Monde
Course contre la montre « impossible » pour fuir Kaboul
Des dizaines de milliers d’Afghans tentent toujours désespérément dimanche de fuir leur pays, bien que Washington ait mis en garde contre des menaces pour la sécurité à l’aéroport de Kaboul et que l’Union européenne a estimé « impossible » d’évacuer toutes les personnes menacées par les talibans.
Depuis leur prise de pouvoir il y a une semaine, les militants islamistes tentent de convaincre la population qu’ils ont changé, affirmant que leur politique sera moins brutale que lorsqu’ils étaient à la tête du pays de 1996 à 2001.
Terrifiées, des milliers de familles cherchent pourtant toujours à fuir et la situation demeure des plus chaotiques à l’aéroport de Kaboul, où les États-Unis et leurs alliés n’arrivent pas à faire face au flot de personnes qui continuent d’affluer dans l’espoir d’être évacués.
Sept Afghans sont morts dans la cohue, a annoncé dimanche le ministère britannique de la Défense, sans dire s’il parlait d’un seul incident ou de plusieurs ni quand cela avait eu lieu.
Un journaliste, faisant partie d’un groupe d’employés de presse et d’universitaires qui a eu la chance d’accéder à l’aéroport dimanche, a décrit des scènes de gens totalement désespérés s’accrochant à leur bus au moment où ils y pénétraient.
« Ils nous montraient leurs passeports et criaient: +Emmenez-nous avec vous, s’il vous plaît emmenez-nous avec vous », a raconté ce journaliste à l’AFP. « Le combattant taliban dans le camion devant nous a dû tirer en l’air pour les disperser. »
La chaîne britannique Sky News avait diffusé samedi les images d’au moins trois corps recouverts d’un drap blanc, reposant à l’extérieur de l’aéroport. Les circonstances de leur mort ne sont pas connues.
Le journaliste de Sky News, Stuart Ramsay, qui était sur place, a affirmé que de tels drames sont « inévitable », car des gens sont « écrasés » et d’autres « déshydratés et terrifiés ».
La veille, une vidéo postée sur les réseaux sociaux montrait des Afghans faisant passer un bébé en pleurs par-dessus un mur à l’aéroport et le donnant à un soldat américain.
Espérer un miracle
Espérant toujours un miracle, des familles demeurent massées entre les barbelés qui entourent le périmètre séparant les talibans des troupes américaines. La circulation sur les routes menant à l’aéroport continue d’être extrêmement congestionnée.
Le président américain Joe Biden a reconnu vendredi que l’opération d’évacuation était l’une des « plus difficiles de l’histoire ».
Quelques heures plus tard, l’ambassade des États-Unis en Afghanistan a exhorté les ressortissants à éviter de se rendre à l’aéroport, en raison de menaces portant sur la sécurité du lieu.
La nature de ces menaces n’a pas été précisée, mais un responsable de la Maison Blanche a fait savoir que Joe Biden avait discuté samedi matin avec de hauts responsables « de la situation sécuritaire en Afghanistan et des opérations de contre-terrorisme, y compris l’EI », le groupe État islamique.
Les États-Unis, qui ont déployé des milliers de soldats pour tenter de sécuriser l’aéroport, ont fixé au 31 août la date limite pour terminer les opérations d’évacuation. Cette date correspond à celle du retrait définitif prévu des forces américaines présentes en Afghanistan.
Washington prévoit d’évacuer entre 10.000 et 15.000 de leurs ressortissants, et de 50.000 à 60.000 Afghans et leurs familles, selon l’administration Biden.
Mais un nombre considérable d’autres personnes tentent de fuir, parmi lesquelles des journalistes ou des Afghans ayant travaillé pour des organismes ou entreprises étrangères, qui redoutent la répression des talibans.
« Nous nous battons à la fois contre le temps et l’espace », a reconnu samedi le porte-parole du Pentagone, John Kirby ». D’autres hauts responsables étrangers avaient cependant des mots plus durs.
« Mathématiquement impossible »
« Il veulent évacuer 60.000 personnes d’ici la fin du mois. C’est mathématiquement impossible », a déclaré à l’AFP le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell.
Ce dernier a affirmé avoir fait part aux Américains du fait que les mesures de sécurité à l’aéroport sont trop strictes et empêchent les Afghans qui travaillaient pour les Européens d’y pénétrer.
Depuis le 14 août, quelque 17.000 personnes ont été évacuées par les États-Unis, dont 2.500 Américains. Des milliers d’autres ont été exfiltrées à bord d’avions militaires étrangers.
Les talibans ont accepté que l’armée américaine supervise les évacuations, ce qui leur permet de se focaliser sur la manière dont ils entendent gouverner le pays après le départ des forces étrangères.
Le cofondateur et numéro deux des talibans, le mollah Abdul Ghani Baradar, est arrivé samedi à Kaboul. Des responsables talibans ont affirmé travailler à l' »établissement d’un gouvernement inclusif ».
Parmi les dirigeants talibans les plus actifs, figurent des membres de la famille Haqqani. Le réseau éponyme est considéré comme terroriste par les États-Unis et des millions de dollars de récompense ont été placés sur leur tête.
Les talibans sont entrés la semaine dernière dans Kaboul sans rencontrer de grande résistance, à l’issue d’une offensive éclair entamée en mai à la faveur du début du retrait des forces américaines et de l’Otan.
Une poche de résistance aux talibans s’est formée dans la vallée du Panchir, au nord-est de Kaboul. Ce Front national de résistance (FNR) est notamment emmené par Ahmad Massoud, fils du commandant Ahmed Shah Massoud assassiné en 2001 par Al-Qaïda.
Alors que les talibans avaient annoncé vendredi « l’allégeance » à leur mouvement d’Ahmad Massoud, un porte-parole du FNR a déclaré que le Front se prépare à « un conflit de longue durée » avec les talibans s’il ne parvient pas à négocier avec eux la formation d’un gouvernement inclusif.
« La condition d’un accord de paix avec les talibans est la décentralisation, un système qui garantisse la justice sociale, l’égalité, les droits et la liberté pour tous », a déclaré Ali Maisam Nazary.
Europe
Arrestation du fils de la princesse de Norvège soupçonné de viol
Les forces de l’ordre norvégiennes ont procédé à l’arrestation de Marius Borg Høiby, 27 ans, suspecté d’agression sexuelle. Les détails de l’affaire commencent à émerger.
Lundi soir, les autorités norvégiennes ont mis sous les verrous Marius Borg Høiby, fils de la princesse héritière Mette-Marit, dans le cadre d’une enquête pour viol. Le jeune homme de 27 ans est accusé d’avoir eu un rapport sexuel avec une personne incapable de donner son consentement, selon les déclarations de la police. Cet incident est décrit comme un acte sexuel sans pénétration, où la victime était dans un état d’inconscience ou de faiblesse l’empêchant de s’opposer.
Les investigations ont rapidement progressé. Une perquisition a été menée au domicile de Høiby, où des éléments matériels ont été saisis. Cette arrestation fait suite à une précédente interpellation en août, lors d’une altercation nocturne à Oslo, où Høiby était accusé de violences domestiques. À cette occasion, un couteau avait été découvert planté dans un mur de la chambre de la femme impliquée, avec laquelle il entretenait une relation.
La situation s’est encore compliquée en septembre, lorsque Høiby a été arrêté pour avoir enfreint une ordonnance de protection. La police a révélé qu’au moment de son arrestation lundi, il se trouvait en compagnie de la même femme qui avait été impliquée dans l’incident d’août. Les charges contre lui se sont élargies pour inclure des accusations de violences domestiques.
Marius Borg Høiby, né d’une relation antérieure de Mette-Marit avant son mariage avec le prince héritier Haakon, n’a pas de rôle officiel au sein de la famille royale, contrairement à ses demi-frères et sœurs, la princesse Ingrid Alexandra et le prince Sverre Magnus. La police n’a pas encore décidé si Høiby serait placé en détention provisoire, laissant l’avenir judiciaire du jeune homme en suspens.
Cet événement soulève des questions sur les dynamiques familiales au sein de la royauté norvégienne et sur la manière dont la justice traite les affaires impliquant des personnalités publiques. La Norvège, connue pour son système judiciaire transparent et équitable, devra naviguer avec soin dans cette affaire délicate, assurant à la fois la protection des droits de la victime et le respect des procédures légales.
Europe
Russie : Vladimir Poutine signe un décret permettant un recours plus large à l’arme nucléaire
Face à la montée des tensions avec l’Occident, Vladimir Poutine a modifié la doctrine nucléaire russe, permettant un recours plus large à l’arsenal atomique en cas de menaces jugées sérieuses.
L’annonce de la signature par le président russe Vladimir Poutine d’un décret élargissant les conditions d’emploi des armes nucléaires marque une nouvelle étape dans l’escalade des tensions internationales. Ce décret intervient après que les États-Unis ont permis à l’Ukraine d’utiliser des missiles à longue portée contre la Russie, signalant une évolution stratégique dans le conflit.
Le document, signé le 19 novembre, modifie substantiellement la politique nucléaire russe. Désormais, toute attaque contre la Russie par un État non nucléaire, mais soutenu par une puissance nucléaire, sera considérée comme une agression conjointe. Cette révision reflète une adaptation de la Russie à ce qu’elle perçoit comme des menaces croissantes à sa sécurité, selon les dires du Kremlin. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a justifié cette mesure en expliquant qu’il était impératif de réajuster les fondements de la doctrine nucléaire face aux défis actuels.
Cette décision intervient à un moment où les relations entre la Russie et l’Occident sont particulièrement tendues. Fin septembre, Poutine avait déjà fait état de sa volonté d’utiliser l’arme nucléaire en réponse à une attaque aérienne massive contre le territoire russe, une menace qui a été réitérée par la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, indiquant que la réponse de la Russie serait proportionnée et décisive.
La Russie accuse également l’Ukraine d’avoir utilisé des missiles de longue portée fournis par les États-Unis pour frapper la région de Briansk. Selon les informations relayées par le ministère russe de la Défense, six missiles ATACM ont été lancés, dont cinq ont été interceptés par la défense antiaérienne russe. Les débris auraient causé des dommages mineurs à un site militaire, attisant encore la tension dans la région.
Cette escalade dans la rhétorique et les actions nucléaires soulève des inquiétudes quant à une possible intensification du conflit, déjà marqué par des échanges de prisonniers et des accusations réciproques d’agressions. La signature de ce décret par Poutine pourrait être interprétée comme une tentative de dissuasion, mais aussi comme une manifestation de l’intention de la Russie de protéger ses intérêts par tous les moyens, y compris les plus extrêmes.
Économie
Climat, guerres, Trump: le G20 sous pression en sommet à Rio
Le sommet du G20 à Rio de Janeiro se tient sous haute tension, avec des enjeux climatiques et géopolitiques majeurs, et l’influence croissante de Donald Trump.
Le sommet du G20, qui réunit les dirigeants des économies les plus influentes du monde, a débuté à Rio de Janeiro dans un contexte marqué par des défis climatiques pressants et des tensions géopolitiques exacerbées. Les discussions, qui se déroulent dans un cadre de plus en plus instable, sont dominées par la nécessité de trouver des accords sur le financement climatique et la gestion des conflits internationaux, tout en anticipant le retour de Donald Trump à la présidence américaine.
Les dirigeants du G20, représentant une part significative du PIB mondial et des émissions de gaz à effet de serre, sont confrontés à l’urgence d’agir pour le climat. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé à des compromis pour garantir un résultat positif à la prochaine conférence sur le climat, la COP29. Cependant, les divergences sur les questions climatiques et les conflits en cours, notamment en Ukraine et au Proche-Orient, rendent les négociations particulièrement ardues. La Russie, absente du sommet, continue d’influencer les discussions par son conflit avec l’Ukraine, tandis que la situation à Gaza et au Liban ajoute une complexité supplémentaire.
Le président argentin Javier Milei, connu pour ses positions ultralibérales et climatosceptiques, introduit une incertitude supplémentaire. Buenos Aires a exprimé des réserves quant à l’adhésion à un communiqué commun, ce qui pourrait entraver les efforts de consensus. De son côté, le président brésilien Lula da Silva, hôte du sommet, souhaite recentrer les débats sur les enjeux sociaux et la lutte contre la pauvreté, avec le lancement d’une Alliance globale contre la faim et la pauvreté, et la proposition d’une taxation des plus riches, déjà discutée entre les ministres des Finances du G20.
L’ombre de Donald Trump, qui devrait revenir à la Maison Blanche en janvier, plane sur le sommet. Joe Biden, en visite en Amazonie, a envoyé un message fort sur la nécessité de protéger l’environnement, soulignant le risque d’un affaiblissement des ambitions climatiques mondiales sous une nouvelle administration républicaine. Cette perspective alimente les craintes d’une fragmentation internationale accrue et d’un retour en arrière sur les engagements climatiques.
Les discussions bilatérales de Xi Jinping avec d’autres dirigeants illustrent également l’importance croissante des pays émergents et des visions alternatives dans un ordre mondial en pleine mutation. Selon Oliver Stuenkel, professeur en relations internationales, le monde entre dans une phase d’imprévisibilité accrue, où les pays du Sud et la Chine auront plus d’espace pour articuler leurs propres stratégies.
Le G20 de Rio de Janeiro se tient à un moment critique où les leaders doivent naviguer entre les impératifs climatiques, les conflits internationaux et les changements politiques majeurs, tout en cherchant à maintenir un semblant d’unité et d’action collective.
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