Placé en état d’alerte maximale, Paris va connaître lundi de nouvelles mesures de restrictions, dont la fermeture des bars, pour faire face à la progression inquiétante de l’épidémie de Covid-19 dans la capitale.
La maire PS Anne Hidalgo et le préfet de police Didier Lallement tiendront à 11H30 une conférence de presse lors de laquelle ils détailleront les mesures prises par arrêté qui s’appliqueront pendant quinze jours au moins à Paris et dans les trois départements de la petite couronne.
La fermeture, à partir de mardi et pour deux semaines, des bars et cafés paraît acquise à Paris. Dès dimanche soir, l’Union des métiers des industries de l’hôtellerie (Umih) s’est dite auprès de l’AFP « extrêmement alarmée » de ce nouveau coup dur pour un secteur déjà durement éprouvé par la crise sanitaire.
La présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse a appelé lundi sur France 2 l’Etat à « être là pour compenser les pertes de recettes » des bars et cafés, en promettant que la région serait aussi « à leurs côtés ».
Seront également évoqués lors de la conférence de presse des mesures concernant les Ehpad et l’enseignement supérieur. Matignon a annoncé dès dimanche soir que les salles ou amphithéâtres des universités ne pourraient, à partir de mardi, être remplis qu’à 50% de leur capacité au maximum en zones d’alerte renforcée et maximale.
Les restaurants en revanche pourront rester ouverts, à Paris et partout en France, y compris à Aix-Marseille où ils avaient dû baisser le rideau il y a une semaine. Le gouvernement suit ainsi l’avis du Haut Conseil de Santé Publique qui a validé dimanche le protocole sanitaire renforcé proposé par les professionnels du secteur et qui sera applicable dans les zones d’alerte maximale et les zones d’alerte renforcée.
Là-aussi, les modalités de ce protocole seront détaillées lundi par les ministres compétents. Selon l’Umih des Bouches-du-Rhône, les restaurateurs devront notamment recenser leurs clients pour les contacter après coup en cas de besoin, garder 1,5 mètre entre chaque table et rendre obligatoire le paiement à table, mais aussi fermer leurs établissements à 22H00.
Valérie Pécresse s’est dite « très satisfaite » de ce « protocole très renforcé », qui permet de suivre « un chemin de crête entre la protection de la santé et la poursuite de l’activité ».
Face à des « indicateurs très préoccupants », elle a néanmoins exhorté les Franciliens à « l’autodiscipline et à reprendre le chemin du télétravail » et les entreprises à oeuvrer pour tenter de « lisser » la fréquentation des transports en commun aux heures de pointe.
La ministre du Travail Elisabeth Borne doit rappeler lundi aux partenaires sociaux « la nécessité de privilégier, plus que jamais, le télétravail dans les zones d’alerte renforcée et maximale ».
« Très grave »
Face à la progression de l’épidémie à Paris, le gouvernement a tranché dimanche soir pour mettre la capitale au même niveau que Marseille et la Guadeloupe.
D’autres grandes villes, comme Lille, Lyon, Grenoble, Toulouse et Saint-Etienne, où la situation sanitaire reste inquiétante, pourraient également basculer prochainement en zone alerte rouge.
Paris, a expliqué Matignon, a franchi, depuis plusieurs jours, les trois seuils qui correspondent à la zone d’alerte maximale.
Le taux d’incidence dépasse ainsi toujours la barre des 250 pour 100.000 habitants à Paris et le seuil critique des 100 chez les plus de 65 ans. Quant au taux d’occupation des lits en réanimation pour les patients atteints de Covid-19, il s’élève lui aussi au-dessus du seuil d’alerte maximale de 30% en Ile-de-France, selon les chiffres de l’Agence régionale de santé (ARS).
La maire de Paris Anne Hidalgo a estimé que la situation sanitaire était « très grave » dans la capitale.
Concernant les bars, les élus parisiens avaient indiqué qu’ils se plieraient à toute décision de fermeture, ce qui semble exclure un vent de fronde comme celui qui avait soufflé à Marseille la semaine dernière.
A terme, « on ne peut pas être dans un stop and go permanent », a cependant souligné Anne Hidalgo.
Dès jeudi, le ministre de la Santé, Olivier Véran, avait déclaré que si l’aggravation devait se confirmer, « nous n’aurions pas d’autre choix que de placer Paris et la petite couronne en alerte maximale et ce dès lundi », avant d’en décliner les conséquences: « plus de fêtes de famille, plus de soirées et la fermeture totale des bars ».