L’Union européenne durcit le ton contre le Rwanda, tandis que Kigali rompt ses liens diplomatiques avec la Belgique. Une escalade des tensions dans un conflit régional qui menace la stabilité de l’Afrique centrale.
L’Union européenne a décidé de sanctionner plusieurs hauts responsables rwandais, dont des officiers militaires et un cadre du secteur minier, en réponse au soutien présumé de Kigali au groupe armé M23 dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Ces mesures, annoncées lundi, comprennent une interdiction de voyager dans l’UE et un gel des avoirs pour neuf individus, accusés de contribuer à la déstabilisation de la région. Parmi eux figurent trois généraux rwandais et le directeur de l’Office rwandais des mines, du pétrole et du gaz. Quatre dirigeants du M23, dont son chef Bertrand Bisimwa, sont également visés.
Presque simultanément, le Rwanda a annoncé la rupture de ses relations diplomatiques avec la Belgique, accusant Bruxelles de soutenir Kinshasa dans le conflit en cours. Kigali a dénoncé les « illusions néocoloniales » de la Belgique, affirmant que cette dernière avait systématiquement pris parti contre le Rwanda dans les forums internationaux. Le gouvernement rwandais a ordonné la fermeture immédiate de son ambassade à Bruxelles et le rappel de ses diplomates dans un délai de 48 heures. En réponse, la Belgique a qualifié cette décision de « disproportionnée » et a annoncé qu’elle déclarerait persona non grata les représentants rwandais sur son territoire.
Cette crise diplomatique intervient dans un contexte de tensions croissantes entre le Rwanda et la RDC, où le M23, soutenu par Kigali selon des experts de l’ONU, a repris les armes fin 2021. Le groupe armé contrôle désormais de vastes zones dans l’est de la RDC, une région riche en ressources minières. Les affrontements ont provoqué des déplacements massifs de populations et exacerbé les tensions ethniques.
Le président rwandais Paul Kagame a récemment critiqué la Belgique, l’accusant d’avoir historiquement contribué aux divisions ethniques au Rwanda, qui ont culminé avec le génocide des Tutsi en 1994. Kagame a également dénoncé l’héritage colonial belge, qualifiant la Belgique de « petit pays » ayant imposé des divisions artificielles dans la région.
Alors que les pourparlers entre la RDC et le M23 doivent reprendre sous l’égide de l’Union africaine, cette escalade des tensions diplomatiques et militaires complique les perspectives de paix. Les sanctions européennes et la rupture des relations entre le Rwanda et la Belgique risquent d’aggraver une situation déjà explosive, avec des répercussions potentielles sur toute la région des Grands Lacs.