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Des Afghanes risquent tout pour vendre leurs cheveux sous le régime taliban

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Dans un Afghanistan rongé par la crise économique, des femmes bravent l’interdiction des talibans en vendant leurs cheveux pour survivre.

Fatima récupère méticuleusement chaque mèche tombée après sa douche. Lorsqu’elle en accumule une centaine de grammes, elle les échange contre quelques euros, malgré les risques. Cette pratique autrefois courante est désormais prohibée par les talibans, qui y voient une atteinte à la dignité humaine.

Avant 2021, les acheteurs parcouraient les rues de Kaboul pour collecter ces précieuses mèches, destinées à la fabrication de perruques ou d’extensions capillaires. Mais depuis l’instauration de la loi sur « le vice et la vertu », toute transaction impliquant des parties du corps humain est formellement interdite. Les brigades religieuses n’hésitent pas à brûler les stocks saisis, comme ce fut le cas en janvier dernier avec près d’une tonne de cheveux réduits en cendres.

Pour contourner la surveillance, Fatima agit avec discrétion. Elle se rend dans une décharge de la capitale aux heures où les talibans sont occupés par la prière. Là, un intermédiaire anonyme lui achète sa précieuse cargaison, qu’il exportera vers le Pakistan ou la Chine. Avec les trois euros ainsi obtenus, elle complète son maigre salaire de cent euros mensuels.

Le désespoir pousse d’autres femmes à prendre les mêmes risques. Wahida, veuve et mère de trois enfants, survit grâce à la vente clandestine de ses cheveux et de ceux de sa fille. Privée de revenus depuis la chute de l’ancien régime, elle dépend aujourd’hui de la solidarité familiale et de ces transactions périlleuses. « C’était ma seule lueur d’espoir », confie-t-elle, les larmes aux yeux.

Les salons de coiffure, autrefois florissants, opèrent désormais dans la clandestinité. Narges, coiffeuse à Kaboul, ne reçoit plus que quelques clientes par semaine, contre des dizaines auparavant. Même les plus aisées hésitent à se faire couper les cheveux, craignant les représailles. Certaines repartent pourtant avec leurs mèches, prêtes à les vendre en secret.

Dans un pays où 85 % de la population vit avec moins d’un dollar par jour, ces quelques billets représentent souvent l’unique bouée de sauvetage. Malgré les menaces, les Afghanes continuent de résister, une mèche après l’autre.

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