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Aux Canaries, les migrants mal vus par un secteur touristique en plein marasme

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Des migrants maliens se baladent à Gran Canaria, le 23 novembre 2020, après avoir été secourus par des garde-côtes espagnols / ©AFP« Cela donne une mauvaise image », accuse Miguel Gonzalez, propriétaire d’un bar. Alors que les Canaries tentent de sauver ce qui peut l’être de leur saison touristique, l’arrivée de milliers de migrants, logés pour certains dans des hôtels, crée des tensions.

« Un de mes clients va porter plainte contre son agence de voyages. Ils ne lui avaient pas dit que Puerto Rico (station balnéaire sur l’île de Grande Canarie) était pleine de migrants. Il a été une fois à la plage et il y avait des groupes de 15-20 (migrants) sans masques. Il n’est pas ressorti (de son hôtel) et a décidé de partir », affirme-t-il.

A cette période de l’année, haute saison touristique aux Canaries, Puerto Rico accueille normalement jusqu’à 25.000 vacanciers, en particulier scandinaves.

Mais actuellement, la station balnéaire est vide de touristes. A leur place dans les hôtels, 1.500 migrants.

Depuis le début de l’année, plus de 18.000 migrants ont fait la traversée depuis les côtes nord-ouest de l’Afrique situées en face des Canaries. Une situation qui rappelle 2006 quand 30.000 migrants avaient débarqué aux Canaries.

Débordées par cet afflux, les autorités ont aménagé des camps temporaires et relogent des migrants dans des hôtels.

Pour les professionnels du tourisme, pilier de l’économie de l’archipel, cette nouvelle crise migratoire tombe très mal alors que le secteur a été dévasté par la pandémie et comptait beaucoup sur un rebond cet automne.

Selon des chiffres officiels, le nombre de nuitées dans l’archipel a chuté de 86,7% en octobre sur un an, à 1,1 million.

Ambiance « tendue »

« Cela fait de la peine, il y a 40 personnes (sur la plage) alors que d’habitude à la même période, on ne voit même pas le sable », se lamente Carmelo Suárez, loueur de voitures et porte-parole d’une plate-forme de défense du tourisme qui organise une manifestation vendredi.

« Nous ne sommes pas contre l’immigration mais il faut des sites spécifiques. Si une personne dépense ses économies pour venir, elle ne veut pas partager son hôtel avec un migrant », dénonce-t-il.

A Puerto Rico, où les commerces ouverts sont rares, des centaines de jeunes migrants tuent le temps sur la plage ou dans des parcs. D’autres attendent autour d’une agence Western Union.

Eliazar Hernández, serveur au restaurant Balcon Canario, affirme que l’ambiance « est très tendue » et qu’un de ses clients allemands lui a dit « retourner en Allemagne » au bout de quatre jours en raison de la présence de migrants.

Ces dernières semaines, plusieurs manifestations ont eu lieu dans l’archipel contre les migrants mais aussi en défense de leurs droits.

Sur le front de mer, où le thermomètre affiche 25 degrés, trois retraités scandinaves, torses nus, passent à côté d’un groupe de jeunes migrants sénégalais, vêtus de sweats à capuches et racontant leur dangereuse traversée à des journalistes.

« Cela ne me plaît pas, nous sommes sur une petite île », dit en passant devant eux une touriste britannique qui refuse de donner son nom.

Rencontré dans une autre partie de la station balnéaire, le Suédois David Gustaffson ne trouve lui rien à redire. « Je suis venu passer une semaine, ma famille me pose des questions sur les réfugiés, ils ont vu cela à la télévision » mais « je n’en ai pas vu ici », dit-il, en buvant une bière.

« Je veux rester ici »

Près du groupe de jeunes Sénégalais, l’énorme restaurant Terraza Gran Canaria, qui emploie habituellement 60 personnes, est fermé. Trois de ses salariés affichent des pancartes sur la devanture. Sur l’une d’elles, est dessinée une tombe avec les mots « RIP restauration ».

« Les touristes annulent leurs vacances, ils ont peur et ne viennent pas », regrette l’un d’entre eux, Benaisa Mohamed, de l’enclave espagnole de Melilla située dans le nord du Maroc. L’un de ses collègues, Jimmy Camara, est de Sierra Leone.

« Nous sommes tous des immigrés mais les laisser comme cela, libres, dans la rue…. », ajoute-t-il.

Sur la plage, Aliou Gueye, Sénégalais de 17 ans, joue au football avec d’autres jeunes. « Je veux rester ici, j’aime bien et j’apprends l’espagnol », lance-t-il.

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Rome envisage de faire payer l’accès à la fontaine de Trevi

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Rome envisage de faire payer l'accès à la fontaine de Trevi

Face à l’afflux massif de visiteurs à la fontaine de Trevi, la municipalité de Rome étudie l’idée d’instaurer un accès payant pour les touristes. Cette mesure vise à protéger ce site emblématique tout en préservant l’expérience locale et culturelle des Romains.

La fontaine de Trevi, chef-d’œuvre baroque et symbole incontournable de la Ville éternelle, attire chaque année des millions de touristes. Afin de répondre au défi croissant du surtourisme, les autorités romaines envisagent de mettre en place un système de gestion plus strict de l’accès à ce lieu mythique. Alessandro Onorato, adjoint au tourisme à la mairie, a ainsi suggéré l’instauration d’horaires d’accès précis et de quotas de visiteurs pour mieux encadrer la foule et limiter les débordements.

Cette initiative, encore à l’étude, proposerait aux visiteurs de réserver des créneaux horaires, un dispositif permettant de contrôler non seulement le flux des touristes, mais aussi leurs comportements souvent inappropriés. L’un des objectifs principaux est d’éviter des scènes de désordre, telles que la consommation de nourriture sur les marches entourant la fontaine. Onorato a précisé que ce système de réservation ne serait pas une source de revenus pour la ville : les Romains auraient un accès gratuit, tandis que les touristes étrangers se verraient demander un modeste droit d’entrée d’un euro.

Toutefois, il n’y a encore aucune décision ferme. Un porte-parole de la municipalité a tempéré l’enthousiasme autour de ce projet en rappelant qu’il ne s’agit pour l’instant que d’une ébauche d’idée. Pourtant, le problème du tourisme de masse devient de plus en plus pressant, avec un nombre croissant de visiteurs dans la capitale italienne. Ce phénomène devrait s’intensifier à l’approche du Jubilé de 2025, une année sainte qui pourrait attirer près de 30 millions de personnes à Rome et au Vatican.

Rome n’est pas la seule ville italienne confrontée à ce défi. Venise, autre site emblématique, a déjà testé un système de billets payants pour les visiteurs à la journée lors des périodes d’affluence, une mesure destinée à canaliser les flux touristiques. Parallèlement, le gouvernement de Giorgia Meloni réfléchit à une hausse significative de la taxe de séjour, une proposition qui suscite la colère des professionnels du secteur touristique, craignant une baisse de la fréquentation.

Outre la gestion des flux, les autorités romaines veulent également préserver le centre historique de la capitale en limitant l’ouverture de nouvelles structures d’hébergement touristique. Toutefois, ce pouvoir échappe pour l’instant à la municipalité. Si elle peut encadrer l’implantation de nouveaux restaurants et fast-foods dans cette zone, elle n’a pas la compétence pour réguler le développement des chambres d’hôtes ou des logements de vacances.

La volonté de Rome d’encadrer l’accès à ses trésors culturels illustre bien le dilemme auquel sont confrontées les grandes métropoles européennes : préserver leur patrimoine tout en accueillant un tourisme toujours plus florissant.

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Ukraine : Zelensky appelle à plus d’armements alors que Moscou intensifie son offensive

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Ukraine : Zelensky appelle à plus d'armements alors que Moscou intensifie son offensive

Alors que la guerre en Ukraine s’enlise et que Moscou renforce ses frappes dans l’est du pays, Volodymyr Zelensky a lancé un appel pressant à ses alliés pour obtenir davantage d’armements. Le président ukrainien demande également l’autorisation d’utiliser ces armes sur le sol russe, une demande qui divise les puissances occidentales.

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a réclamé vendredi un renforcement urgent des livraisons d’armes de la part de ses alliés, lors d’une réunion internationale à la base aérienne de Ramstein, en Allemagne. Cet appel intervient à un moment critique, alors que la Russie intensifie ses frappes et continue de progresser dans la région du Donbass, à l’est du pays. Zelensky a particulièrement insisté sur la nécessité d’équipements militaires, notamment des systèmes de défense aérienne, pour protéger l’Ukraine des bombardements incessants de Moscou, dont le plus récent a dévasté un institut militaire à Poltava, causant au moins 55 morts.

Parallèlement à ces demandes, le dirigeant ukrainien a renouvelé sa requête controversée de pouvoir frapper des cibles non seulement en Ukraine, mais également en Russie, à l’aide des armes fournies par les Occidentaux. Cette requête divise les alliés de Kiev, dont les États-Unis et l’Allemagne, en raison des risques d’escalade avec Moscou, qui continue de brandir la menace nucléaire.

Dans ce contexte tendu, les États-Unis ont annoncé une nouvelle aide militaire de 250 millions de dollars pour l’Ukraine, dans l’espoir de répondre aux besoins urgents du pays. Londres et Berlin ont également réaffirmé leur soutien par l’envoi de nouveaux missiles et systèmes de défense aérienne, bien que la solidarité internationale commence à montrer des signes de fragilité. En effet, des débats internes agitent les gouvernements, notamment en Allemagne, où la montée de l’extrême droite pro-russe pose de nouveaux défis. La réduction prévue de l’aide à l’Ukraine dans le budget allemand de 2025, conjuguée aux incertitudes politiques aux États-Unis et en France, accentue les inquiétudes à Kiev.

Alors que la Russie poursuit son offensive et que Vladimir Poutine réaffirme son objectif de contrôler totalement le Donbass, la situation devient de plus en plus délicate pour l’Ukraine. L’effort de guerre semble s’enliser, et malgré le soutien occidental, l’avenir du conflit reste incertain.

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Allemagne : victoire inédite de l’extrême droite à une élection régionale

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Allemagne : victoire inédite de l'extrême droite à une élection régionale

Un succès inédit pour l’AfD en Thuringe, où le parti d’extrême droite s’impose comme la première force régionale. Cette percée électorale suscite des inquiétudes et des débats sur l’avenir politique du pays.

Le paysage politique allemand a été secoué par une victoire inédite de l’Alternative für Deutschland (AfD) lors des élections régionales en Thuringe. Avec 32,8 % des voix, le parti d’extrême droite a enregistré un score sans précédent, devenant ainsi la première formation d’extrême droite à remporter un scrutin régional en Allemagne depuis la Seconde Guerre mondiale. Ce résultat marque un tournant politique majeur, mais aussi un avertissement pour le gouvernement d’Olaf Scholz.

Björn Höcke, leader de l’AfD en Thuringe, a qualifié ce résultat de signal fort, soulignant le mécontentement croissant des électeurs envers les partis traditionnels. Selon Höcke, ce succès reflète une profonde insatisfaction vis-à-vis de l’état actuel de la démocratie allemande. Malgré cette victoire, les autres formations politiques maintiennent leur refus de collaborer avec l’AfD, excluant ainsi la possibilité pour le parti d’exercer le pouvoir au niveau régional.

L’Union chrétienne-démocrate (CDU) a reconnu l’ampleur de ce scrutin, se plaçant en deuxième position en Thuringe et en tête dans le Land voisin de Saxe. Michael Kretschmer, ministre-président de la CDU en Saxe, a réaffirmé la détermination de son parti à continuer de gouverner, tout en se distançant fermement de l’AfD. Parallèlement, les Verts, membres de la coalition au pouvoir à Berlin, ont subi un revers électoral, exprimant leur profonde inquiétude face à l’ascension de l’AfD.

Cette victoire de l’AfD, bien que sans issue gouvernementale directe en raison de l’isolement politique du parti, symbolise une montée des tensions et un possible bouleversement du paysage politique allemand à l’approche des élections nationales de l’année prochaine. Les répercussions de ce scrutin dépassent la seule Thuringe, interpellant l’ensemble de la classe politique allemande sur les défis à venir.

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