Politique
Présidentielle 2022 : Zemmour présente sa nouvelle recrue et exalte la « puissance » de la France
Dans un champ au pied du mont Saint-Michel, Éric Zemmour s’est essayé samedi à surfer sur sa dynamique en exaltant la « puissance » et les valeurs chrétiennes de la France après avoir présenté sa nouvelle recrue, Nicolas Bay, venue du RN.
Au lendemain des réunions publiques de ses rivales Valérie Pécresse et Marine Le Pen, le candidat d’extrême droite était le seul prétendant à l’Elysée à tenir un meeting samedi pour une mise en scène savamment orchestrée devant ce qu’il a appelé le « rocher le plus célèbre de France », « haut-lieu de notre mémoire nationale ».
A 50 jours de la présidentielle, les trois concurrents à droite sont à touche-touche dans les sondages, autour de 15%, loin cependant derrière Emmanuel Macron qui ne s’est toujours pas déclaré, sur fond de crise aiguë en Ukraine.
La lutte est particulièrement acharnée à l’extrême droite entre Marine Le Pen et Eric Zemmour. En hausse dans les derniers sondages, l’ex-polémiste continue à faire son marché dans les rayons du Rassemblement national dont il a déjà recruté quatre eurodéputés et son unique sénateur.
Dernière prise de guerre en date: l’eurodéputé Nicolas Bay, parti avec fracas cette semaine du RN auquel il a reproché ses « dérives sectaires ». Le parti, en retour, l’a accusé de « sabotage » et d’espionnage, ce qu’il nie.
Ouvrant le meeting d’Eric Zemmour samedi au bord de la D275 en face d’une biscuiterie, M. Bay, par ailleurs conseiller régional en Normandie, a confié son « émotion » en ce « premier jour d’une nouvelle vie politique » et assuré d’emblée qu’on « ne remplace pas les Français » car « les « Français sont irremplaçables ».
Accueilli par un millier de sympathisants agitant des drapeaux tricolores, les pieds dans la boue, M. Bay a vu dans le mont Saint-Michel le « symbole de la France éternelle qui ne veut pas mourir », alors qu’elle est « menacée par l’immigration de masse, l’islam politique », mais aussi « l’État tentaculaire, bureaucratique et spoliateur ».
Le thème a aussitôt été repris par Eric Zemmour qui a multiplié les références aux valeurs chrétiennes de la France et fait une longue digression sur Saint-Michel, « ange supérieur et ange militaire », pour dire que les nations avaient « elles aussi un combat spirituel à mener » pour défendre leur « âme », leur « identité » et leur « indépendance ».
Macron visé
« Toute ma vie, je combattrai cette vision de la France vassale, de la France valet, de la France marionnette », a-t-il souligné, estimant que « puissance de la France » était en péril, à cause notamment d’Emmanuel Macron, seul rival politique qu’il ait cité, et visé, samedi.
« En 2017, la France a élu le néant et elle est tombée dedans », a-t-il lancé sous les clameurs de son public criant « Zemmour président »
L’ex-polémiste avait commencé sa journée normande par un rendez-vous matinal avec des pêcheurs de Port-en-Bessin pour évoquer l’impact du Brexit, les difficultés administratives et les éoliennes qu’il juge « laides » et « inutiles », sur terre comme au large.
En redescendant d’un bateau baptisé « Le grand Charles », le candidat a dit aux pêcheurs qu’ils étaient coincés entre « les verts des gauchistes extrémistes » et le gouvernement « technocratique ». « Il faut défendre vos moyens de subsister mais aussi un art de vivre. C’est une question de civilisation », a-t-il ajouté.
Sur le quai, l’ancien élu FN de Bayeux, Serge Michelini, en est persuadé: « Si Monsieur Zemmour n’est pas élu, il n y a plus de France. »
Gérard Auzou, retraité et militant Reconquête!, a estimé que la « supériorité » d’Éric Zemmour vient du fait qu’il n’est « pas du sérail », contrairement aux autres candidats qui « sont usés jusqu’à la corde ».
Valérie Pécresse et Marine Le Pen, au bout d’une semaine compliquée, sont, elles, repassées à l’offensive vendredi soir en meeting, la première dans les Alpes-Maritimes, la deuxième en Isère.
La candidate LR et la dirigeante d’extrême droite ont d’abord ciblé Emmanuel Macron, dont le bilan « ressemblerait, s’il était chef d’entreprise, à un dépôt de bilan », selon Mme Pécresse.
Mais Éric Zemmour en a également pris pour son grade. « Nous n’entendons pas seulement nous faire les interprètes d’une nostalgie française mais inventer et édifier la France de demain », a insisté Marine Le Pen à Vienne.
Pas de meeting prévu ce weekend à gauche où Jean-Luc Mélenchon, qui a reçu l’appui inopiné de l’ancienne candidate socialiste à la présidentielle Ségolène Royal, continue à mener la danse avec 10-11% des intentions de vote.
Distancé pour l’instant, l’écologiste Yannick Jadot ne s’est pas privé d’ironiser sur ce soutien, affirmant qu' »en politique, (il) préférait la ligne droite et le tout schuss », plutôt que le slalom.
Économie
Climat, guerres, Trump: le G20 sous pression en sommet à Rio
Le sommet du G20 à Rio de Janeiro se tient sous haute tension, avec des enjeux climatiques et géopolitiques majeurs, et l’influence croissante de Donald Trump.
Le sommet du G20, qui réunit les dirigeants des économies les plus influentes du monde, a débuté à Rio de Janeiro dans un contexte marqué par des défis climatiques pressants et des tensions géopolitiques exacerbées. Les discussions, qui se déroulent dans un cadre de plus en plus instable, sont dominées par la nécessité de trouver des accords sur le financement climatique et la gestion des conflits internationaux, tout en anticipant le retour de Donald Trump à la présidence américaine.
Les dirigeants du G20, représentant une part significative du PIB mondial et des émissions de gaz à effet de serre, sont confrontés à l’urgence d’agir pour le climat. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé à des compromis pour garantir un résultat positif à la prochaine conférence sur le climat, la COP29. Cependant, les divergences sur les questions climatiques et les conflits en cours, notamment en Ukraine et au Proche-Orient, rendent les négociations particulièrement ardues. La Russie, absente du sommet, continue d’influencer les discussions par son conflit avec l’Ukraine, tandis que la situation à Gaza et au Liban ajoute une complexité supplémentaire.
Le président argentin Javier Milei, connu pour ses positions ultralibérales et climatosceptiques, introduit une incertitude supplémentaire. Buenos Aires a exprimé des réserves quant à l’adhésion à un communiqué commun, ce qui pourrait entraver les efforts de consensus. De son côté, le président brésilien Lula da Silva, hôte du sommet, souhaite recentrer les débats sur les enjeux sociaux et la lutte contre la pauvreté, avec le lancement d’une Alliance globale contre la faim et la pauvreté, et la proposition d’une taxation des plus riches, déjà discutée entre les ministres des Finances du G20.
L’ombre de Donald Trump, qui devrait revenir à la Maison Blanche en janvier, plane sur le sommet. Joe Biden, en visite en Amazonie, a envoyé un message fort sur la nécessité de protéger l’environnement, soulignant le risque d’un affaiblissement des ambitions climatiques mondiales sous une nouvelle administration républicaine. Cette perspective alimente les craintes d’une fragmentation internationale accrue et d’un retour en arrière sur les engagements climatiques.
Les discussions bilatérales de Xi Jinping avec d’autres dirigeants illustrent également l’importance croissante des pays émergents et des visions alternatives dans un ordre mondial en pleine mutation. Selon Oliver Stuenkel, professeur en relations internationales, le monde entre dans une phase d’imprévisibilité accrue, où les pays du Sud et la Chine auront plus d’espace pour articuler leurs propres stratégies.
Le G20 de Rio de Janeiro se tient à un moment critique où les leaders doivent naviguer entre les impératifs climatiques, les conflits internationaux et les changements politiques majeurs, tout en cherchant à maintenir un semblant d’unité et d’action collective.
Politique
Au bord de l’épuisement, plus de huit maires sur dix jugent leur fonction usante pour la santé
L’Association des maires de France dévoile une étude inquiétante : la majorité des maires français sont au bord de l’épuisement, confrontés à des défis de plus en plus pressants.
Selon une enquête récente, l’exercice de la fonction de maire en France s’avère de plus en plus exigeant, au point de devenir préjudiciable pour la santé de ceux qui l’assument. L’étude, soutenue par l’Association des maires de France (AMF), révèle que 83% des maires estiment leur mandat « usant pour la santé ». Ce chiffre est alarmant et soulève des questions sur la soutenabilité de cette charge publique.
Les maires sont exposés à une multitude de pressions : tensions avec les administrés, menaces, agressions, mais aussi un rythme de travail intense. Plus de 65% des maires interrogés ont avoué ressentir « des moments de lassitude » durant leur mandat, tandis que 64% ont été confrontés à « des coups de fatigue ». Un autre aspect préoccupant est la santé mentale : plus de la moitié des maires (51,2%) souffrent de troubles du sommeil, symptomatique d’un stress chronique et d’une surcharge mentale.
L’étude met en lumière une réalité souvent occultée : la charge mentale, plus que la charge physique, pèse lourdement sur les épaules des élus locaux. Plus de 64% des maires se plaignent de penser à « trop de choses à la fois », et 77% considèrent que leur action n’est pas « efficace » face à la multitude de tâches à accomplir. Cette situation est particulièrement aiguë dans les petites communes, où les maires, souvent seuls, doivent prendre des décisions cruciales sans le soutien social nécessaire.
Cependant, malgré ces difficultés, les maires continuent d’éprouver une grande satisfaction dans leur rôle. Une quasi-totalité d’entre eux (99,7%) ressentent qu’ils font « quelque chose d’utile pour les autres » et 98,5% expriment la « fierté du travail bien fait ». Ce paradoxe entre l’épuisement et le sentiment de réalisation souligne l’importance et la complexité de leur mission.
Cette étude interpelle sur la nécessité de revoir les conditions d’exercice du mandat de maire, pour préserver la santé des élus et garantir la qualité de la gouvernance locale. Il est temps de réfléchir à des solutions concrètes pour alléger la charge des maires, afin que leur engagement civique ne se transforme pas en sacrifice personnel.
France
Emmanuel Macron atteint un seuil historique d’impopularité
Malgré son retrait de la scène politique intérieure, Emmanuel Macron enregistre un nouveau recul dans les sondages. Avec seulement 17% d’opinions favorables, il connaît l’un des plus bas niveaux de popularité jamais atteints par un président en exercice.
La dissolution de l’Assemblée nationale en juin dernier continue de peser lourdement sur la popularité d’Emmanuel Macron. Un récent baromètre révèle que seulement 17% des Français ont aujourd’hui une opinion favorable du chef de l’État. Ce chiffre marque une chute sans précédent pour le président, qui traverse désormais une crise de confiance plus marquée que lors de la période tendue des « Gilets jaunes ». L’étude met en lumière le fossé grandissant entre le président et l’opinion publique, alimenté par son retrait de la gestion des affaires intérieures depuis la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre, qui concentre désormais l’essentiel du pouvoir exécutif.
Le désenchantement des Français ne se limite pas à une simple baisse de popularité. Selon le sondage, 78% des personnes interrogées déclarent ne plus faire confiance à Emmanuel Macron. Un chiffre élevé, mais qui ne dépasse pas le record d’impopularité enregistré par François Hollande en 2016, où ce dernier avait culminé à 87% de défiance. Cet ancrage persistant d’une méfiance vis-à-vis du chef de l’État traduit un mécontentement profond, notamment au sein des classes populaires et de certaines franges de l’électorat centriste, qui semblent aujourd’hui désillusionnées par les promesses initiales de renouveau portées par le président.
Le sondage illustre également la montée du Rassemblement national (RN) dans le paysage politique français, avec Jordan Bardella et Marine Le Pen occupant les deux premières places du classement de popularité. La progression de figures de droite, comme Marion Maréchal en cinquième position et Éric Ciotti en dixième, témoigne d’un basculement notable de l’opinion publique en faveur des idées portées par le RN, et de la stratégie d’alliances qui semble désormais porter ses fruits. Gabriel Attal, quant à lui, peine à consolider sa base de soutien, fragilisée par sa posture ambiguë de critique du gouvernement tout en menant ses troupes à l’Assemblée nationale. Les tensions entre ses engagements et les attentes de ses partisans l’ont conduit à perdre 4 points auprès des centristes et 21 points à gauche, reflétant la difficulté de maintenir une ligne cohérente dans un contexte politique polarisé.
Cette baisse de popularité et la montée en puissance de l’extrême droite dessinent un paysage politique français de plus en plus incertain, marqué par une désaffection à l’égard de l’exécutif et un attrait croissant pour des alternatives radicales.
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