Monde
En Centrafrique, le gouvernement accuse l’ex-président Bozizé de tentative de « coup d’Etat »
Le gouvernement centrafricain a accusé samedi son principal opposant, l’ancien chef de l’Etat François Bozizé, de tenter de fomenter un « coup d’Etat », après l’annonce de la fusion de trois groupes armés, dont le but serait de « marcher avec ses hommes » sur la capitale Bangui à une semaine des élections présidentielle et législatives.
« François Bozizé se trouve actuellement aux abords de la ville de Bossembélé (à 150 km au nord-ouest de la capitale, ndlr) dans l’intention manifeste de marcher avec ses hommes sur la ville de Bangui », a déclaré le porte-parole gouvernemental, Ange-Maxime Kazagui.
« Il s’agit manifestement d’une tentative de coup d’Etat que le gouvernement tient à dénoncer en cette période électorale », a-t-il poursuivi.
Pour la présidentielle du 27 décembre,François Bozizé faisait figure de principal concurrent du chef de l’Etat sortant Faustin Archange Touadéra.
Mais la Cour constitutionnelle a invalidé sa candidature, estimant qu’il était sous le coup de sanctions des Nations unies en raison de son soutien présumé à des groupes armés responsables de « crimes de guerre » et de « crimes contre l’Humanité ».
Pour le président Touadéra, en meeting samedi à Bangui, ces évènements n’empêcheront pas le déroulement du scrutin car « l’autorité nationale des élections et la Cour constitutionnelle ont assuré que les élections vont se tenir dans les temps ». « Pourquoi prendre les armes contre tes compatriotes ? », s’est-il interrogé.
Vendredi, des groupes armés étaient présents notamment autour des villes de Bossembélé et de Yaloké, distantes respectivement de 150 et 200 km de Bangui.
« Il n’y a pas eu de développement majeur » ces dernières 24 heures, a dit à l’AFP Vladimir Monteiro, le porte-parole de la Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca), interrogé sur une progression des rebelles.
Le porte-parole du gouvernement a accusé les troupes de François Bozizé d’avoir « assassiné lâchement trois gendarmes », ainsi qu’un militaire du génie, sans donner davantage de précisions.
François Bozizé, arrivé au pouvoir en 2003 à la suite d’un coup d’Etat avant d’être lui-même renversé en 2013 par une coalition de groupes armés à dominante musulmane, la Séléka, avait tenté un retour en politique en se déclarant candidat à la présidentielle.
Samedi, trois des principaux groupes armés en Centrafrique ont annoncé leur fusion « dans une seule entité, désignée Coalition des patriotes pour le changement (CPC), placée sous commandement unifié », appelant par ailleurs « tous les autres groupes armés à adhérer » à leur coalition.
Ils ont également exhorté leurs membres à « fraterniser » avec les soldats des forces régulières qui désirent les rejoindre, à « respecter scrupuleusement l’intégrité des populations civiles » et à « laisser passer librement les véhicules » des Nations unies et des humanitaires.
Les trois groupes sont le Mouvement Patriotique pour la Centrafrique (MPC), actif dans le nord, les 3R (Retour réclamation, réhabilitation), à dominante peul et présent dans l’ouest, et des milices antibalaka considérées comme favorables à François Bozizé.
Le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en Centrafrique, Mankeur Ndiaye, affirme samedi dans un tweet que « la Minusca utilisera tous les moyens à sa disposition, y compris des aéronefs, pour répondre aux violences commises par les éléments armés du 3R, du MPC et des antibalaka ». Les Casques bleus de la Minusca sont plus de 11.000 dans ce pays.
Vendredi, des sources humanitaires et de l’ONU avaient fait état d’une dégradation de la sécurité, évoquant une offensive de groupes armés, qui attaquent les axes routiers menant à Bangui, dans plusieurs localités du nord-ouest et du nord.
Dans la capitale, les taxis circulaient normalement mais évitaient certains secteurs réputés proches de François Bozizé, a constaté un journaliste de l’AFP. Dans les rues du centre-ville, la vie suivait son cours sur fond de musique de Noël, avec une présence des services de sécurité, déployés à l’approche de l’élection.
La Centrafrique, un pays de 4,9 millions d’habitants classé parmi les plus pauvres du monde mais riche en diamants et en bétail, est déjà contrôlée aux deux tiers par des groupes armés qui commettent des exactions régulières contre les civils.
« Psychose »
Selon Hans de Marie Heungoup, un spécialiste de l’Afrique centrale au sein du centre de réflexion International Crisis Group, les menaces de ces groupes doivent être interprétées avec prudence, car, dans les faits, si les rebelles voulaient descendre sur Bangui, ils auraient déjà incité certaines milices à créer un contexte d’insécurité dans cette ville, « comme l’avait fait la Séléka en 2013 », ce qui n’est pas le cas pour le moment.
« Pour l’heure, il y a une psychose et beaucoup de rumeurs », explique-t-il.
La Centrafrique a été ravagée par la guerre civile après qu’une coalition de groupes armés à dominante musulmane, la Séléka, a renversé François Bozizé en 2013.
Les affrontements entre Séléka et milices chrétiennes et animistes antibalaka avaient fait des milliers de morts.
La CPC rassemble aujourd’hui des groupes issus de la Séléka et des milices antibalaka, autrefois ennemis, contre le régime du président Touadéra.
Depuis 2018, la guerre a évolué en un conflit de basse intensité, dans lequel les groupes armés se disputent le contrôle des ressources du pays, tout en perpétrant régulièrement des exactions contre les populations civiles.
Europe
Quand l’Allemagne paie au prix fort son virage énergétique
L’Allemagne, pionnière dans la transition énergétique, doit maintenant faire face à des coûts élevés et à des défis structurels qui mettent à l’épreuve sa compétitivité et sa stabilité énergétique.
La transition énergétique allemande, autrefois saluée comme un modèle de développement durable, se heurte aujourd’hui à des obstacles majeurs. Deux épisodes récents de « pannes vertes », où le prix de l’électricité a atteint des sommets vertigineux, ont mis en lumière les failles du système. En novembre et décembre, le prix de l’électricité a frôlé les 1000 euros par mégawattheure, une situation inédite qui a ébranlé non seulement l’Allemagne mais aussi ses voisins européens.
L’absence de vent et de soleil, éléments cruciaux pour la production d’énergie renouvelable, a paralysé les éoliennes et les panneaux solaires, entraînant une dépendance accrue aux importations d’électricité et une envolée des coûts. Les entreprises énergivores, forcées de réduire ou d’arrêter temporairement leur production, témoignent de l’impact direct de ces fluctuations sur l’économie. Bien que les particuliers et certaines entreprises bénéficient de tarifs fixes, la situation a révélé une vulnérabilité structurelle du marché énergétique allemand.
La politique énergétique du gouvernement Scholz, déjà sous le feu des critiques, a été vivement attaquée par l’opposition. Friedrich Merz, leader conservateur, a accusé le gouvernement d’avoir mis en péril la compétitivité de l’Allemagne. En réponse, Robert Habeck, ministre de l’Économie, a pointé du doigt l’inaction des gouvernements précédents face aux défis énergétiques.
Malgré une progression significative des énergies renouvelables, qui représentent désormais 60% de la production d’électricité, l’Allemagne peine à gérer l’intermittence de ces sources. La fermeture progressive des centrales à charbon et l’arrêt des réacteurs nucléaires en avril 2023 accentuent cette difficulté. Le pays doit investir massivement dans les capacités de stockage et dans des infrastructures flexibles pour pallier les variations de production.
Les experts, comme Georg Zachmann de Bruegel, soulignent l’urgence de réformes réglementaires pour encourager les investissements nécessaires. Cependant, des obstacles bureaucratiques retardent le déploiement des énergies vertes. Claudia Kemfert de l’institut DIW critique le décalage entre les délais de construction des infrastructures vertes et celles des énergies fossiles.
La chute de la coalition d’Olaf Scholz et la perspective des élections de février 2025 ajoutent une incertitude politique à cette équation complexe. L’abandon d’un projet de loi visant à remplacer le charbon par des centrales à gaz illustre les tensions entre les objectifs environnementaux et les impératifs économiques.
Le secteur industriel, représenté par Markus Krebber de RWE, alerte sur un système énergétique poussé à bout. Les « pannes vertes » de cet hiver ont démontré que, sans une adaptation rapide et profonde, la transition énergétique allemande pourrait non seulement coûter cher, mais aussi menacer la stabilité énergétique de l’Europe.
Monde
Italie: une spéléologue blessée sauvée après 4 jours dans une grotte
Une opération de sauvetage sans précédent a permis de sauver une spéléologue italienne blessée, piégée dans une cavité souterraine pendant quatre jours.
La région de Bergame, au nord de l’Italie, a été le théâtre d’une mission de sauvetage qui restera dans les annales du secours spéléologique. Ottavia Piana, une spéléologue de 32 ans, a été victime d’une chute dans la grotte de Bueno Fonteno, se blessant gravement. L’incident, survenu samedi soir, a déclenché une mobilisation massive des services de secours italiens.
Les efforts pour atteindre et extraire Ottavia de cette situation périlleuse ont impliqué 159 techniciens du Corps national italien de secours alpin et spéléologique (CNSAS), venus de 13 régions du pays. Leur détermination a été récompensée dans la nuit de mardi à mercredi, lorsque, après quatre jours d’interventions continues, ils ont réussi à sortir la spéléologue de l’antre souterrain à 02H59, heure locale.
L’opération s’est révélée particulièrement complexe en raison de l’étroitesse de certains passages de la grotte, nécessitant l’utilisation de microcharges explosives pour élargir ces obstacles et permettre le passage d’un brancard. Ce défi technique a été relevé avec une précision chirurgicale, illustrant le professionnalisme et le dévouement des équipes de secours.
Ottavia Piana, souffrant de multiples fractures, a été immédiatement transférée par hélicoptère vers un hôpital de Bergame pour recevoir les soins nécessaires. Sa condition physique, bien que grave, n’a pas entamé son moral, soutenu par les messages de ses amis que les secouristes lui montraient sur leur téléphone, un geste qui a contribué à maintenir son esprit combatif.
Cette opération de sauvetage n’est pas la première pour Ottavia, qui, il y a environ un an et demi, avait déjà subi une chute dans la même grotte, se fracturant alors une jambe. Le destin a voulu que le même médecin, Leonardo Sattin, soit présent pour la secourir à nouveau, une coïncidence qui a sans doute apporté un réconfort supplémentaire à la spéléologue.
Le ministre des Affaires régionales, Roberto Calderoli, a salué le courage et l’engagement des secouristes et des volontaires, soulignant l’importance de leur travail dans de telles situations extrêmes. Cette histoire de survie et de solidarité humaine résonne comme un hommage à ceux qui risquent leur vie pour en sauver d’autres, rappelant à tous l’importance de la préparation et de la coopération dans les sports extrêmes comme la spéléologie.
Monde
L’ONU prévient que le conflit n’est pas « terminé » en Syrie, les nouvelles autorités cherchent à rassurer
L’ONU prévient que le conflit n’est pas terminé en Syrie, tandis que les nouvelles autorités cherchent à rassurer la population.
L’Organisation des Nations Unies a récemment mis en garde contre une fausse perception de la paix en Syrie, soulignant que les hostilités se poursuivent malgré les efforts des nouveaux dirigeants pour apaiser les tensions et restaurer la stabilité.
Les combats dans le nord du pays entre les forces kurdes et des groupes soutenus par la Turquie continuent d’alimenter l’instabilité, notamment après la chute du régime de Bachar al-Assad. Ces affrontements, qui se sont intensifiés suite à l’offensive rebelle ayant renversé le régime le 8 décembre, mettent en lumière la fragilité de la situation. Les États-Unis ont prolongé un cessez-le-feu temporaire entre ces factions, signe de leur implication dans la recherche d’une solution pacifique.
Les nouvelles autorités, dominées par des islamistes radicaux, promettent une pacification et une réunification du pays. Cependant, le chef militaire du groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS), Mourhaf Abou Qasra, annonce la dissolution des factions armées pour les intégrer dans une structure militaire unifiée. Cette démarche est perçue comme une tentative de consolider leur pouvoir et de présenter une image plus modérée, en appelant à la levée des sanctions internationales.
Sur le plan diplomatique, plusieurs nations ont rétabli des contacts avec le nouveau pouvoir syrien. La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont envoyé des émissaires à Damas, tandis que les États-Unis ont établi un dialogue direct avec HTS. Ces actions montrent une volonté de s’engager avec le nouveau régime, malgré les réserves et la méfiance persistantes.
Israël, de son côté, reste sur ses gardes. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a récemment tenu une réunion sécuritaire au mont Hermon, illustrant les inquiétudes israéliennes face à un voisin syrien en pleine mutation. Les frappes israéliennes sur des sites militaires syriens soulignent la défiance envers les nouvelles autorités, accusées de masquer leurs intentions derrière un discours de paix.
Sur le terrain, les Syriens tentent de reconstruire leur vie. Dans les souks de Damas, les commerçants effacent les traces du régime précédent et les prix des denrées de première nécessité baissent, signe d’un retour à la normalité. Toutefois, l’ONU et les organisations humanitaires mettent en garde contre un retour massif des réfugiés, soulignant que le pays manque encore cruellement de services de base et de stabilité politique.
L’avenir de la Syrie reste incertain. Les nouvelles autorités, tout en cherchant à rassurer, doivent prouver leur capacité à gouverner de manière inclusive et à garantir la sécurité de toutes les communautés du pays, dans un contexte où les minorités craignent pour leur avenir. Le chemin vers une paix durable et une véritable reconstruction est encore long, et la communauté internationale observe de près les développements dans ce pays déchiré par plus d’une décennie de guerre.
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