Monde
Crash de la Yemenia : les conditions d’approche et manœuvres des pilotes en question
Des conditions d’approche « dégradées » et des manœuvres de pilotage « manifestement » fatales: le tribunal s’est penché sur les instants qui ont précédé le crash de l’avion de la Yemenia Airlines au large des Comores en 2009, tuant 152 personnes, lundi au premier jour du procès à Paris.
Une centaine de proches des victimes se sont massés dans la salle du tribunal judiciaire où est jugée jusqu’au 2 juin la compagnie aérienne yéménite pour homicides et blessures involontaires.
Bahia Bakari y a également pris place, au premier rang: unique rescapée alors âgée de 12 ans, elle a survécu en restant agrippée en mer pendant onze heures à un débris, avant d’être secourue par des pêcheurs.
Vêtue lundi d’un chemisier blanc et d’une veste noire, elle a refusé de s’exprimer devant la presse. Elle doit témoigner le 23 mai.
Le banc des prévenus est quant à lui resté vide: aucun représentant de la Yemenia Airways n’est présent à l’audience, à cause de la guerre qui déchire le pays, selon la défense.
« C’est très regrettable. S’ils ne se présentent pas, c’est qu’ils ont quelque chose à cacher », a estimé Jeff Bakari, père de Bahia et qui a perdu son épouse.
Dans la nuit du 29 au 30 juin 2009, le vol Yemenia 626 s’était abîmé au large des Comores, juste avant son atterrissage à Moroni, avec à son bord 11 membres d’équipage et 142 passagers, dont 66 Français.
Accusée « manquements et négligences », la Yemenia Airways, qui opérait le vol, conteste les faits. Elle encourt 225.000 euros d’amende.
Les débats de lundi se sont cependant concentrés sur la manœuvre d’approche de ses pilotes, « non stabilisée » et qui a « conduit visiblement à une situation de décrochage (de l’appareil) qui n’a pas été récupérée », a déclaré à la barre le lieutenant Mathieu Tétu, directeur de l’enquête pour la section de recherche des transports aériens de la gendarmerie.
Le « facteur humain » est « a priori » responsable de l’accident, le plus grave de l’histoire de l’archipel des Comores, situé dans l’océan Indien entre le Mozambique et Madagascar, a-t-il ajouté.
Insuffisance dans la formation des pilotes
Le commandant de bord et le copilote, tous deux yéménites, doivent effectuer une manœuvre difficile de nuit pour atterrir et qui nécessite d’avoir la piste en visuel.
Or, les feux situés plusieurs kilomètres en amont de l’aéroport indiquant le relief sont en panne, comme ceux matérialisant le début de la piste d’atterrissage et la balisant.
De plus, peu de lumières entourent l’aéroport de Moroni, situé en bord de mer et assez éloigné des premières habitations.
La défense de la Yemenia interroge dès lors le directeur d’enquête: les conditions d’atterrissage peuvent-elles expliquer la manœuvre des pilotes ?
« Les conditions sont dégradées, c’est un fait. Mais je ne peux pas dire qu’ils n’avaient pas de repères visuels, car les autres feux de l’aéroport étaient allumés. Il n’y avait pas d’absence totale de repères visuels » répond-il.
Au-delà des erreurs de pilotage, les magistrats instructeurs reprochent à la Yemenia d’avoir maintenu les vols de nuit pour Moroni alors que les pannes des feux de balisage étaient connues de longue date, ainsi que des insuffisance dans la formation des pilotes.
L’atterrissage compliqué à l’aéroport comorien nécessitait, de par les « manœuvres particulières » demandées, une formation « ad hoc », selon le lieutenant Tétu.
Il ne « sait pas » si les pilotes l’ont effectuée, n’ayant pas reçu le dossier professionnel complet de ces derniers de la part de la compagnie.
Enfin, si l’instruction a conclu que l’état de l’appareil n’était pas en cause, la Yemenia faisait-elle voler des « avions-poubelles » ? Certains proches et avocats de victimes le pensent, alors que les passagers français avaient embarqué à Paris et Marseille avant de changer d’avion à Sanaa, au Yémen.
Les conditions de voyage entre la France et les Comores, via le Yémen, étaient par ailleurs dénoncées de longue date par des passagers.
Selon le lieutenant Tétu, l’Agence européenne pour la sécurité de l’aviation avait « mis sous surveillance » en novembre 2008 la Yemenia pour des « carences relevées » sur ses avions, mais ne l’avait pas placée sur la liste noire des compagnies aériennes après qu’elle a procédé à des « mesures correctives ».
Monde
La Russie expose un petit mammouth quasi intact de 50.000 ans
Un spécimen de mammouth exceptionnellement bien conservé a été mis au jour en Iakoutie, offrant un aperçu unique sur la vie des mammouths durant le Pléistocène.
La Russie a récemment présenté un spécimen de mammouth remarquablement bien conservé, découvert dans les confins glacés de l’Extrême-Orient russe. Ce mammouth, baptisé « Iana » en référence à la rivière où il fut retrouvé, a été exposé à l’Université fédérale du Nord-Est à Iakoutsk, suscitant un intérêt scientifique international.
La carcasse de ce mammouth femelle, estimée à plus de 50.000 ans, est un trésor pour les paléontologues. Pesant 180 kilogrammes et mesurant environ 120 centimètres de hauteur pour moins de deux mètres de longueur, Iana est considérée comme potentiellement le mammouth le mieux préservé au monde. Sa tête, son tronc, ses oreilles et sa bouche sont intacts, sans signe de déformation ou de dommage notable, une rareté dans le domaine de la paléontologie.
La découverte de Iana a eu lieu cet été dans le cadre de recherches à la station de Batagaïka, un lieu déjà connu pour ses trouvailles préhistoriques. Le permafrost de cette région agit comme une chambre froide naturelle, préservant les restes d’animaux disparus depuis des millénaires. Avant Iana, seulement six carcasses de mammouths avaient été découvertes dans le monde, cinq en Russie et une au Canada, soulignant ainsi l’importance de cette trouvaille.
Les analyses prévues sur Iana permettront d’éclairer plusieurs aspects cruciaux de la vie des mammouths : leur développement, leur adaptation à l’environnement, et les conditions écologiques de l’époque. L’âge exact de Iana, estimé actuellement à environ un an, sera également précisé, offrant des données inestimables sur la croissance et la longévité de ces géants de l’ère glaciaire.
Cette découverte intervient dans un contexte où la région de Iakoutie continue de révéler des vestiges du passé préhistorique, tels que des restes de chevaux et de bisons, ainsi qu’une momie de lemming, soulignant la richesse paléontologique de cette terre gelée.
L’étude de Iana et des autres spécimens découverts dans cette région promet de faire progresser notre compréhension des écosystèmes disparus et des créatures qui les habitaient, contribuant ainsi à l’histoire naturelle de notre planète.
Monde
Trump dit vouloir « stopper le délire transgenre » dès son premier jour
En prévision de son investiture, Donald Trump annonce des mesures drastiques contre les droits transgenres et l’immigration clandestine.
Le prochain président des États-Unis, Donald Trump, a clairement affiché ses intentions de réformer de manière radicale les politiques en matière de genre et d’immigration. Lors d’un rassemblement à Phoenix, il a détaillé un plan qui, selon ses dires, vise à rétablir l’ordre et la tradition aux États-Unis.
Dans un discours aux allures de manifeste, Trump a exprimé son intention de signer, dès le premier jour de son mandat, des décrets pour mettre fin à ce qu’il qualifie de « délire transgenre ». Ces mesures incluent l’interdiction des traitements médicaux pour le changement de genre chez les mineurs, l’exclusion des personnes transgenres de l’armée, et leur bannissement des établissements scolaires. Il a également souligné que sa politique serait basée sur la reconnaissance de deux genres uniquement, homme et femme, excluant toute autre identité de genre.
Le choix de ces actions illustre une volonté manifeste de s’opposer à ce que le camp conservateur perçoit comme une dérive sociétale. En s’attaquant à ce qu’il appelle le « wokisme », Trump entend non seulement s’aligner avec les valeurs traditionnelles de son électorat mais aussi capitaliser sur la polarisation croissante autour des questions identitaires. La rhétorique employée, qui dépeint ces droits comme une menace pour la société, résonne auprès de ceux qui craignent une érosion de leurs valeurs culturelles.
Parallèlement, Trump a réaffirmé sa politique d’immigration stricte, promettant des mesures pour fermer les frontières et expulser les migrants illégaux en masse. Cette promesse s’inscrit dans une continuité avec ses précédentes actions en matière d’immigration, renforçant ainsi son image de protecteur des frontières nationales. En désignant les cartels comme des organisations terroristes étrangères, il cherche à légitimer une approche plus agressive contre la criminalité transfrontalière.
L’engagement de Trump à résoudre rapidement des crises internationales, comme celles en Ukraine et au Moyen-Orient, sans fournir de détails sur les méthodes, souligne une approche qui privilégie l’affirmation de puissance et la résolution rapide, au risque de simplifier des situations complexes.
Enfin, ses menaces envers le canal de Panama, qu’il accuse de ne pas traiter les navires américains de manière équitable, montrent une propension à utiliser la force diplomatique pour défendre les intérêts américains, même si cela implique de remettre en question des accords internationaux établis.
Cet ensemble de promesses dessine un portrait d’un retour à une Amérique où la tradition, l’ordre et la fermeté sont les maîtres mots, visant à rassurer une partie de l’électorat tout en suscitant des inquiétudes quant aux implications pour les droits individuels et les relations internationales.
Europe
Quand l’Allemagne paie au prix fort son virage énergétique
L’Allemagne, pionnière dans la transition énergétique, doit maintenant faire face à des coûts élevés et à des défis structurels qui mettent à l’épreuve sa compétitivité et sa stabilité énergétique.
La transition énergétique allemande, autrefois saluée comme un modèle de développement durable, se heurte aujourd’hui à des obstacles majeurs. Deux épisodes récents de « pannes vertes », où le prix de l’électricité a atteint des sommets vertigineux, ont mis en lumière les failles du système. En novembre et décembre, le prix de l’électricité a frôlé les 1000 euros par mégawattheure, une situation inédite qui a ébranlé non seulement l’Allemagne mais aussi ses voisins européens.
L’absence de vent et de soleil, éléments cruciaux pour la production d’énergie renouvelable, a paralysé les éoliennes et les panneaux solaires, entraînant une dépendance accrue aux importations d’électricité et une envolée des coûts. Les entreprises énergivores, forcées de réduire ou d’arrêter temporairement leur production, témoignent de l’impact direct de ces fluctuations sur l’économie. Bien que les particuliers et certaines entreprises bénéficient de tarifs fixes, la situation a révélé une vulnérabilité structurelle du marché énergétique allemand.
La politique énergétique du gouvernement Scholz, déjà sous le feu des critiques, a été vivement attaquée par l’opposition. Friedrich Merz, leader conservateur, a accusé le gouvernement d’avoir mis en péril la compétitivité de l’Allemagne. En réponse, Robert Habeck, ministre de l’Économie, a pointé du doigt l’inaction des gouvernements précédents face aux défis énergétiques.
Malgré une progression significative des énergies renouvelables, qui représentent désormais 60% de la production d’électricité, l’Allemagne peine à gérer l’intermittence de ces sources. La fermeture progressive des centrales à charbon et l’arrêt des réacteurs nucléaires en avril 2023 accentuent cette difficulté. Le pays doit investir massivement dans les capacités de stockage et dans des infrastructures flexibles pour pallier les variations de production.
Les experts, comme Georg Zachmann de Bruegel, soulignent l’urgence de réformes réglementaires pour encourager les investissements nécessaires. Cependant, des obstacles bureaucratiques retardent le déploiement des énergies vertes. Claudia Kemfert de l’institut DIW critique le décalage entre les délais de construction des infrastructures vertes et celles des énergies fossiles.
La chute de la coalition d’Olaf Scholz et la perspective des élections de février 2025 ajoutent une incertitude politique à cette équation complexe. L’abandon d’un projet de loi visant à remplacer le charbon par des centrales à gaz illustre les tensions entre les objectifs environnementaux et les impératifs économiques.
Le secteur industriel, représenté par Markus Krebber de RWE, alerte sur un système énergétique poussé à bout. Les « pannes vertes » de cet hiver ont démontré que, sans une adaptation rapide et profonde, la transition énergétique allemande pourrait non seulement coûter cher, mais aussi menacer la stabilité énergétique de l’Europe.
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