Nous rejoindre sur les réseaux

Culture

Les grandes chansons françaises :  » Le temps des cerises  » Cora Vaucaire

Article

le

Antoine-Aimé Renard, né le 15 février 1825 à Lille (Nord), décédé le 9 mai 1872 à Paris, est un ténor d’opéra français, connu surtout pour avoir composé la musique du « Temps des cerises », la célèbre chanson de Jean-Baptiste Clément.


Il est des airs ou des chansons qui, historiquement, s’identifient à des événements qu’ils ont en général accompagnés. Pour certains (« La Marseillaise », « Le chant des partisans »), le doute est impossible, mais il s’en trouve d’autres qui s’avèrent être des légendes construites après coup et que l’examen historique débusque. L’un des exemples les plus emblématiques est le lien établi apostériori entre « Le temps des cerises » et la Commune de Paris, pour la raison très simple que cette jolie romance a été composée cinq ans avant les tragiques événements parisiens et qu’il faut beaucoup d’imagination pour trouver une relation entre ses paroles et les massacres de mai 1871.

Comment concevoir en effet que « les belles [aient eu] la folie en tête et les amoureux le soleil au cœur » sur les barricades de la Semaine sanglante, tandis que « rossignol et merle moqueur » se seraient sentis « tous en fête« ? Et était-ce vraiment le moment « où l’on s’en va deux cueillir en rêvant des pendants d’oreilles« ? Qu’importe, de subtils décodeurs ont lu entre les lignes : ils ont découvert que les cerises sont comparées à des « gouttes de sang » et qu’il est recommandé « d’éviter les belles« , formulation qui dissimule en fait « évitez les balles »… »Le temps des cerises » est un texte crypté! D’ailleurs, l’auteur ne garde-t-il pas au cœur, « de ce temps-là (…) une plaie ouverte« ? 

Et si la réalité était plus simple? « Le temps des cerises« écrit par le chansonnier Jean-Baptiste Clément en 1866, dans une auberge de l’Oise, alors qu’il partait pour la Belgique, s’inscrit dans un genre très français renouvelé de siècle en siècle : la romance exprimant en termes poétiques un chagrin d’amour. On l’a souvent rapproché d’un autre grand succès composé quatre-vingts ans plus tôt par Jean-Pierre Claris de Florian, « Plaisir d’amour« . Dans les deux cas, l’auteur se plaint de l’inconstance d’une belle, suggérée chez Clément, nommée chez Florian (« l’ingrate Sylvie« ). Et la « plaie ouverte » du « Temps des cerises » est bien clairement désignée comme peine d’amour. Il n’y a pas trace de politique là-dedans.

D’ailleurs, quand l’éconduit du « Temps des cerises » envisage ce qui serait susceptible de calmer sa douleur, il suppose que « dame Fortune » pourrait lui être offerte, ce qui ne semble guère compatible avec une attitude révolutionnaire. « Le temps des cerises » est une jolie et mélancolique chanson d’amour qui connut en son temps un réel succès et qui demeure d’ailleurs, un siècle et demi plus tard, la seule composition qui ait échappé à l’oubli d’un auteur par ailleurs assez prolixe.

 D’abord, d’où vient-elle, cette légende? Jean-Baptiste Clément était indiscutablement un homme engagé et il participa effectivement à la Commune de 1871. En 1882, par sympathie (et peut-être parce qu’il en avait été fugitivement amoureux), il dédicaça son grand succès à une infirmière inconnue rencontrée pendant les combats et nommée Louise. De là à faire du « Temps des cerises » un hymne révolutionnaire, il y a de la distance. Elle a été franchie au XX° siècle et a sans doute assuré la survie de la romance, chantée par tous les artistes se déclarant de gauche et littéralement réactualisée lors de l’élection de François Mitterrand en 1981. Qu’importe s’il faut se livrer à des contorsions compliquées pour trouver un sens politique au ton élégiaque des paroles, « le temps des cerises » est devenu un chant de ralliement.

C’est d’autant plus étonnant que, précisément, Jean-Baptiste Clément avait tiré de son expérience de communard une autre chanson, réellement engagée, celle-là : « la semaine sanglante« . Les paroles sont d’une autre portée que la bluette du « temps des cerises« . « On traque, on enchaîne, on fusille« , dénoncent-elles. « Sans pain, sans travail et sans armes / Nous allons être gouvernés / Par des mouchards et des gendarmes / Des sabres-peuple et des curés« . Et le refrain sonne comme un appel : »Et gare à la revanche / Les mauvais jours finiront / Quand tous les pauvres s’y mettront« ! 

Bizarrement, plus personne, hormis  les historiens, ne connaît ce brûlot révolutionnaire, mais on persiste à croire que les soupirs d’un amant déçu qui avait vécu de si doux moments à cueillir des cerises avec sa belle sont un appel à l’insurrection.

Peut-être cela convient-il mieux à nos sociétés apaisées, où même les émeutes s’apparentent à des jeux de rôle. Ne nous en plaignons pas : aujourd’hui, un mort lors d’une manifestation est une affaire d’État. Il y a 150 ans, la Commune de Paris en avait aligné plus de 20.000 en une semaine…

Biographie de Cora Vaucaire Collin

Née le 22 juillet 1918 à Marseille, Geneviève Collin fait ses débuts en interprétant sur scène les poètes Jacques Prévert et Louis Aragon. Considérée comme la créatrice du classique « Les Feuilles mortes » qu’elle dit avoir interprété avant Yves Montand, elle défend le répertoire d’une jeune artiste inconnue nommée Barbara, dont elle chante « Dis quand reviendras-tu » et « Attendez que ma joie revienne », et l’incite à se produire elle-même. Dans les années cinquante, Cora Vaucaire se fait aussi l’interprète de Léo Ferré avec « Le Pont Mirabeau », d’après le poème de Guillaume Apollinaire, ou « Les Forains ».

Le répertoire de Cora Vaucaire, mariée au parolier Michel Vaucaire, s’étend bien au-delà de ses contemporains. La chanteuse surnommée « La Dame Blanche de Saint-Germain des Prés » interprète aussi bien des airs du Moyen-Âge que des vaudevilles de Fragson (« Je ne peux pas ») ou Yvette Guilbert (« Quand on vous aime comme ça »). En 1955, elle chante « La Complainte de la butte » dans le film French Cancan de Jean Renoir, et en 1961, obtient son plus grand succès avec « Trois petites notes de musique », extrait du film Une aussi longue absence d’Henri Colpi.

Cora Vaucaire est aussi connue pour son engagement en chansons à travers son interprétation de l’hymne « Le Temps des cerises » et de « L’Internationale » devant les usines en grève lors des manifestations de Mai 1968. Représentante d’une chanson française de qualité qu’elle exporte jusqu’au Japon (sa tournée nipponne dans les années 1980), Cora Vaucaire se produit sur scène jusqu’à un âge avancé, comme en témoignent ses tours de chant au Théâtre Dejazet en 1992, à la Comédie des Champs-Élysées en 1997 et aux Bouffes du Nord en 1999.

Atteinte d’ostéoporose depuis plusieurs années, Cora Vaucaire décède à Paris le 17 septembre 2011, à l’âge de 93 ans.

Télécharger l’application Le Singulier > IOS (iPhone) > Android (Samsung) <

Culture

Techno aux fourneaux : à Marseille, un restau-salle de mix attire les DJs

Article

le

Techno aux fourneaux : à Marseille, un restau-salle de mix attire les DJs

Un restaurant marseillais transforme ses cuisines en scène de mix, attirant une foule de DJs et de gourmets du monde entier.

Dans l’emblématique Vieux-Port de Marseille, un restaurant unique en son genre a émergé, où la gastronomie rencontre les rythmes électroniques. Ce concept novateur, baptisé « Let Him Cook », a su captiver une audience internationale en mélangeant l’art culinaire et la performance DJ.

Le spectacle se déroule dans une cuisine où les chefs préparent les plats sous l’œil vigilant des caméras, tandis que des DJs, installés sur une petite scène improvisée, mettent l’ambiance avec des sets de musique variés. L’idée, lancée en août dernier, a rapidement pris de l’ampleur, avec près de 80 DJs ayant déjà participé à cette fusion inédite de gastronomie et de musique.

L’espace restreint de la cuisine impose une logistique complexe, mais Enzo Franceschi, l’un des chefs, confirme que cette expérience est désormais incontournable. « Cela nous aide à garder le rythme pendant les services intenses », explique-t-il, soulignant l’énergie positive que les DJs apportent à l’équipe. Carla Mo, une DJ locale, décrit l’expérience comme « immersive », où les odeurs de la cuisine et la musique créent une atmosphère unique.

Théo Ferrato, le jeune fondateur de 20 ans de « Let Him Cook », a voulu rompre avec l’esthétique froide souvent associée aux performances de musique électronique. « Dans une cuisine, tout est authentique, on ne peut pas tricher », affirme-t-il. Cette connexion entre les chefs et les DJs, selon lui, est la clé du succès du concept, qui explore les similitudes entre la création musicale et la préparation culinaire.

Le projet a vu le jour grâce à une volonté de réconciliation avec sa grand-mère vietnamienne, qui rêvait de voir Théo embrasser une carrière médicale. En montrant comment il pouvait unir ses passions pour la musique et la cuisine, il a su la conquérir. Aujourd’hui, le spectacle compte des millions de vues en ligne et attire des DJs du monde entier, de l’Amérique à l’Asie, chacun apportant sa touche culturelle et musicale.

Charles B., un DJ international avec une forte présence sur Instagram, témoigne de l’unicité de l’expérience : « J’ai joué dans des endroits incroyables, mais animer une cuisine de restaurant est une première pour moi. » Cet événement hybride, où l’on marie la haute gastronomie avec les pulsations de la scène électronique, continue de séduire les amateurs de bonne musique et de bonne chère, faisant de Marseille un nouveau lieu de pèlerinage pour les mélomanes et les gastronomes.

Lire Plus

Culture

Rachida Dati annonce un label pour « soutenir » et « valoriser » les discothèques

Article

le

Rachida Dati annonce un label pour "soutenir" et "valoriser" les discothèques

La ministre de la Culture, Rachida Dati, dévoile un nouveau label pour reconnaître et encourager les discothèques qui contribuent à la création artistique et à la sécurité.

Le 29 novembre 2024, la ministre de la Culture et du Patrimoine, Rachida Dati, a annoncé la création d’un label baptisé « Club Culture ». Cette initiative vise à identifier et à promouvoir les discothèques qui jouent un rôle actif dans le soutien à la création artistique et à la scène des DJs. Lors d’une allocution au club Mazette, situé dans le 12e arrondissement de Paris, elle a souligné l’importance de cette reconnaissance pour les acteurs de la vie nocturne.

L’objectif du label « Club Culture » est double : d’une part, il s’agit de valoriser les établissements qui s’engagent dans la lutte contre les violences et le harcèlement sexistes et sexuels, et d’autre part, de reconnaître leur contribution à la scène artistique. Rachida Dati a affirmé que ce label offrira aux discothèques un soutien tangible, en augmentant leur visibilité et en les protégeant face aux défis actuels du secteur. Elle a également mentionné que des critères précis seraient prochainement établis pour déterminer les établissements éligibles.

Ce label, qui sera attribué pour une période de trois ans, permettra aux clubs d’afficher fièrement l’appellation « Clubs Culture – lieux d’expression artistique et de fête ». Les discothèques sélectionnées seront listées dans un annuaire en ligne, accessible via le site du ministère de la Culture, facilitant ainsi leur identification par le public et les professionnels du secteur.

Rachida Dati a également mis l’accent sur l’importance de l’accessibilité pour tous les publics et de la parité dans la programmation artistique. Ces éléments seront pris en compte dans les critères d’attribution du label, soulignant ainsi l’engagement du gouvernement à faire des discothèques des espaces culturels inclusifs et dynamiques.

Cette annonce marque une reconnaissance officielle de l’importance des discothèques dans le paysage culturel français, les positionnant comme des acteurs essentiels de la création et de la diffusion artistique, tout en renforçant leur rôle social et culturel.

Lire Plus

Culture

Affaire Slimane : une seconde plainte pour harcèlement sexuel déposée contre le chanteur

Article

le

Affaire Slimane : une seconde plainte pour harcèlement sexuel déposée contre le chanteur

Après une première plainte pour harcèlement sexuel, le chanteur Slimane est à nouveau mis en cause pour des faits d’agression sexuelle survenus lors d’une fête post-concert.

La carrière de Slimane, révélé par l’émission The Voice, est ébranlée par une série d’accusations de harcèlement sexuel. Le chanteur de 35 ans est désormais confronté à une seconde plainte, déposée cette fois pour agression sexuelle et tentative d’agression sexuelle. Les événements en question se seraient produits lors d’une célébration privée après un concert au Zénith de Saint-Étienne.

Cette nouvelle plainte a été déposée par un technicien lumière, âgé de 33 ans, qui travaillait pour Play Two, la société productrice de la tournée de Slimane. La nuit du 17 décembre 2023, après un spectacle réussi, une fête en coulisses a été organisée pour l’équipe technique et l’artiste. C’est dans ce contexte festif que l’agression aurait eu lieu. Selon le plaignant, Slimane l’aurait saisi par les hanches, une action qui a été interrompue par l’intervention du frère du chanteur. Des témoins auraient capturé la scène sur vidéo, mais à la demande du frère de Slimane, ces preuves auraient été effacées.

Suite à cet incident, le technicien et trois de ses collègues ont décidé de rompre leur contrat avec l’artiste. Ils reprochent à Play Two d’avoir minimisé l’incident, le qualifiant de simple « fête ». Cette réaction a visiblement contribué à l’escalade des tensions et à la décision des plaignants de quitter la tournée.

L’enquête préliminaire ouverte à la suite de la première plainte pour harcèlement sexuel se trouve maintenant élargie avec ces nouvelles accusations. Le parquet de Saint-Étienne est désormais saisi de l’affaire, et l’entourage de Slimane reste silencieux face à ces allégations.

Cette série de plaintes soulève des questions sur le comportement du chanteur et sur la gestion de ces incidents par les structures qui l’entourent. L’industrie du spectacle, souvent sous le feu des projecteurs pour des raisons similaires, se voit une fois de plus confrontée à la nécessité de réexaminer les conditions de travail et les rapports de pouvoir au sein des équipes artistiques.

Lire Plus

Les + Lus