Les tensions entre la France et l’Algérie atteignent un nouveau sommet. Alger rejette fermement la liste d’expulsables transmise par Paris, exacerbant une relation déjà tendue.
La France a essuyé un refus sans équivoque de la part de l’Algérie concernant une liste de ressortissants algériens sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Le ministère algérien des Affaires étrangères a clairement indiqué qu’il ne donnerait aucune suite à cette demande, qualifiant la démarche française d’inadéquate et contraire aux procédures établies. Selon Alger, les canaux traditionnels, notamment les échanges entre préfectures françaises et consulats algériens, doivent être respectés.
Cette liste, comprenant une soixantaine de noms, a été remise vendredi dernier au chargé d’affaires de l’ambassade d’Algérie en France. Parmi les personnes concernées figurent des individus considérés comme des menaces pour l’ordre public, notamment des anciens détenus ou des profils jugés dangereux. Cependant, l’Algérie a réaffirmé son engagement à protéger les droits de ses ressortissants, insistant sur le respect des accords bilatéraux en vigueur depuis 1974 et 1994.
Les relations entre les deux pays, déjà fragilisées par des divergences politiques, se sont encore détériorées ces derniers mois. La reconnaissance par le président français Emmanuel Macron d’un plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental en juillet dernier a été perçue comme une provocation par Alger. Depuis, les tensions n’ont cessé de monter, notamment après le refus algérien de reprendre plusieurs de ses ressortissants sous OQTF, dont l’auteur d’un attentat meurtrier à Mulhouse en février.
Bruno Retailleau, ministre français de l’Intérieur, a réagi vivement à ce rejet, promettant une « réponse graduée » et déplorant le non-respect du droit international par l’Algérie. De son côté, le Premier ministre François Bayrou avait déjà menacé de dénoncer l’accord de 1968, qui régit les conditions de séjour des Algériens en France, si Alger ne coopérait pas dans un délai de six semaines. Emmanuel Macron, quant à lui, a semblé privilégier une approche plus apaisée, évoquant une renégociation plutôt qu’une rupture.
La situation a également suscité des réactions politiques en France. Marine Le Pen, cheffe de file du Rassemblement national, a appelé à des mesures plus fermes, notamment un gel des visas et des transferts de fonds privés, ainsi qu’une révision des accords bilatéraux. Ces tensions illustrent une crise diplomatique complexe, où les enjeux migratoires se mêlent à des considérations géopolitiques et historiques.
Alors que le président algérien Abdelmajid Tebboune a récemment regretté un « climat délétère » entre les deux nations, la balle semble désormais dans le camp français pour trouver une issue à cette impasse. Les prochaines semaines seront cruciales pour déterminer si un dialogue constructif pourra être rétabli ou si les relations continueront de se dégrader.