Monde
Colombie: d’ex-chefs des Farc accusés de crimes contre l’humanité pour séquestration
Huit anciens chefs de l’ex-guérilla des Farc ont été mis en accusation de crimes de guerre et crimes contre l’humanité par le tribunal de paix, pour la séquestration de plus de 21.000 personnes durant le conflit armé en Colombie.
« Priver les personnes de leur liberté et poser des conditions à leur libération a été un crime de guerre, en particulier celui de prise d’otages », a déclaré jeudi la magistrate Julieta Lemaitre, en annonçant la plus importante décision de ce tribunal spécial, depuis sa création suite à l’accord de paix signé en 2016 avec les Farc.
Parmi les accusés se trouvent Rodrigo Londoño, chef du Parti des Communs issu des Farc, ainsi que Pablo Catatumbo et Julian Gallo, qui étaient également membres du secrétariat, organe de décision le plus élevé de l’ex-guérilla, et occupent deux des dix sièges parlementaires octroyés aux anciens guérilleros dans le cadre de l’accord.
Le tribunal les accuse également d' »autres crimes de guerre liés au sort réservé aux séquestrés, comme homicide, torture, traitements cruels, atteinte à la dignité de la personne, violence sexuelle et déplacement forcé ».
« Il y a eu crimes contre l’humanité quand il y a eu intention (…) d’attaquer la population civile de manière systématique et généralisée », a ajouté la juge.
Plus de 21.000 otages
Selon la mise en accusation, l’ex-guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) a séquestré, entre 1990 et 2016, 21.396 personnes, un « chiffre bien plus élevé que celui connu jusqu’à présent ».
Le tribunal a rendu sa décision, la plus importante de la Juridiction spéciale de paix (JEP) à ce jour, après avoir entendu 257 ex-guérilleros depuis juillet 2018 et avoir confronté leurs dépositions à celles de plus d’un millier de victimes d’enlèvement, ainsi qu’aux rapports du parquet général, notamment.
John Jairo Hoyos, fils d’un député enlevé en 2002 puis assassiné par les Farc, a salué cette « excellente décision ».
« Cela me donne l’espoir que dans ce pays, nous puissions un jour trouver la paix, que le principe de non répétition soit respecter et que ceux auxquels a été donné l’opportunité de se réinsérer à la vie civile remplissent leurs obligations établies par l’accord de paix », a-t-il déclaré à l’AFP.
Le président de droite Ivan Duque, qui en 2018 a fait campagne en vain pour modifier l’accord de paix afin de durcir les sanctions contre les anciens guérilleros, a indirectement commenté la décision du tribunal.
« Il ne peut y avoir de double mesure en Colombie, où des citoyens qui commettent des crimes ne puissent plus jamais aspirer à être parlementaires, et d’autres gardent leurs sièges en étant condamnés pour crimes contre l’humanité », a-t-il déclaré après l’annonce de l’accusation.
Le général en retraite Luis Mendieta, qui a été retenu en otage pendant onze ans par la guérilla, a estimé que « tant qu’il n’y a pas dédommagement, il n’y aura pas justice » et a réclamé des « garanties de non répétition » de ces crimes.
Peines alternatives
Le Parti des Communs, issu des Farc, a présenté ses excuses et exprimé son engagement envers la paix, ajoutant qu’il allait étudier la mise en accusation pour définir sa position.
« Nous savons qu’il n’y pas de raison, ni de justification pour priver qui que ce soit de liberté », a-t-il réaffirmé.
Les ex-guérilleros ont 30 jours ouvrables pour accepter ou rejeter l’accusation. Durant ce laps de temps, les victimes et le service du ministère public chargé de veiller au respect des droits des citoyens pourront aussi faire connaître leur position.
Les anciens rebelles qui admettent leur responsabilité pourront bénéficier d’une peine alternative à la prison, sinon ils seront jugés par un tribunal pénal et risquent jusqu’à 20 ans de prison.
Durant la confrontation armée, les Farc, issues en 1964 d’une insurrection paysanne, ont eu recours aux enlèvements à des fins politiques et économiques.
Des milliers d’otages, dont des militaires, des policiers, des personnalités politiques comme la franco-colombienne Ingrid Betancourt, ont été enchaînés, certains jusqu’à dix ans, dans la jungle.
Selon la JEP, près de 12% d’entre eux ont été assassinés ou ont disparu.
Le complexe conflit armé, qui mine la Colombie depuis près de soixante ans, a fait plus de neuf millions de victimes (morts, disparus et déplacés).
Au fil des décennies, il a impliqué une trentaine de guérillas de gauche, dont l’Armée de libération nationale (ELN), dernière rébellion active, des milices paramilitaires d’extrême-droite et les forces de l’ordre, sur fond de trafic de drogue.
Europe
Quand l’Allemagne paie au prix fort son virage énergétique
L’Allemagne, pionnière dans la transition énergétique, doit maintenant faire face à des coûts élevés et à des défis structurels qui mettent à l’épreuve sa compétitivité et sa stabilité énergétique.
La transition énergétique allemande, autrefois saluée comme un modèle de développement durable, se heurte aujourd’hui à des obstacles majeurs. Deux épisodes récents de « pannes vertes », où le prix de l’électricité a atteint des sommets vertigineux, ont mis en lumière les failles du système. En novembre et décembre, le prix de l’électricité a frôlé les 1000 euros par mégawattheure, une situation inédite qui a ébranlé non seulement l’Allemagne mais aussi ses voisins européens.
L’absence de vent et de soleil, éléments cruciaux pour la production d’énergie renouvelable, a paralysé les éoliennes et les panneaux solaires, entraînant une dépendance accrue aux importations d’électricité et une envolée des coûts. Les entreprises énergivores, forcées de réduire ou d’arrêter temporairement leur production, témoignent de l’impact direct de ces fluctuations sur l’économie. Bien que les particuliers et certaines entreprises bénéficient de tarifs fixes, la situation a révélé une vulnérabilité structurelle du marché énergétique allemand.
La politique énergétique du gouvernement Scholz, déjà sous le feu des critiques, a été vivement attaquée par l’opposition. Friedrich Merz, leader conservateur, a accusé le gouvernement d’avoir mis en péril la compétitivité de l’Allemagne. En réponse, Robert Habeck, ministre de l’Économie, a pointé du doigt l’inaction des gouvernements précédents face aux défis énergétiques.
Malgré une progression significative des énergies renouvelables, qui représentent désormais 60% de la production d’électricité, l’Allemagne peine à gérer l’intermittence de ces sources. La fermeture progressive des centrales à charbon et l’arrêt des réacteurs nucléaires en avril 2023 accentuent cette difficulté. Le pays doit investir massivement dans les capacités de stockage et dans des infrastructures flexibles pour pallier les variations de production.
Les experts, comme Georg Zachmann de Bruegel, soulignent l’urgence de réformes réglementaires pour encourager les investissements nécessaires. Cependant, des obstacles bureaucratiques retardent le déploiement des énergies vertes. Claudia Kemfert de l’institut DIW critique le décalage entre les délais de construction des infrastructures vertes et celles des énergies fossiles.
La chute de la coalition d’Olaf Scholz et la perspective des élections de février 2025 ajoutent une incertitude politique à cette équation complexe. L’abandon d’un projet de loi visant à remplacer le charbon par des centrales à gaz illustre les tensions entre les objectifs environnementaux et les impératifs économiques.
Le secteur industriel, représenté par Markus Krebber de RWE, alerte sur un système énergétique poussé à bout. Les « pannes vertes » de cet hiver ont démontré que, sans une adaptation rapide et profonde, la transition énergétique allemande pourrait non seulement coûter cher, mais aussi menacer la stabilité énergétique de l’Europe.
Monde
Italie: une spéléologue blessée sauvée après 4 jours dans une grotte
Une opération de sauvetage sans précédent a permis de sauver une spéléologue italienne blessée, piégée dans une cavité souterraine pendant quatre jours.
La région de Bergame, au nord de l’Italie, a été le théâtre d’une mission de sauvetage qui restera dans les annales du secours spéléologique. Ottavia Piana, une spéléologue de 32 ans, a été victime d’une chute dans la grotte de Bueno Fonteno, se blessant gravement. L’incident, survenu samedi soir, a déclenché une mobilisation massive des services de secours italiens.
Les efforts pour atteindre et extraire Ottavia de cette situation périlleuse ont impliqué 159 techniciens du Corps national italien de secours alpin et spéléologique (CNSAS), venus de 13 régions du pays. Leur détermination a été récompensée dans la nuit de mardi à mercredi, lorsque, après quatre jours d’interventions continues, ils ont réussi à sortir la spéléologue de l’antre souterrain à 02H59, heure locale.
L’opération s’est révélée particulièrement complexe en raison de l’étroitesse de certains passages de la grotte, nécessitant l’utilisation de microcharges explosives pour élargir ces obstacles et permettre le passage d’un brancard. Ce défi technique a été relevé avec une précision chirurgicale, illustrant le professionnalisme et le dévouement des équipes de secours.
Ottavia Piana, souffrant de multiples fractures, a été immédiatement transférée par hélicoptère vers un hôpital de Bergame pour recevoir les soins nécessaires. Sa condition physique, bien que grave, n’a pas entamé son moral, soutenu par les messages de ses amis que les secouristes lui montraient sur leur téléphone, un geste qui a contribué à maintenir son esprit combatif.
Cette opération de sauvetage n’est pas la première pour Ottavia, qui, il y a environ un an et demi, avait déjà subi une chute dans la même grotte, se fracturant alors une jambe. Le destin a voulu que le même médecin, Leonardo Sattin, soit présent pour la secourir à nouveau, une coïncidence qui a sans doute apporté un réconfort supplémentaire à la spéléologue.
Le ministre des Affaires régionales, Roberto Calderoli, a salué le courage et l’engagement des secouristes et des volontaires, soulignant l’importance de leur travail dans de telles situations extrêmes. Cette histoire de survie et de solidarité humaine résonne comme un hommage à ceux qui risquent leur vie pour en sauver d’autres, rappelant à tous l’importance de la préparation et de la coopération dans les sports extrêmes comme la spéléologie.
Monde
L’ONU prévient que le conflit n’est pas « terminé » en Syrie, les nouvelles autorités cherchent à rassurer
L’ONU prévient que le conflit n’est pas terminé en Syrie, tandis que les nouvelles autorités cherchent à rassurer la population.
L’Organisation des Nations Unies a récemment mis en garde contre une fausse perception de la paix en Syrie, soulignant que les hostilités se poursuivent malgré les efforts des nouveaux dirigeants pour apaiser les tensions et restaurer la stabilité.
Les combats dans le nord du pays entre les forces kurdes et des groupes soutenus par la Turquie continuent d’alimenter l’instabilité, notamment après la chute du régime de Bachar al-Assad. Ces affrontements, qui se sont intensifiés suite à l’offensive rebelle ayant renversé le régime le 8 décembre, mettent en lumière la fragilité de la situation. Les États-Unis ont prolongé un cessez-le-feu temporaire entre ces factions, signe de leur implication dans la recherche d’une solution pacifique.
Les nouvelles autorités, dominées par des islamistes radicaux, promettent une pacification et une réunification du pays. Cependant, le chef militaire du groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS), Mourhaf Abou Qasra, annonce la dissolution des factions armées pour les intégrer dans une structure militaire unifiée. Cette démarche est perçue comme une tentative de consolider leur pouvoir et de présenter une image plus modérée, en appelant à la levée des sanctions internationales.
Sur le plan diplomatique, plusieurs nations ont rétabli des contacts avec le nouveau pouvoir syrien. La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont envoyé des émissaires à Damas, tandis que les États-Unis ont établi un dialogue direct avec HTS. Ces actions montrent une volonté de s’engager avec le nouveau régime, malgré les réserves et la méfiance persistantes.
Israël, de son côté, reste sur ses gardes. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a récemment tenu une réunion sécuritaire au mont Hermon, illustrant les inquiétudes israéliennes face à un voisin syrien en pleine mutation. Les frappes israéliennes sur des sites militaires syriens soulignent la défiance envers les nouvelles autorités, accusées de masquer leurs intentions derrière un discours de paix.
Sur le terrain, les Syriens tentent de reconstruire leur vie. Dans les souks de Damas, les commerçants effacent les traces du régime précédent et les prix des denrées de première nécessité baissent, signe d’un retour à la normalité. Toutefois, l’ONU et les organisations humanitaires mettent en garde contre un retour massif des réfugiés, soulignant que le pays manque encore cruellement de services de base et de stabilité politique.
L’avenir de la Syrie reste incertain. Les nouvelles autorités, tout en cherchant à rassurer, doivent prouver leur capacité à gouverner de manière inclusive et à garantir la sécurité de toutes les communautés du pays, dans un contexte où les minorités craignent pour leur avenir. Le chemin vers une paix durable et une véritable reconstruction est encore long, et la communauté internationale observe de près les développements dans ce pays déchiré par plus d’une décennie de guerre.
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