Monde
Assaut du Capitole: les démocrates présentent leur dossier contre Trump
Les procureurs démocrates exposeront dans le détail mercredi les charges contre Donald Trump, accusé d' »incitation à l’insurrection », après avoir tenté de marquer les esprits au premier jour de son procès au Sénat avec la diffusion d’une vidéo choc de l’assaut meurtrier du Capitole.
Ce procès, une « instrumentalisation politique », va « déchirer » les Etats-Unis, a mis en garde mardi un avocat du 45e président des Etats-Unis, David Schoen.
Car « de nombreux Américains le voient pour ce qu’il est: une tentative par un groupe de politiciens d’écarter Donald Trump de la vie politique ».
S’il était reconnu coupable, les démocrates organiseraient en effet dans la foulée un autre vote pour le condamner à l’inéligibilité.
Fort du soutien encore solide de nombreux républicains, le milliardaire a toutefois de très grandes chances d’être acquitté, peut-être dès le début de la semaine prochaine.
Désormais loin de la Maison Blanche, restant inhabituellement discret depuis sa luxueuse résidence en Floride, il ne viendra pas témoigner.
Le Sénat entrera dans le vif du sujet mercredi à midi (17H00 GMT), avec l’exposé des faits, chaque partie disposant d’un maximum de seize heures. Cette séquence pourrait durer jusqu’à quatre jours.
D’emblée mardi, les procureurs démocrates sont apparus décidés à remettre en mémoire des 100 sénateurs, mais aussi des Américains, la violence de cette journée du 6 janvier qui s’est soldée par des morts.
Donald Trump s’est rendu coupable « d’un délit constitutionnel effroyable », a lancé mardi le chef des « procureurs » démocrates, Jamie Raskin, dans le même hémicycle du Sénat où s’étaient précipités les manifestants pro-Trump, le jour de la certification de la victoire de Joe Biden.
« Nous vous aimons »
Dans un grand silence, cet élu de la Chambre des représentants a diffusé une longue vidéo revenant sur cette journée qui restera dans l’Histoire:
– Le discours de Donald Trump appelant ses milliers de partisans à manifester vers le Capitole, siège du Congrès. « Vous ne reprendrez jamais notre pays en étant faibles », avait-il lancé à la foule chauffée à blanc.
– L’ouverture empreinte de solennité des séances parlementaires pour certifier la victoire de son rival à la présidentielle Joe Biden.
– Et les images des manifestants entrant de force au Capitole, arpentant les couloirs à la recherche de parlementaires pendant que les élus, et le vice-président Mike Pence, étaient évacués du Sénat, ou se terraient dans les galeries de la Chambre des représentants.
Tout en rappelant que deux heures plus tard, Donald Trump avait tweeté une vidéo martelant encore, sans preuve, que l’élection était une « fraude ». S’il appelait les manifestants à rentrer chez eux, il ajoutait: « Nous vous aimons ».
Si ces faits, « concrets et solides », ne sont « pas passibles d’une procédure de destitution, alors rien ne l’est », a conclu Jamie Raskin.
« Mal compris »
Situation inédite, les sénateurs qui font office de jurés furent aussi les victimes de l’attaque.
« On ne voit pas souvent de procès sur la scène même du crime », a confié à l’AFP le démocrate Chris Murphy. « C’est notre chambre qui a été souillée. »
Gardes nationaux dans les vénérables couloirs, hautes barrières protégeant le Capitole: les mesures inédites de sécurité rappellent encore ces violences.
Mardi, les débats ont été centrés sur une question constitutionnelle: peut-on ou non juger en destitution un ex-président ? Une première historique.
Selon les avocats de Donald Trump, cela est « absurde et anticonstitutionnel » car, redevenu « simple citoyen », il ne peut tout simplement pas être démis de ses fonctions.
Un argument repris par de nombreux sénateurs républicains. Pour s’éviter, accusent les démocrates, de se prononcer sur la conduite même du magnat de l’immobilier.
« Les présidents ne peuvent pas alimenter une insurrection dans leurs dernières semaines (de mandat) puis partir comme si de rien n’était », a répliqué un autre procureur et élu démocrate, Joe Neguse.
Cette question a finalement été tranchée par un vote à la majorité simple: en plus des 50 démocrates, six sénateurs républicains ont estimé que le procès pouvait se poursuivre.
La Constitution impose en revanche une majorité des deux tiers pour un verdict de culpabilité.
Or, même si certains républicains ont critiqué le rôle de Donald Trump dans les violences, ce seuil semble très difficile à atteindre.
S’il a jugé la vidéo des démocrates « efficace », le sénateur James Inhofe indiquait ainsi mardi à l’AFP que cela ne changerait pas son vote. Et un autre républicain, Mike Braun, affirmait n’avoir pas entendu de « nouvelles informations » qui pourrait le faire changer d’avis.
Affirmer que Donald Trump pourrait être responsable des violences d’un « petit groupe de criminels » qui l’ont « absolument mal compris » est « tout simplement absurde », avaient insisté ses avocats par écrit lundi.
En soulignant qu’il les avait « exhortés à rester pacifiques ».
Europe
Quand l’Allemagne paie au prix fort son virage énergétique
L’Allemagne, pionnière dans la transition énergétique, doit maintenant faire face à des coûts élevés et à des défis structurels qui mettent à l’épreuve sa compétitivité et sa stabilité énergétique.
La transition énergétique allemande, autrefois saluée comme un modèle de développement durable, se heurte aujourd’hui à des obstacles majeurs. Deux épisodes récents de « pannes vertes », où le prix de l’électricité a atteint des sommets vertigineux, ont mis en lumière les failles du système. En novembre et décembre, le prix de l’électricité a frôlé les 1000 euros par mégawattheure, une situation inédite qui a ébranlé non seulement l’Allemagne mais aussi ses voisins européens.
L’absence de vent et de soleil, éléments cruciaux pour la production d’énergie renouvelable, a paralysé les éoliennes et les panneaux solaires, entraînant une dépendance accrue aux importations d’électricité et une envolée des coûts. Les entreprises énergivores, forcées de réduire ou d’arrêter temporairement leur production, témoignent de l’impact direct de ces fluctuations sur l’économie. Bien que les particuliers et certaines entreprises bénéficient de tarifs fixes, la situation a révélé une vulnérabilité structurelle du marché énergétique allemand.
La politique énergétique du gouvernement Scholz, déjà sous le feu des critiques, a été vivement attaquée par l’opposition. Friedrich Merz, leader conservateur, a accusé le gouvernement d’avoir mis en péril la compétitivité de l’Allemagne. En réponse, Robert Habeck, ministre de l’Économie, a pointé du doigt l’inaction des gouvernements précédents face aux défis énergétiques.
Malgré une progression significative des énergies renouvelables, qui représentent désormais 60% de la production d’électricité, l’Allemagne peine à gérer l’intermittence de ces sources. La fermeture progressive des centrales à charbon et l’arrêt des réacteurs nucléaires en avril 2023 accentuent cette difficulté. Le pays doit investir massivement dans les capacités de stockage et dans des infrastructures flexibles pour pallier les variations de production.
Les experts, comme Georg Zachmann de Bruegel, soulignent l’urgence de réformes réglementaires pour encourager les investissements nécessaires. Cependant, des obstacles bureaucratiques retardent le déploiement des énergies vertes. Claudia Kemfert de l’institut DIW critique le décalage entre les délais de construction des infrastructures vertes et celles des énergies fossiles.
La chute de la coalition d’Olaf Scholz et la perspective des élections de février 2025 ajoutent une incertitude politique à cette équation complexe. L’abandon d’un projet de loi visant à remplacer le charbon par des centrales à gaz illustre les tensions entre les objectifs environnementaux et les impératifs économiques.
Le secteur industriel, représenté par Markus Krebber de RWE, alerte sur un système énergétique poussé à bout. Les « pannes vertes » de cet hiver ont démontré que, sans une adaptation rapide et profonde, la transition énergétique allemande pourrait non seulement coûter cher, mais aussi menacer la stabilité énergétique de l’Europe.
Monde
Italie: une spéléologue blessée sauvée après 4 jours dans une grotte
Une opération de sauvetage sans précédent a permis de sauver une spéléologue italienne blessée, piégée dans une cavité souterraine pendant quatre jours.
La région de Bergame, au nord de l’Italie, a été le théâtre d’une mission de sauvetage qui restera dans les annales du secours spéléologique. Ottavia Piana, une spéléologue de 32 ans, a été victime d’une chute dans la grotte de Bueno Fonteno, se blessant gravement. L’incident, survenu samedi soir, a déclenché une mobilisation massive des services de secours italiens.
Les efforts pour atteindre et extraire Ottavia de cette situation périlleuse ont impliqué 159 techniciens du Corps national italien de secours alpin et spéléologique (CNSAS), venus de 13 régions du pays. Leur détermination a été récompensée dans la nuit de mardi à mercredi, lorsque, après quatre jours d’interventions continues, ils ont réussi à sortir la spéléologue de l’antre souterrain à 02H59, heure locale.
L’opération s’est révélée particulièrement complexe en raison de l’étroitesse de certains passages de la grotte, nécessitant l’utilisation de microcharges explosives pour élargir ces obstacles et permettre le passage d’un brancard. Ce défi technique a été relevé avec une précision chirurgicale, illustrant le professionnalisme et le dévouement des équipes de secours.
Ottavia Piana, souffrant de multiples fractures, a été immédiatement transférée par hélicoptère vers un hôpital de Bergame pour recevoir les soins nécessaires. Sa condition physique, bien que grave, n’a pas entamé son moral, soutenu par les messages de ses amis que les secouristes lui montraient sur leur téléphone, un geste qui a contribué à maintenir son esprit combatif.
Cette opération de sauvetage n’est pas la première pour Ottavia, qui, il y a environ un an et demi, avait déjà subi une chute dans la même grotte, se fracturant alors une jambe. Le destin a voulu que le même médecin, Leonardo Sattin, soit présent pour la secourir à nouveau, une coïncidence qui a sans doute apporté un réconfort supplémentaire à la spéléologue.
Le ministre des Affaires régionales, Roberto Calderoli, a salué le courage et l’engagement des secouristes et des volontaires, soulignant l’importance de leur travail dans de telles situations extrêmes. Cette histoire de survie et de solidarité humaine résonne comme un hommage à ceux qui risquent leur vie pour en sauver d’autres, rappelant à tous l’importance de la préparation et de la coopération dans les sports extrêmes comme la spéléologie.
Monde
L’ONU prévient que le conflit n’est pas « terminé » en Syrie, les nouvelles autorités cherchent à rassurer
L’ONU prévient que le conflit n’est pas terminé en Syrie, tandis que les nouvelles autorités cherchent à rassurer la population.
L’Organisation des Nations Unies a récemment mis en garde contre une fausse perception de la paix en Syrie, soulignant que les hostilités se poursuivent malgré les efforts des nouveaux dirigeants pour apaiser les tensions et restaurer la stabilité.
Les combats dans le nord du pays entre les forces kurdes et des groupes soutenus par la Turquie continuent d’alimenter l’instabilité, notamment après la chute du régime de Bachar al-Assad. Ces affrontements, qui se sont intensifiés suite à l’offensive rebelle ayant renversé le régime le 8 décembre, mettent en lumière la fragilité de la situation. Les États-Unis ont prolongé un cessez-le-feu temporaire entre ces factions, signe de leur implication dans la recherche d’une solution pacifique.
Les nouvelles autorités, dominées par des islamistes radicaux, promettent une pacification et une réunification du pays. Cependant, le chef militaire du groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS), Mourhaf Abou Qasra, annonce la dissolution des factions armées pour les intégrer dans une structure militaire unifiée. Cette démarche est perçue comme une tentative de consolider leur pouvoir et de présenter une image plus modérée, en appelant à la levée des sanctions internationales.
Sur le plan diplomatique, plusieurs nations ont rétabli des contacts avec le nouveau pouvoir syrien. La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont envoyé des émissaires à Damas, tandis que les États-Unis ont établi un dialogue direct avec HTS. Ces actions montrent une volonté de s’engager avec le nouveau régime, malgré les réserves et la méfiance persistantes.
Israël, de son côté, reste sur ses gardes. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a récemment tenu une réunion sécuritaire au mont Hermon, illustrant les inquiétudes israéliennes face à un voisin syrien en pleine mutation. Les frappes israéliennes sur des sites militaires syriens soulignent la défiance envers les nouvelles autorités, accusées de masquer leurs intentions derrière un discours de paix.
Sur le terrain, les Syriens tentent de reconstruire leur vie. Dans les souks de Damas, les commerçants effacent les traces du régime précédent et les prix des denrées de première nécessité baissent, signe d’un retour à la normalité. Toutefois, l’ONU et les organisations humanitaires mettent en garde contre un retour massif des réfugiés, soulignant que le pays manque encore cruellement de services de base et de stabilité politique.
L’avenir de la Syrie reste incertain. Les nouvelles autorités, tout en cherchant à rassurer, doivent prouver leur capacité à gouverner de manière inclusive et à garantir la sécurité de toutes les communautés du pays, dans un contexte où les minorités craignent pour leur avenir. Le chemin vers une paix durable et une véritable reconstruction est encore long, et la communauté internationale observe de près les développements dans ce pays déchiré par plus d’une décennie de guerre.
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