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Le lycée musulman Averroès devant la justice pour récupérer son contrat avec l’Etat

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Le lycée Averroès défend son contrat avec l’État devant la justice : un procès aux enjeux majeurs

Le principal établissement scolaire musulman de France, accusé de manquements aux valeurs républicaines, conteste la résiliation de son contrat d’association. Une audience cruciale s’ouvre ce mardi.

Le lycée Averroès, situé à Lille, se retrouve au cœur d’une bataille judiciaire pour récupérer son contrat avec l’État, résilié en décembre 2023 par le préfet du Nord. Ce dernier a justifié sa décision par des « manquements graves aux principes fondamentaux de la République », notamment des enseignements jugés contraires aux valeurs républicaines. L’établissement, qui scolarisait 470 élèves avant cette sanction, a vu ses effectifs chuter à 290, tout en étant contraint de doubler ses frais de scolarité pour assurer sa survie financière.

Parmi les griefs formulés par la préfecture figurent des références à des textes religieux prônant des peines sévères pour l’apostasie et une ségrégation des sexes, ainsi qu’un déséquilibre dans les ressources documentaires du CDI, jugées trop centrées sur l’islam. Le préfet a également pointé du doigt un financement en provenance du Qatar et le refus de l’établissement de se soumettre à un contrôle inopiné en 2022.

Pourtant, des inspections menées par l’Éducation nationale n’avaient pas relevé de manquements suffisants pour justifier une telle sanction. Un rapport de 2020 avait même conclu que les pratiques pédagogiques respectaient les valeurs républicaines. Malgré cela, deux décisions en référé ont confirmé la résiliation du contrat en 2024.

Lors de l’audience de ce mardi, le tribunal administratif examinera l’affaire sur le fond. L’avocat du lycée, Me Sefen Guez Guez, espère une annulation de la décision préfectorale, arguant que cette sanction pourrait entraîner « une mort lente » de l’établissement, qui compte de nombreux élèves boursiers et figure régulièrement parmi les meilleurs de la région.

L’association Averroès dénonce une « inégalité de traitement » entre les établissements privés musulmans et d’autres écoles confessionnelles, citant en exemple le lycée Stanislas à Paris, dont le contrat n’a pas été remis en cause malgré des dérives signalées. La ministre de l’Éducation, Élisabeth Borne, a quant à elle défendu la décision, soulignant que les résiliations de contrats étaient motivées par des faits précis, tant dans les enseignements que dans les propos tenus par certains responsables.

Fondé en 2003 après l’interdiction du voile à l’école, le lycée Averroès était devenu en 2008 le premier établissement musulman à passer sous contrat avec l’État. Aujourd’hui, la France compte 77 écoles musulmanes, dont seulement six sont partiellement ou totalement sous contrat. Ce procès, qualifié d' »historique » par l’association Averroès, pose des questions fondamentales sur l’équilibre entre liberté éducative et respect des valeurs républicaines.

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