Séverine.

Daoud, qui est « redescendu » à Toulouse après 17 ans de BAC en région parisienne, se remémore « (qu’)à la place du terrain vague, il y avait des tours qui ont été détruites ».

Ce quartier, où a grandi Mohamed Merah, ne serait « pas si mal sans la drogue », observe-t-il. Les quelques barres s’élèvent parmi une majorité d’immeuble de quatre ou cinq niveaux entourés d’espace verts, de jardins et petites maisons.

Les quatre fonctionnaires affirment « garder la gnaque » dans cette guerre de position, réfutant avoir l’impression de vider la mer à la petite cuillère. « Nous, on se dit si on travaille, c’est pour les habitants », lance Séverine.

(Les prénoms des policiers ont été changés)

Click to comment

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Économie

Ryanair menace d’arrêter de desservir dix aéroports régionaux français

Article

le

Ryanair menace d'arrêter de desservir dix aéroports régionaux français

En réponse à une hausse de la taxation aérienne, Ryanair envisage de réduire sa présence dans les régions françaises dès janvier 2025.

Face à la perspective d’une augmentation significative de la taxation du secteur aérien inscrite dans le budget 2025, la compagnie aérienne low-cost Ryanair a publiquement menacé de cesser ses opérations dans dix aéroports régionaux français. Cette décision, si elle est mise à exécution, pourrait avoir des répercussions importantes sur la connectivité aérienne des régions françaises, déjà fragilisées par des défis économiques et concurrentiels.

Le gouvernement, dans une tentative de combler un déficit budgétaire plus élevé que prévu, propose un triplement de la taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA) et une augmentation de la taxation des passagers de jets privés, visant à collecter un milliard d’euros supplémentaires. Cette mesure, bien que destinée à renforcer les finances publiques, pourrait entraîner une réduction drastique des services aériens dans les régions, selon Jason McGuinness, directeur commercial de Ryanair. Il a souligné que cette augmentation des taxes rendrait de nombreuses routes non viables économiquement, affectant particulièrement les zones rurales et moins desservies.

Ryanair, qui dessert actuellement 22 aéroports en France, dont deux près de Paris, envisage de réduire sa capacité de 50% dans les aéroports régionaux si le projet de taxation se concrétise. Cette menace n’est pas isolée; le PDG de Ryanair, Michael O’Leary, avait déjà indiqué des réductions de capacités en France et en Allemagne en réponse à des politiques fiscales similaires.

La compagnie aérienne, déjà confrontée à des défis opérationnels tels que des retards de livraison d’appareils et une demande en baisse, considère que l’augmentation de la TSBA représente un « problème fondamental pour la connectivité des régions françaises ». McGuinness a souligné l’intense concurrence entre les aéroports européens pour attirer des lignes aériennes, indiquant que Ryanair orienterait ses ressources vers les régions et pays offrant des conditions fiscales plus favorables.

Les impacts potentiels de cette réduction de service ne sont pas seulement économiques pour les régions concernées, mais également culturels et sociaux, en isolant davantage des territoires déjà en marge. La Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers (Fnam) a également mis en garde contre une baisse du trafic aérien pouvant atteindre 2% sur l’ensemble du territoire, avec des conséquences encore plus marquées pour les aéroports accueillant des compagnies à bas coûts.

Lire Plus

France

Procès de Pierre Palmade : l’humoriste condamné à cinq de prison, dont deux ferme

Article

le

Procès de Pierre Palmade : l’humoriste condamné à cinq de prison, dont deux ferme

L’humoriste Pierre Palmade a été condamné à cinq ans de prison, dont deux ans ferme, pour avoir provoqué un grave accident de la route sous l’emprise de stupéfiants.

Le 20 novembre, le tribunal de justice de Melun a rendu son verdict dans l’affaire impliquant Pierre Palmade, condamnant l’humoriste à cinq ans de prison, dont deux ans ferme, pour « blessures involontaires aggravées ». L’accident, survenu le 10 février 2023, a eu des conséquences dramatiques pour trois membres d’une même famille, dont une femme enceinte qui a dû subir une césarienne en urgence, et dont l’enfant est décédé après une tentative de réanimation.

Lors du jugement, le parquet avait requis une peine de cinq ans de prison, dont deux ans ferme, peine qui a été suivie par le tribunal. Palmade, bien que condamné, a été laissé en liberté, un mandat de dépôt différé ayant été prononcé. Le président du tribunal a précisé que l’humoriste serait convoqué par le procureur de Bordeaux pour déterminer la date et l’établissement où il purgera sa peine.

Pierre Palmade, face à la gravité de ses actes, a exprimé son profond regret.

L’avocat des parties civiles, Me Mourad Battikh, a souligné que si la justice avait été rendue, la peine ne pouvait pas compenser la douleur des victimes. Palmade, de son côté, a directement adressé ses excuses aux victimes, exprimant une douleur personnelle en voyant « en vrai » les conséquences de son acte. Il a déclaré être « terrassé » par la réalité de la situation et a demandé pardon de tout son être.

Cet accident, provoqué sous l’emprise de cocaïne et de 3MMC, a non seulement marqué la vie des victimes, mais aussi mis en lumière les dangers de la consommation de stupéfiants au volant. Palmade, âgé de 56 ans, a reconnu sa responsabilité dans ce drame, marquant ainsi un tournant dans sa carrière et sa vie personnelle.

Lire Plus

Société

Titres restaurant pour les courses alimentaires: l’Assemblée adopte une prolongation jusqu’à fin 2026

Article

le

Titres restaurant pour les courses alimentaires: l'Assemblée adopte une prolongation jusqu'à fin 2026

L’Assemblée nationale a voté la prolongation de l’utilisation des tickets restaurant pour l’achat de tous les produits alimentaires jusqu’à fin 2026. Une mesure qui, bien qu’approuvée par une large majorité, suscite des critiques de la part des restaurateurs.

L’Assemblée nationale a pris une décision rapide et unanime mercredi pour prolonger jusqu’à la fin de l’année 2026 l’utilisation des tickets restaurant pour l’achat de produits alimentaires en supermarché. Cette dérogation, initialement mise en place en 2022 en réponse à la pandémie de Covid-19, avait déjà été reconduite pour une année supplémentaire en décembre 2023 en raison de la persistance d’une inflation élevée. Avec cette nouvelle extension, les parlementaires souhaitent éviter un retour brutal à la normale pour les consommateurs, permettant ainsi une transition en douceur.

La décision a été accueillie avec un consensus presque total à l’Assemblée, où aucun député n’a voté contre, bien que 75 aient voté en faveur. La secrétaire d’État à la consommation, Laurence Garnier, a souligné l’importance de cette mesure pour éviter toute « mauvaise surprise » aux consommateurs lors de leurs achats alimentaires. Elle a également évoqué l’ouverture de discussions sur une réforme des titres restaurant dès 2025, reconnaissant ainsi que cette prolongation n’est qu’une solution temporaire à une problématique plus large.

Cette prolongation bénéficie directement à environ 5,4 millions de salariés en France, leur permettant d’acheter des produits alimentaires de base comme la farine, les pâtes, le riz, ou encore la viande, avec leurs tickets restaurant. La mesure, qui devait initialement s’arrêter le 31 décembre, a été étendue pour deux années supplémentaires, suite à l’adoption d’un amendement de la députée Olivia Grégoire, pérennisant ainsi l’utilisation des tickets restaurant pour des achats au-delà des traditionnels repas pris à l’extérieur.

Cependant, cette décision n’est pas sans controverse. Les restaurateurs, déjà touchés par la crise sanitaire et économique, expriment leur mécontentement face à cette mesure qui, selon eux, favorise la grande distribution au détriment des petits commerces de proximité. Les députés de la droite, notamment les LR, ont plaidé pour une prolongation d’un an seulement, mettant en avant la nécessité de protéger les restaurateurs d’une perte de parts de marché encore plus grande.

Les débats ont également été l’occasion de souligner la nécessité d’une réforme globale des titres restaurant. Diverses propositions ont été formulées, allant de l’accélération de la dématérialisation des tickets, à la réduction des commissions appliquées aux commerçants, en passant par des initiatives pour promouvoir une alimentation plus saine et durable. Certains députés ont même suggéré d’ouvrir cette mesure aux étudiants, augmentant ainsi la portée sociale de cette aide au pouvoir d’achat.

Lire Plus

Les + Lus