La région parisienne face à un défi hydrique majeur : des sécheresses sévères à prévoir d’ici 2050, selon l’OCDE
_L’Île-de-France, longtemps considérée comme bien dotée en ressources en eau, pourrait faire face à des épisodes de sécheresse extrêmes dans les décennies à venir. Un rapport de l’OCDE alerte sur les conséquences économiques et sociales de cette menace croissante, tout en appelant à une meilleure gestion des ressources hydriques._
La région parisienne, qui concentre 19 % de la population française et un tiers de l’activité économique du pays, est de plus en plus vulnérable aux pénuries d’eau. Selon un rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), les sécheresses pourraient devenir plus fréquentes et plus intenses après 2050, avec des répercussions économiques estimées à 2,5 milliards d’euros. Cette situation est exacerbée par le réchauffement climatique, qui accélère l’assèchement des sols et réduit la recharge des nappes phréatiques.
Les grandes villes, comme Paris, sont particulièrement exposées en raison de l’imperméabilisation des sols, qui limite l’infiltration de l’eau de pluie, et de l’effet d’îlot de chaleur urbain. Ces phénomènes, combinés à une augmentation moyenne des températures de 2°C depuis 1990, rendent la région plus sensible aux épisodes de sécheresse prolongés. En cas de crise similaire à celle de 1921, des restrictions d’eau pour l’irrigation, la navigation et l’industrie pourraient être imposées pendant plus de 150 jours pour préserver l’approvisionnement en eau potable.
L’agriculture, qui occupe la moitié de la superficie francilienne, est également en première ligne. Ses besoins en eau ont plus que doublé depuis 2012 et devraient augmenter de 45 % d’ici 2050. Par ailleurs, la production de froid, utilisant l’eau de la Seine pour la climatisation, ajoute une pression supplémentaire sur les ressources. Actuellement, les prélèvements d’eau en Île-de-France sont principalement destinés à l’eau potable (57 %), à l’industrie (20 %), à la production d’énergie (13 %), aux canaux (7 %) et à l’irrigation (3 %).
Malgré un réseau d’infrastructures fluviales robuste, incluant quatre lacs réservoirs qui jouent un rôle clé dans la gestion des ressources, l’OCDE met en garde contre les risques de perturbations économiques majeures. Les pertes pourraient atteindre 2,5 milliards d’euros d’ici 2100, sans compter les dommages causés par le retrait des argiles sous l’effet de la sécheresse ou les conflits d’usage avec d’autres régions.
Pour faire face à ces défis, l’OCDE recommande une réduction des prélèvements d’eau, une meilleure évaluation des risques liés au changement climatique et une allocation plus rationnelle des ressources. Elle préconise également de développer la réutilisation des eaux industrielles et la collecte des eaux de pluie. Enfin, le rapport souligne la nécessité d’une stratégie à long terme pour garantir la résilience de la région face à ces enjeux hydriques croissants.