Le président Tinubu procède à un remaniement radical des dirigeants de la NNPC, dans un contexte de crise économique et de défiance sectorielle.
Le pouvoir nigérian a annoncé le limogeage de l’ensemble des dirigeants de la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC), marquant un tournant dans la gestion du géant pétrolier public. Mele Kyari, directeur général emblématique, et Pius Akinyelure, président du conseil d’administration, ont été évincés avec effet immédiat. Leur successeur, issu du secteur privé, a été choisi pour piloter une profonde restructuration visant à relancer la production et restaurer la crédibilité de l’entreprise.
Cette décision intervient alors que le Nigeria, premier producteur africain de brut, peine à maintenir ses niveaux d’extraction. La production est tombée sous la barre du million de barils quotidiens en 2023, loin des objectifs fixés à 2 millions d’ici 2027. La NNPC, régulièrement éclaboussée par des scandales de corruption et de mauvaise gestion, est accusée de freiner le potentiel économique du pays. Les autorités entendent désormais hisser sa contribution à 10 % de la production nationale dans les prochaines années.
Si la présidence justifie ces changements par des impératifs d’efficacité, certains y voient une manœuvre politique. Le nouveau directeur général, issu de l’ethnie yoruba comme le président Tinubu, pourrait attiser les tensions régionales dans un pays historiquement divisé entre un Nord musulman et un Sud chrétien. Les observateurs s’interrogent également sur l’impact de cette décision sur les investisseurs, déjà méfiants face aux difficultés économiques du Nigeria.
Malgré un bénéfice record affiché en 2023, la NNPC reconnaît des difficultés financières persistantes. Les réformes engagées par Tinubu, incluant la suppression des subventions sur les carburants, ont aggravé l’inflation et déstabilisé la monnaie locale. Pour les experts, la réussite de cette restructuration sera déterminante pour sortir le pays de la crise. Reste à savoir si ce coup de force managérial suffira à redynamiser un secteur vital pour l’économie nigériane.