Des tensions et affrontements se poursuivaient dans la nuit de mardi à mercredi à Nanterre après la mort d’un jeune automobiliste de 17 ans tué en raison d’un refus d’obtempérer par un policier, qui a été placé en garde à vue.
Des heurts ont éclaté dans plusieurs villes de France pour la deuxième soirée consécutive après la mort de Nahel, 17 ans, tué mardi par un tir de policier à la suite d’un refus d’obtempérer à Nanterre (Hauts-de-Seine).
Plus d’une dizaine de voitures et des poubelles ont été incendiées, et des barrières ont été placées sur la route. Des affrontements se sont poursuivis jusqu’en milieu de nuit, avec des jets de pavés auxquels les forces de l’ordre ont répondu par des tirs de gaz lacrymogène. Gérald Darmanin annonce 150 interpellations après «une nuit de violences insupportables».
Dans un message publié ce mercredi matin sur Twitter, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a dénoncé «une nuit de violences insupportables contre des symboles de la République: mairies, écoles et commissariats incendiés ou attaqués.» Il a également souligné que 150 personnes ont été interpellées en marge de ces violences.
Plus tôt dans les rues de Nanterre, les habitants exprimaient « tristesse, colère et incompréhension », dénonçant un « délit de faciès ».
La mère de Nahel a appelé dans une vidéo postée sur TikTok à une marche blanche jeudi à 14h00 devant la préfecture des Hauts-de-Seine, tout près des lieux du tir mortel, en exprimant sa « révolte pour (son) fils ».
Garde à vue prolongée
Le drame ayant coûté la vie à Nahel s’est produit mardi matin près de la station de RER Nanterre-Préfecture, à la suite d’un contrôle routier.
Une vidéo circulant sur les réseaux sociaux a montré qu’un des deux policiers intervenus tenait le jeune conducteur en joue, puis qu’il a tiré à bout portant quand la voiture a redémarré. Dans la vidéo, on entend « tu vas te prendre une balle dans la tête », sans que l’on puisse attribuer cette phrase à quelqu’un en particulier.
Nahel M. est décédé peu de temps après avoir été atteint au thorax.
Le policier soupçonné du tir mortel, âgé de 38 ans, est interrogé par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) dans le cadre de l’enquête pour homicide volontaire ouverte par le parquet de Nanterre.
Sa garde à vue a été prolongée mercredi dans « la perspective d’une ouverture d’information judiciaire envisagée demain (jeudi, NDLR) », a indiqué le parquet dans un communiqué en fin de journée.
Domicile du policier surveillé
Le domicile de ce motard de la police fait l’objet de mesures de surveillance, selon les autorités locales de son lieu de résidence, après la diffusion de menaces anonymes sur les réseaux sociaux.
« Nous prendrons les décisions administratives de suspension si jamais des charges étaient retenues contre lui », a annoncé M. Darmanin.
Le drame a provoqué de nombreuses réactions politiques.
« Assez ! Ces meurtres engagent l’autorité de l’Etat ! Cette police doit être entièrement refondée, ses meurtriers punis », a tweeté le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon.
Le RN a invoqué « un drame » mais demandé à respecter « le temps de l’enquête », ainsi que « la présomption d’innocence ».
L’affaire a relancé la controverse sur l’action des forces de l’ordre en France, où un nombre record de 13 décès a été enregistré en 2022 après des refus d’obtempérer lors de contrôles routiers.
Elle a ému jusqu’au footballeur vedette du PSG et capitaine des Bleus, Kylian Mbappé. « J’ai mal à ma France », a tweeté le joueur.