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Économie

La révolution du cuivre recyclé débarque dans le Nord

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Dans le Pas-de-Calais, une usine pionnière transforme des tonnes de câbles usagés en métal précieux, répondant à la demande croissante de l’industrie électrique.

Au cœur des Hauts-de-France, une installation industrielle hors du commun redonne vie à des kilomètres de câbles électriques et téléphoniques. L’usine Recycâbles, fruit d’un partenariat entre Suez et Nexans, traite chaque année 36 000 tonnes de déchets métalliques collectés sur tout le territoire. Ces rebuts, issus de chantiers de démolition ou de réseaux obsolètes, deviennent une ressource précieuse dans un contexte de raréfaction des matières premières.

Le processus est aussi impressionnant que bruyant. Les câbles subissent une série d’opérations mécaniques – découpe, concassage, broyage – jusqu’à obtenir des granulés de cuivre et d’aluminium d’une pureté comparable à celle du métal extrait des mines. Christophe François, responsable du site, souligne cette logique d’économie circulaire. « Nous récupérons la quasi-totalité des matériaux, y compris les plastiques qui serviront à fabriquer des revêtements urbains », précise-t-il. En 2024, l’usine a ainsi produit 18 000 tonnes de métaux et 13 000 tonnes de plastiques recyclés.

Cette activité prend tout son sens face à la flambée des prix du cuivre, désormais indispensable pour les énergies renouvelables et les véhicules électriques. Xavier Mathieu, dirigeant chez Nexans, alerte sur le déséquilibre mondial. « La demande dépasse largement l’offre de cuivre vierge », explique-t-il, alors que le cours de la tonne dépasse les 7 500 dollars, contre 1 500 dollars il y a vingt ans.

Pour répondre à ce défi, Nexans modernise sa fonderie historique de Lens, à quelques kilomètres de Noyelles-Godault. Un investissement de 90 millions d’euros permettra d’y traiter 80 000 tonnes de cuivre recyclé annuellement d’ici 2030. Un enjeu stratégique, alors que la France exporte massivement ses déchets métalliques faute de capacités locales. Selon une étude récente, seulement 66 000 tonnes sur 218 000 collectées sont recyclées dans l’Hexagone.

Cette dynamique s’inscrit dans un contexte géopolitique tendu, où la Chine domine le raffinage des métaux. Les projets comme celui de Nexans – qui vient de signer un contrat d’un milliard d’euros pour des câbles sous-marins – montrent l’urgence de sécuriser les approvisionnements. Une nouvelle ère industrielle s’ouvre, où les déchets d’hier deviennent l’or rouge de demain.

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