Politique
« Sécurité globale »: Macron à la recherche d’une porte de sortie
A la recherche d’une porte de sortie de la crise politique autour de la loi « Sécurité globale », Emmanuel Macron réunit lundi gouvernement et patrons de la majorité, tandis que le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin doit se retrouver face aux députés.
Au lendemain d’un week-end de manifestations fournies contre un texte conspué par la gauche, les journalistes et les défenseurs des libertés publiques, le chef de l’Etat réunit à midi à l’Elysée le Premier ministre Jean Castex, des ministres et les présidents des groupes de la majorité au parlement, selon des sources gouvernementale et parlementaires.
Il avait demandé la semaine passée que lui soient faites « rapidement des propositions pour réaffirmer le lien de confiance » entre police et population.
Resté en retrait pendant l’examen à l’Assemblée du texte « Sécurité globale » à l’article 24 controversé sur la pénalisation de la diffusion malveillante d’images de policiers, le chef de l’Etat a fustigé vendredi le tabassage à Paris d’un producteur noir par des policiers, révélé par des images de vidéosurveillance – « des images qui nous font honte » a dit M. Macron.
Gérald Darmanin sera entendu lundi à 18H15 par la commission des Lois de l’Assemblée, après une visioconférence à huis clos en matinée avec les commissaires LREM aux Lois, puis mardi à 17H00 avec l’ensemble du groupe.
Les tensions engendrées par la proposition de loi votée mardi par l’Assemblée en première lecture ont explosé jeudi après la diffusion des images du passage à tabac du producteur.
Parmi les quatre policiers mis en examen ce week-end, trois le sont pour « violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique (PDAP) », avec des circonstances aggravantes dont « des propos à caractère raciste ».
Ils ont aussi été mis en examen pour « faux en écriture publique par personne dépositaire de l’autorité publique », un crime passible des assises.
« Atout »
Sur les quatre policiers, deux ont été écroués, et deux placés sous contrôle judiciaire.
Mais la pression ne retombe pas, et de nouvelles vidéos diffusées sur les réseaux sociaux ont montré ce week-end des policiers cette fois frappés par des manifestants.
Alors que certains à gauche, dont le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon, ont réclamé la démission de M. Darmanin, incarnation d’une aile droite, la majorité lui réitère son soutien.
« C’est un bon ministre de l’Intérieur », a assuré lundi le délégué général de LREM Stanislas Guerini.
« La priorité mise sur la sécurité est légitime. Mais il y a la personnalité du bonhomme qui est fort en gueule. Et il entretient une forme de mimétisme par rapport à Sarkozy qui ressort », glisse toutefois un député LREM.
A « en faire beaucoup pour faire (de ce texte) un marqueur idéologique et donc électoral », « Gérald Darmanin s’est laissé prendre à son propre piège car cette majorité n’est pas prête à accepter ce genre de choses », estime dans l’opposition Gilles Platret, vice-président des Républicains.
Ainsi l’idée, sous l’impulsion de M. Darmanin, d’une commission indépendante chargée de « réécrire » l’article 24 a-t-elle explosé en vol, victime du courroux de parlementaires de tous bords criant au « mépris » du gouvernement pour leur travail.
« L’art de créer des crises »
Que faire désormais de l’article 24 ? Reculer ouvrirait un boulevard aux critiques de la droite sur un laxisme supposé de l’exécutif sur les questions régaliennes; s’entêter conforterait la gauche dans ses accusations de velléités « liberticides ».
Certains dans la majorité ne doutent plus: « Parfois, renoncer est plus sage que s’obstiner », estimait dès vendredi le député et vice-président LREM de l’Assemblée Hugues Renson.
La présidente LREM de la commission des Lois à l’Assemblée Yaël Braun-Pivet se dit, elle, « fermée à rien ».
S’il était retiré, l’article pourrait être recyclé dans le projet de loi contre les « séparatismes », dont l’article 25 reprend l’esprit de la mesure, selon des responsables de la majorité.
Le ministre des Relations avec le parlement Marc Fesneau juge que ce « peut être une des voies » en soulignant qu’il reste encore « des mois de travail ».
Car le calendrier législatif, qui prévoyait le passage du texte au Sénat en janvier, n’est « plus garanti », confirme le sénateur LR Philippe Bas, pour qui « ce gouvernement a l’art de créer lui-même des crises politiques et de les aggraver en voulant les résoudre ».
Économie
Climat, guerres, Trump: le G20 sous pression en sommet à Rio
Le sommet du G20 à Rio de Janeiro se tient sous haute tension, avec des enjeux climatiques et géopolitiques majeurs, et l’influence croissante de Donald Trump.
Le sommet du G20, qui réunit les dirigeants des économies les plus influentes du monde, a débuté à Rio de Janeiro dans un contexte marqué par des défis climatiques pressants et des tensions géopolitiques exacerbées. Les discussions, qui se déroulent dans un cadre de plus en plus instable, sont dominées par la nécessité de trouver des accords sur le financement climatique et la gestion des conflits internationaux, tout en anticipant le retour de Donald Trump à la présidence américaine.
Les dirigeants du G20, représentant une part significative du PIB mondial et des émissions de gaz à effet de serre, sont confrontés à l’urgence d’agir pour le climat. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé à des compromis pour garantir un résultat positif à la prochaine conférence sur le climat, la COP29. Cependant, les divergences sur les questions climatiques et les conflits en cours, notamment en Ukraine et au Proche-Orient, rendent les négociations particulièrement ardues. La Russie, absente du sommet, continue d’influencer les discussions par son conflit avec l’Ukraine, tandis que la situation à Gaza et au Liban ajoute une complexité supplémentaire.
Le président argentin Javier Milei, connu pour ses positions ultralibérales et climatosceptiques, introduit une incertitude supplémentaire. Buenos Aires a exprimé des réserves quant à l’adhésion à un communiqué commun, ce qui pourrait entraver les efforts de consensus. De son côté, le président brésilien Lula da Silva, hôte du sommet, souhaite recentrer les débats sur les enjeux sociaux et la lutte contre la pauvreté, avec le lancement d’une Alliance globale contre la faim et la pauvreté, et la proposition d’une taxation des plus riches, déjà discutée entre les ministres des Finances du G20.
L’ombre de Donald Trump, qui devrait revenir à la Maison Blanche en janvier, plane sur le sommet. Joe Biden, en visite en Amazonie, a envoyé un message fort sur la nécessité de protéger l’environnement, soulignant le risque d’un affaiblissement des ambitions climatiques mondiales sous une nouvelle administration républicaine. Cette perspective alimente les craintes d’une fragmentation internationale accrue et d’un retour en arrière sur les engagements climatiques.
Les discussions bilatérales de Xi Jinping avec d’autres dirigeants illustrent également l’importance croissante des pays émergents et des visions alternatives dans un ordre mondial en pleine mutation. Selon Oliver Stuenkel, professeur en relations internationales, le monde entre dans une phase d’imprévisibilité accrue, où les pays du Sud et la Chine auront plus d’espace pour articuler leurs propres stratégies.
Le G20 de Rio de Janeiro se tient à un moment critique où les leaders doivent naviguer entre les impératifs climatiques, les conflits internationaux et les changements politiques majeurs, tout en cherchant à maintenir un semblant d’unité et d’action collective.
Politique
Au bord de l’épuisement, plus de huit maires sur dix jugent leur fonction usante pour la santé
L’Association des maires de France dévoile une étude inquiétante : la majorité des maires français sont au bord de l’épuisement, confrontés à des défis de plus en plus pressants.
Selon une enquête récente, l’exercice de la fonction de maire en France s’avère de plus en plus exigeant, au point de devenir préjudiciable pour la santé de ceux qui l’assument. L’étude, soutenue par l’Association des maires de France (AMF), révèle que 83% des maires estiment leur mandat « usant pour la santé ». Ce chiffre est alarmant et soulève des questions sur la soutenabilité de cette charge publique.
Les maires sont exposés à une multitude de pressions : tensions avec les administrés, menaces, agressions, mais aussi un rythme de travail intense. Plus de 65% des maires interrogés ont avoué ressentir « des moments de lassitude » durant leur mandat, tandis que 64% ont été confrontés à « des coups de fatigue ». Un autre aspect préoccupant est la santé mentale : plus de la moitié des maires (51,2%) souffrent de troubles du sommeil, symptomatique d’un stress chronique et d’une surcharge mentale.
L’étude met en lumière une réalité souvent occultée : la charge mentale, plus que la charge physique, pèse lourdement sur les épaules des élus locaux. Plus de 64% des maires se plaignent de penser à « trop de choses à la fois », et 77% considèrent que leur action n’est pas « efficace » face à la multitude de tâches à accomplir. Cette situation est particulièrement aiguë dans les petites communes, où les maires, souvent seuls, doivent prendre des décisions cruciales sans le soutien social nécessaire.
Cependant, malgré ces difficultés, les maires continuent d’éprouver une grande satisfaction dans leur rôle. Une quasi-totalité d’entre eux (99,7%) ressentent qu’ils font « quelque chose d’utile pour les autres » et 98,5% expriment la « fierté du travail bien fait ». Ce paradoxe entre l’épuisement et le sentiment de réalisation souligne l’importance et la complexité de leur mission.
Cette étude interpelle sur la nécessité de revoir les conditions d’exercice du mandat de maire, pour préserver la santé des élus et garantir la qualité de la gouvernance locale. Il est temps de réfléchir à des solutions concrètes pour alléger la charge des maires, afin que leur engagement civique ne se transforme pas en sacrifice personnel.
France
Emmanuel Macron atteint un seuil historique d’impopularité
Malgré son retrait de la scène politique intérieure, Emmanuel Macron enregistre un nouveau recul dans les sondages. Avec seulement 17% d’opinions favorables, il connaît l’un des plus bas niveaux de popularité jamais atteints par un président en exercice.
La dissolution de l’Assemblée nationale en juin dernier continue de peser lourdement sur la popularité d’Emmanuel Macron. Un récent baromètre révèle que seulement 17% des Français ont aujourd’hui une opinion favorable du chef de l’État. Ce chiffre marque une chute sans précédent pour le président, qui traverse désormais une crise de confiance plus marquée que lors de la période tendue des « Gilets jaunes ». L’étude met en lumière le fossé grandissant entre le président et l’opinion publique, alimenté par son retrait de la gestion des affaires intérieures depuis la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre, qui concentre désormais l’essentiel du pouvoir exécutif.
Le désenchantement des Français ne se limite pas à une simple baisse de popularité. Selon le sondage, 78% des personnes interrogées déclarent ne plus faire confiance à Emmanuel Macron. Un chiffre élevé, mais qui ne dépasse pas le record d’impopularité enregistré par François Hollande en 2016, où ce dernier avait culminé à 87% de défiance. Cet ancrage persistant d’une méfiance vis-à-vis du chef de l’État traduit un mécontentement profond, notamment au sein des classes populaires et de certaines franges de l’électorat centriste, qui semblent aujourd’hui désillusionnées par les promesses initiales de renouveau portées par le président.
Le sondage illustre également la montée du Rassemblement national (RN) dans le paysage politique français, avec Jordan Bardella et Marine Le Pen occupant les deux premières places du classement de popularité. La progression de figures de droite, comme Marion Maréchal en cinquième position et Éric Ciotti en dixième, témoigne d’un basculement notable de l’opinion publique en faveur des idées portées par le RN, et de la stratégie d’alliances qui semble désormais porter ses fruits. Gabriel Attal, quant à lui, peine à consolider sa base de soutien, fragilisée par sa posture ambiguë de critique du gouvernement tout en menant ses troupes à l’Assemblée nationale. Les tensions entre ses engagements et les attentes de ses partisans l’ont conduit à perdre 4 points auprès des centristes et 21 points à gauche, reflétant la difficulté de maintenir une ligne cohérente dans un contexte politique polarisé.
Cette baisse de popularité et la montée en puissance de l’extrême droite dessinent un paysage politique français de plus en plus incertain, marqué par une désaffection à l’égard de l’exécutif et un attrait croissant pour des alternatives radicales.
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