La protection de l’enfance en France est à un tournant critique. Claire Hédon, Défenseure des droits, a récemment mis en lumière les défaillances systémiques du système de protection de l’enfance, appelant à une réaction rapide et concertée de l’État pour remédier à ces lacunes.
Dans une décision-cadre de plus de 60 pages, l’institution pointe du doigt l’aggravation de la situation malgré les alertes répétées. Ce rapport intervient un an après le décès tragique de Lily, une adolescente de 15 ans placée sous la tutelle de l’aide sociale à l’enfance, soulignant l’urgence d’une réforme. Les magistrats, notamment les juges des enfants, ont pour la première fois attiré l’attention sur ces failles, révélant un impact négatif sur le bien-être des enfants concernés.
L’augmentation du financement est un point crucial de cette réforme. Les départements, responsables de la protection de l’enfance depuis les lois de décentralisation des années 1980, subissent une pression financière croissante. Claire Hédon insiste sur la nécessité pour l’État de compenser ces charges nouvelles et de renforcer son soutien financier aux solidarités.
La justice, elle aussi, manque de moyens pour assurer pleinement son rôle protecteur. Les délais d’audiencement et la réalisation des enquêtes sociales sont jugés insatisfaisants, ce qui compromet la rapidité et l’efficacité des interventions en faveur des enfants vulnérables. La Défenseure des droits demande donc un renforcement des ressources allouées à la justice.
Sur le plan de la prévention, l’urgence est déclarée pour la mise en place d’un service social scolaire robuste, dès le niveau élémentaire. Il est également proposé d’intégrer à la formation initiale des enseignants des modules spécifiques sur la protection de l’enfance, les droits de l’enfant et la lutte contre les violences.
L’institution met en garde contre la tentation de solutions partielles et défensives en période de crise, notamment en ce qui concerne les mineurs non accompagnés (MNA) et les enfants en situation de handicap, qui sont souvent exclus des dispositifs de protection. Elle appelle à une approche non discriminatoire et inclusive pour tous les enfants en danger.
Enfin, l’attention est portée sur la santé mentale des enfants, souvent victimes de ruptures de parcours et de réorientations multiples, ce qui peut exacerber les troubles de l’attachement. La Défenseure des droits suggère la généralisation des unités d’accueil pédiatrique pour enfants en danger (UAPED) pour pallier ces carences.
Avec près de 390 000 enfants sous mesure de protection, le secteur fait face à une pénurie de professionnels, un manque de structures d’accueil et une augmentation du nombre de jeunes à protéger. Les recommandations de la Défenseure des droits sont claires : il est impératif que l’État prenne ses responsabilités et agisse dans les quatre mois pour rendre compte des suites données à ces propositions.