Planète
Urgence climatique : l’Inde sous pression pour repenser sa dépendance au charbon
Des terrils de charbon luisent en plein soleil aux abords d’une centrale thermique à Dadri dans le nord de l’Inde, économie émergente confrontée à une pression accrue pour repenser sa dépendance au combustible fossile en raison de l’urgence climatique.
L’Inde, troisième émetteur mondial de CO2, dépend du « diamant noir » pour 70% de ses énormes besoins énergétiques.
Or cette semaine, les experts climat des Nations unies (Giec) ont averti que, sans réduction « rapide, radicale et le plus souvent immédiate » des émissions de gaz à effet de serre dans tous les secteurs, il sera impossible de limiter le réchauffement à +1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle, ni même à +2°C.
La deuxième nation la plus peuplée du monde derrière la Chine, comme elle, réticente lors du sommet COP26 l’an dernier à s’engager sur l’élimination progressive du charbon, est dotée d’une capacité actuelle de production d’environ 211 gigawatts fondée sur le combustible fossile, selon la Central Electricity Authority.
Une nouvelle installation de 55 GW est en cours de construction et aucune des centrales indiennes ne dispose de la technologie de captage et de stockage du carbone, prônée par le Giec pour permettre des « émissions négatives ».
« La technologie de piégeage du carbone est utilisée à titre expérimental dans l’une de nos centrales. Si elle se révèle concluante, elle équipera toutes les centrales », explique B. Srinivasa Rao, directeur général de la centrale de la National Thermal Power Corporation (NTPC) à Dadri, dans l’État d’Uttar Pradesh.
1,1 gigatonne de CO2 par an
La NTPC est le plus grand producteur d’électricité d’Inde et sa centrale de six unités alimentées au charbon qui s’étend sur 1.200 hectares à Dadri, fournit notamment l’électricité de Delhi.
Elle a pris certaines mesures pour réduire ses émissions, notamment en utilisant des galettes de déchets agricoles comme combustible.
En outre, à l’instar d’autres installations de NTPC, le complexe de Dadri est doté d’une centrale solaire thermique d’une puissance de 5 mégawatts. Il produit dans son ensemble 2.500 MW.
Selon M. Rao, la centrale recycle 100% de ses cendres volantes, issues de la combustion du charbon, et a mis en place un système de rejet liquide nul (ZLD).
Mais il reste beaucoup à faire pour réduire les émissions de dioxyde de carbone en Inde, dont l’énergie thermique à partir du charbon est l’un des plus gros émetteurs, à 1,1 gigatonne par an, selon le Centre for Science and Environment.
Les riverains de la centrale de Dadri se plaignent de l’exposition à la poussière de charbon qui menace leur santé.
« Elle nous brûle les yeux et nous fait mal aux poumons », déclare Rinku Rana, marchande de confiserie.
« Mais si l’usine ferme, nous serons privés de nos moyens de subsistance. Donc, d’une certaine manière, c’est un mal nécessaire », ajoute la commerçante de 29 ans, en essuyant une épaisse couche de poussière grise sur ses paquets de biscuits et de bonbons.
Besoin d’aide internationale
Rinku Rana résume ainsi le dilemme de son pays, qui a besoin de ce combustible bon marché pour son économie en plein essor et permettre à des millions d’habitants de sortir d’une pauvreté chronique.
Pour Harjeet Singh, de l’Initiative pour un traité de non-prolifération des combustibles fossiles, l’Inde ne peut pas continuer à dépendre du charbon, en particulier au vu des dangereux niveaux de pollution atmosphérique qui la frappent.
Cependant, le pays est « parfaitement en droit » d’invoquer l’équité et la justice climatiques. « La crise climatique actuelle n’est pas due à l’industrialisation de l’Inde mais à l’industrialisation occidentale de ces 15 dernières années », rappelle-t-il à l’instar des autorités indiennes.
« Les pays riches doivent réduire leurs émissions bien plus tôt que prévu jusque-là (…) tout en aidant les pays en développement à abandonner les combustibles fossiles ».
Le Premier ministre Narendra Modi, qui a fixé des objectifs ambitieux pour le développement des énergies renouvelables, compte porter cette capacité à 500 GW d’ici 2030.
Mais le charbon restera malgré tout le combustible dominant en Inde, car ses besoins énergétiques au cours des 20 prochaines années devraient augmenter plus rapidement que ceux de tout autre pays du monde, affirment les experts.
Dans ce contexte, M. Modi a déclaré que l’Inde ne ramènerait ses émissions à zéro qu’en 2070, soit vingt ans après l’objectif préconisé au sommet de la COP26.
Si le coût des énergies renouvelables a baissé de 90% durant la dernière décennie, souligne M. Singh, l’Inde a encore besoin de centaines de milliards de dollars d’investissements pour entamer la transition. Or « l’aide internationale (…) se fait attendre ».
Planète
Inde: la capitale New Delhi ferme la majorité des classes en raison de la pollution
La capitale indienne ferme la majorité des écoles face à une qualité de l’air désastreuse.
La pollution atmosphérique à New Delhi a atteint un niveau critique, forçant les autorités à prendre des mesures drastiques. La capitale indienne, régulièrement classée parmi les villes les plus polluées au monde, fait face à une nouvelle crise environnementale qui bouleverse le quotidien de ses habitants.
Les niveaux de particules fines PM 2,5, particulièrement nocives pour la santé, ont été mesurés à des concentrations 57 fois supérieures aux normes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ce week-end. Bien que ces niveaux aient légèrement diminué à 39 fois les seuils recommandés lundi matin, la situation reste alarmante. Ces particules, qui peuvent pénétrer profondément dans les poumons et même entrer dans la circulation sanguine, sont associées à des risques accrus de maladies cardiovasculaires et de cancer.
Face à cette situation, la ministre en chef Atishi a annoncé la fermeture des écoles pour tous les niveaux sauf les classes de 10ème et 12ème. Cette décision vise à protéger les élèves les plus vulnérables tout en permettant aux étudiants de terminale de poursuivre leurs études en vue de leurs examens importants. Les écoles primaires étaient déjà passées à l’enseignement à distance depuis jeudi dernier, une mesure maintenant étendue à presque tous les niveaux d’enseignement.
Les causes de cette pollution sont multiples : les feux agricoles dans les régions avoisinantes, les émissions industrielles et le trafic routier dense contribuent tous à cette situation. Chaque hiver, New Delhi et sa région métropolitaine, qui abritent 30 millions d’habitants, souffrent de ce fléau saisonnier. Les autorités tentent de limiter l’impact en imposant des restrictions sur les chantiers et la circulation des véhicules diesel.
Le gouvernement appelle également les populations sensibles, comme les enfants, les personnes âgées et celles souffrant de maladies pulmonaires ou cardiaques, à rester chez elles. Toutefois, pour beaucoup de résidents, la possibilité d’éviter l’exposition à l’air pollué est limitée par des conditions de logement précaires et l’absence de moyens pour se procurer des purificateurs d’air.
L’hiver, avec ses températures plus basses et ses vents faibles, aggrave la situation en piégeant les polluants dans l’atmosphère. En réponse à cette crise récurrente, la Cour suprême de l’Inde a récemment affirmé que le droit à un air pur est un droit fondamental, exigeant des actions concrètes de la part des gouvernements.
Cette situation soulève des questions sur la durabilité des mesures prises et la nécessité d’une stratégie à long terme pour améliorer la qualité de l’air dans la capitale indienne.
Planète
France : une réduction ambitieuse de la consommation d’énergies fossiles pour 2030
Dans un effort sans précédent pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 50 % par rapport à 1990, la France annonce une baisse drastique de sa dépendance aux énergies fossiles d’ici 2030. Cette transition repose sur l’électrification et la décarbonation des secteurs clés, afin de faire face aux enjeux climatiques et de souveraineté.
Le gouvernement français a dévoilé lundi sa feuille de route pour l’énergie et le climat jusqu’en 2050, annonçant des mesures ambitieuses pour réduire l’empreinte carbone du pays. Selon la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) et la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC), les énergies fossiles, qui représentaient 60 % de la consommation finale en 2022, ne compteront plus que pour 42 % d’ici 2030. L’objectif est de réduire cette part à 30 % en 2035 avant d’atteindre zéro en 2050, marquant une transition vers une énergie entièrement décarbonée.
La ministre de l’Énergie, Olga Givernet, a souligné la nécessité d’une action combinée de sobriété et d’efficacité énergétique, associée au développement massif des énergies sans carbone. Ce plan repose également sur un mix énergétique équilibré entre le nucléaire et les énergies renouvelables, marquant une approche duale pour sécuriser les besoins énergétiques futurs. « Ce n’est pas qu’une question d’énergie, c’est un choix de société », a affirmé la ministre, exprimant la portée sociétale de cette transition.
Les grandes lignes de cette stratégie n’étaient pas inédites, puisque la « planification écologique » et le Plan national intégré énergie-climat (Pniec), transmis à la Commission européenne en juillet dernier, en avaient déjà esquissé les contours. Toutefois, leur adoption avait été retardée par des enjeux politiques internes, notamment la dissolution de la précédente assemblée.
Le plan met en avant l’électrification de nombreux usages, dans la mobilité, l’industrie, et le bâtiment. Ainsi, la France projette de porter les ventes de voitures électriques à deux tiers des ventes totales d’ici 2030, avec une proportion de 15 % dans le parc automobile d’ici la fin de la décennie, contre 2,2 % début 2024. Le secteur du bâtiment est également ciblé, avec un objectif de réduction des émissions de CO₂ à 35 millions de tonnes en 2030, par rapport aux 62 millions de tonnes en 2022, grâce à la rénovation de 400 000 maisons et 200 000 logements collectifs par an, et au remplacement des chaudières au fioul.
L’Union française de l’électricité (UFE) a insisté sur l’importance d’un « Plan d’électrification des usages » intégrant des impératifs de compétitivité et de souveraineté énergétique. De son côté, le Syndicat des énergies renouvelables (SER) a salué ce projet pour sa portée en matière de compétitivité économique et de lutte contre le réchauffement climatique, malgré un contexte budgétaire contraignant.
Pour atteindre cette transformation, la consommation d’électricité, essentiellement d’origine décarbonée grâce au parc nucléaire, devra augmenter. Parallèlement, un effort de sobriété énergétique est requis pour réduire la consommation totale de 30 % d’ici 2030 par rapport à 2012, puis de 50 % en 2050. La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a mis en avant l’aspect préventif de ces mesures, en rappelant les coûts croissants des catastrophes climatiques. Elle a évoqué le récent drame à Valence, en Espagne, pour illustrer l’urgence de freiner les émissions de gaz à effet de serre.
Les documents de cette feuille de route seront soumis à la concertation publique jusqu’au 15 décembre, puis au Haut conseil pour le climat avant la publication des décrets d’application prévue en 2025. Le Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC-3), publié récemment, anticipe quant à lui un réchauffement de 4°C d’ici la fin du siècle en France, soulignant la gravité des enjeux et la nécessité de concrétiser cette transformation.
France
Un mois de septembre record, 40% de pluies en plus en octobre en France
Les précipitations d’octobre 2024 en France ont dépassé de 40 % la normale, accompagnées d’inondations ravageuses dans le sud et le centre-est. Un mois particulièrement pluvieux et chaud, qui s’inscrit dans une tendance climatique préoccupante.
La France a connu en octobre 2024 un niveau de précipitations inédit pour cette saison, avec une augmentation de 40 % par rapport aux moyennes saisonnières. Bien que ce mois ne figure pas parmi les dix octobres les plus arrosés historiquement, il enregistre des cumuls de pluie exceptionnels dans plusieurs régions, notamment en Provence et dans les Cévennes. En moyenne, 132 mm de pluie sont tombés à l’échelle nationale, avec des niveaux atteignant jusqu’à trois fois la normale sur certains territoires.
Ces précipitations intenses ont entraîné des épisodes d’inondations à répétition, marqués par des événements particulièrement graves dans le centre-est du pays, entre le 15 et le 18 octobre, durant lesquels plusieurs départements ont été placés en vigilance rouge. Cet épisode cévenol, qualifié de sans précédent par la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a vu des niveaux record, comme à Mayres en Ardèche où près de 700 mm de pluie se sont abattus en deux jours.
L’instabilité météorologique n’a pas épargné le Var et les Alpes-Maritimes, touchés par un second épisode pluvieux du 24 au 27 octobre. À Vidauban, 119 mm de pluie sont tombés en une heure, un phénomène jamais observé dans cette région. Ce déferlement de précipitations a inondé une partie du bassin parisien et certaines zones du sud-ouest, tandis que des crues ont frappé des villes de Seine-et-Marne et d’Eure-et-Loir.
Ces perturbations sont en partie attribuées à la dépression Kirk, qui a traversé le pays le 9 octobre, générant des vents violents, avec des pointes à 211 km/h enregistrées dans les Pyrénées-Atlantiques. Ce jour-là, des précipitations records pour un mois se sont abattues en seulement 24 heures, provoquant la montée rapide de certains cours d’eau et des inondations dans des zones sensibles.
Parallèlement à ces événements, les températures se sont également maintenues au-dessus des normales saisonnières, enregistrant une moyenne de 1,6°C de plus que la période de référence 1991-2020. Si le début du mois a offert une légère fraîcheur, octobre a principalement connu des températures élevées, notamment dans le sud-est. Cette anomalie thermique, associée à un ensoleillement réduit de 20 %, renforce les signes d’un changement climatique en cours.
Les experts, bien que prudents quant à une attribution directe au réchauffement climatique sans études approfondies, rappellent que le réchauffement global, en augmentant la quantité de vapeur d’eau dans l’atmosphère, tend à intensifier la fréquence et l’intensité des épisodes météorologiques extrêmes. L’automne 2024, marqué par des excédents de précipitations et une anomalie thermique persistante, s’inscrit ainsi dans une série d’événements climatiques qui questionnent l’avenir des régions concernées.
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