Monde
Des gratte-ciel Trump à la piscine municipale Biden
Pour Donald Trump, des gratte-ciel à son nom tout autour de la planète. Pour Joe Biden? Une piscine municipale dans le Delaware.
Une visite à Wilmington, la modeste — d’aucuns diraient morne — ville d’adoption du président élu, suffit à illustrer le profond changement d’ambiance qui attend la Maison Blanche avec l’arrivée de son nouveau locataire en janvier.
Après quatre années de Donald Trump, aficionado de robinetterie en or et autoproclamé « le meilleur » dans pratiquement tous les domaines, arrive un homme proche des habitants de cette ville du Delaware, réputés pour avoir les pieds sur terre.
« Tout le monde ici l’appelle Joe. +Joe le Normal+ », affirme avec une certaine admiration Shelly Baker, âgée de 63 ans, tandis qu’elle attend d’entrapercevoir le président élu dans le centre-ville après un événement quotidien de son équipe de transition.
Donald Trump voit son nom affiché en lettres capitales — souvent en or, pour faire bonne mesure — sur ses immeubles et ses propriétés huppées de Las Vegas à l’Ecosse.
Rien qu’à New York, on peut recenser la Trump Tower, la Trump World Tower, le Trump Plaza, le Trump Building, le Trump Parc, le Trump Park Avenue et le Trump International Hotel and Tower.
Et c’est sans compter sur les livres Trump, comme « Comment devenir riche », les parcours de golf Trump, les casinos Trump et bien plus.
Le républicain est en telle admiration devant son propre nom qu’il a pris l’habitude dans ses discours d’évoquer « Trump » pour se désigner, en utilisant la troisième personne.
Quid de Joe Biden?
Le président élu a été sénateur pendant quatre décennies et vice-président sous Barack Obama. C’est donc loin d’être un anonyme. Mais dans la course à l’auto-congratulation, les signaux lancés ne pourraient pas être plus différents.
Dans le Delaware, trois sites portent le nom de Joe Biden:
– le centre aquatique Joseph R. Biden Jr., où le prochain 46e président des Etats-Unis a travaillé comme maître-nageur dans sa jeunesse;
– la gare Joseph R. Biden Jr., qu’il utilisait pour ses trajets quotidiens entre le Sénat à Washington et sa maison de Wilmington afin de retrouver sa famille tous les soirs;
– enfin, et non des moindres, le Biden Welcome Center, une aire d’autoroute avec fast-food et toilettes pour les automobilistes de l’I95.
Une ville à son image
Wilmington, qui compte moins de 71.000 habitants, reflète bien l’homme qui a promis l’apaisement après quatre années de turbulences politiques.
La ville n’est pas connue pour grand chose. La plupart des gens n’y font que passer par l’autoroute sur leur chemin entre Washington et New York.
D’un point de vue économique, le Delaware a beau être connu pour sa fiscalité avantageuse pour les entreprises, on est très loin d’y retrouver l’effervescence de Wall Street.
Des travaux pour redonner vie au centre-ville sont en cours, mais l’endroit reste majoritairement sinistre et dangereux.
Le côté plus cossu de Wilmington comprend une succession presque interminable d’églises, de feux de circulation et de concessionnaires automobiles, avant de laisser place à des quartiers résidentiels boisés aux rues sinueuses, où se situe la résidence de Joe Biden.
« Ce n’est pas comme Miami ou New York », affirme Toya Darcey, responsable d’un magasin de vêtements dans le centre-ville, mais « ça fait du bien qu’il vienne d’ici ».
Dire que Joe Biden est enraciné à Wilmington ne relève pas de l’hyperbole.
Son fils Beau, décédé d’une tumeur au cerveau en 2015, est enterré dans le cimetière Saint-Joseph, près de l’église catholique de Brandywine. Sa première femme Neilia, et leur bébé Naomi, décédés en 1972 dans un accident de voiture, y reposent également.
A l’inverse de Donald Trump, qui n’a pas voulu prendre en compte les restrictions liées au Covid-19 afin de tenir des meetings d’envergure à travers le pays, Joe Biden a mené une grande partie de sa campagne depuis le sous-sol de sa maison.
Donald Trump n’a eu de cesse de moquer cette stratégie, mais les photos de famille, les livres et les drapeaux américains comme objets souvenirs utilisés en arrière-plan de ses vidéos ont contribué à entretenir l’image d’un Joe Biden auquel les gens pouvaient s’identifier, un gars du coin fiable qui a réussi.
« Même s’il a été un homme politique toute sa vie, je pourrais vouer une confiance aveugle à Biden », résume Shelly Baker.
Europe
Quand l’Allemagne paie au prix fort son virage énergétique
L’Allemagne, pionnière dans la transition énergétique, doit maintenant faire face à des coûts élevés et à des défis structurels qui mettent à l’épreuve sa compétitivité et sa stabilité énergétique.
La transition énergétique allemande, autrefois saluée comme un modèle de développement durable, se heurte aujourd’hui à des obstacles majeurs. Deux épisodes récents de « pannes vertes », où le prix de l’électricité a atteint des sommets vertigineux, ont mis en lumière les failles du système. En novembre et décembre, le prix de l’électricité a frôlé les 1000 euros par mégawattheure, une situation inédite qui a ébranlé non seulement l’Allemagne mais aussi ses voisins européens.
L’absence de vent et de soleil, éléments cruciaux pour la production d’énergie renouvelable, a paralysé les éoliennes et les panneaux solaires, entraînant une dépendance accrue aux importations d’électricité et une envolée des coûts. Les entreprises énergivores, forcées de réduire ou d’arrêter temporairement leur production, témoignent de l’impact direct de ces fluctuations sur l’économie. Bien que les particuliers et certaines entreprises bénéficient de tarifs fixes, la situation a révélé une vulnérabilité structurelle du marché énergétique allemand.
La politique énergétique du gouvernement Scholz, déjà sous le feu des critiques, a été vivement attaquée par l’opposition. Friedrich Merz, leader conservateur, a accusé le gouvernement d’avoir mis en péril la compétitivité de l’Allemagne. En réponse, Robert Habeck, ministre de l’Économie, a pointé du doigt l’inaction des gouvernements précédents face aux défis énergétiques.
Malgré une progression significative des énergies renouvelables, qui représentent désormais 60% de la production d’électricité, l’Allemagne peine à gérer l’intermittence de ces sources. La fermeture progressive des centrales à charbon et l’arrêt des réacteurs nucléaires en avril 2023 accentuent cette difficulté. Le pays doit investir massivement dans les capacités de stockage et dans des infrastructures flexibles pour pallier les variations de production.
Les experts, comme Georg Zachmann de Bruegel, soulignent l’urgence de réformes réglementaires pour encourager les investissements nécessaires. Cependant, des obstacles bureaucratiques retardent le déploiement des énergies vertes. Claudia Kemfert de l’institut DIW critique le décalage entre les délais de construction des infrastructures vertes et celles des énergies fossiles.
La chute de la coalition d’Olaf Scholz et la perspective des élections de février 2025 ajoutent une incertitude politique à cette équation complexe. L’abandon d’un projet de loi visant à remplacer le charbon par des centrales à gaz illustre les tensions entre les objectifs environnementaux et les impératifs économiques.
Le secteur industriel, représenté par Markus Krebber de RWE, alerte sur un système énergétique poussé à bout. Les « pannes vertes » de cet hiver ont démontré que, sans une adaptation rapide et profonde, la transition énergétique allemande pourrait non seulement coûter cher, mais aussi menacer la stabilité énergétique de l’Europe.
Monde
Italie: une spéléologue blessée sauvée après 4 jours dans une grotte
Une opération de sauvetage sans précédent a permis de sauver une spéléologue italienne blessée, piégée dans une cavité souterraine pendant quatre jours.
La région de Bergame, au nord de l’Italie, a été le théâtre d’une mission de sauvetage qui restera dans les annales du secours spéléologique. Ottavia Piana, une spéléologue de 32 ans, a été victime d’une chute dans la grotte de Bueno Fonteno, se blessant gravement. L’incident, survenu samedi soir, a déclenché une mobilisation massive des services de secours italiens.
Les efforts pour atteindre et extraire Ottavia de cette situation périlleuse ont impliqué 159 techniciens du Corps national italien de secours alpin et spéléologique (CNSAS), venus de 13 régions du pays. Leur détermination a été récompensée dans la nuit de mardi à mercredi, lorsque, après quatre jours d’interventions continues, ils ont réussi à sortir la spéléologue de l’antre souterrain à 02H59, heure locale.
L’opération s’est révélée particulièrement complexe en raison de l’étroitesse de certains passages de la grotte, nécessitant l’utilisation de microcharges explosives pour élargir ces obstacles et permettre le passage d’un brancard. Ce défi technique a été relevé avec une précision chirurgicale, illustrant le professionnalisme et le dévouement des équipes de secours.
Ottavia Piana, souffrant de multiples fractures, a été immédiatement transférée par hélicoptère vers un hôpital de Bergame pour recevoir les soins nécessaires. Sa condition physique, bien que grave, n’a pas entamé son moral, soutenu par les messages de ses amis que les secouristes lui montraient sur leur téléphone, un geste qui a contribué à maintenir son esprit combatif.
Cette opération de sauvetage n’est pas la première pour Ottavia, qui, il y a environ un an et demi, avait déjà subi une chute dans la même grotte, se fracturant alors une jambe. Le destin a voulu que le même médecin, Leonardo Sattin, soit présent pour la secourir à nouveau, une coïncidence qui a sans doute apporté un réconfort supplémentaire à la spéléologue.
Le ministre des Affaires régionales, Roberto Calderoli, a salué le courage et l’engagement des secouristes et des volontaires, soulignant l’importance de leur travail dans de telles situations extrêmes. Cette histoire de survie et de solidarité humaine résonne comme un hommage à ceux qui risquent leur vie pour en sauver d’autres, rappelant à tous l’importance de la préparation et de la coopération dans les sports extrêmes comme la spéléologie.
Monde
L’ONU prévient que le conflit n’est pas « terminé » en Syrie, les nouvelles autorités cherchent à rassurer
L’ONU prévient que le conflit n’est pas terminé en Syrie, tandis que les nouvelles autorités cherchent à rassurer la population.
L’Organisation des Nations Unies a récemment mis en garde contre une fausse perception de la paix en Syrie, soulignant que les hostilités se poursuivent malgré les efforts des nouveaux dirigeants pour apaiser les tensions et restaurer la stabilité.
Les combats dans le nord du pays entre les forces kurdes et des groupes soutenus par la Turquie continuent d’alimenter l’instabilité, notamment après la chute du régime de Bachar al-Assad. Ces affrontements, qui se sont intensifiés suite à l’offensive rebelle ayant renversé le régime le 8 décembre, mettent en lumière la fragilité de la situation. Les États-Unis ont prolongé un cessez-le-feu temporaire entre ces factions, signe de leur implication dans la recherche d’une solution pacifique.
Les nouvelles autorités, dominées par des islamistes radicaux, promettent une pacification et une réunification du pays. Cependant, le chef militaire du groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS), Mourhaf Abou Qasra, annonce la dissolution des factions armées pour les intégrer dans une structure militaire unifiée. Cette démarche est perçue comme une tentative de consolider leur pouvoir et de présenter une image plus modérée, en appelant à la levée des sanctions internationales.
Sur le plan diplomatique, plusieurs nations ont rétabli des contacts avec le nouveau pouvoir syrien. La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont envoyé des émissaires à Damas, tandis que les États-Unis ont établi un dialogue direct avec HTS. Ces actions montrent une volonté de s’engager avec le nouveau régime, malgré les réserves et la méfiance persistantes.
Israël, de son côté, reste sur ses gardes. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a récemment tenu une réunion sécuritaire au mont Hermon, illustrant les inquiétudes israéliennes face à un voisin syrien en pleine mutation. Les frappes israéliennes sur des sites militaires syriens soulignent la défiance envers les nouvelles autorités, accusées de masquer leurs intentions derrière un discours de paix.
Sur le terrain, les Syriens tentent de reconstruire leur vie. Dans les souks de Damas, les commerçants effacent les traces du régime précédent et les prix des denrées de première nécessité baissent, signe d’un retour à la normalité. Toutefois, l’ONU et les organisations humanitaires mettent en garde contre un retour massif des réfugiés, soulignant que le pays manque encore cruellement de services de base et de stabilité politique.
L’avenir de la Syrie reste incertain. Les nouvelles autorités, tout en cherchant à rassurer, doivent prouver leur capacité à gouverner de manière inclusive et à garantir la sécurité de toutes les communautés du pays, dans un contexte où les minorités craignent pour leur avenir. Le chemin vers une paix durable et une véritable reconstruction est encore long, et la communauté internationale observe de près les développements dans ce pays déchiré par plus d’une décennie de guerre.
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