Manifestation historique à Paris : usagers et élus unis contre la dégradation des lignes ferroviaires

La colère gronde sur les rails. Des centaines de voyageurs et représentants locaux convergent vers la capitale pour exiger des investissements urgents après des décennies de négligence.

Deux convois spéciaux, surnommés « trains de la colère », ont quitté Cahors et Clermont-Ferrand ce mardi à destination de Paris. À bord, des passagers excédés par les retards répétés, les pannes chroniques et le manque d’entretien des lignes Paris-Clermont et Paris-Orléans-Limoges-Toulouse (POLT). Ces axes, essentiels pour près de 4,5 millions de voyageurs annuels, symbolisent aujourd’hui le malaise profond du réseau Intercités.

Parmi les manifestants, des figures emblématiques comme Monique, 84 ans, qui a consacré sa vie professionnelle à ces trajets. « Autrefois, tout fonctionnait. Aujourd’hui, c’est la désolation », témoigne-t-elle, évoquant avec nostalgie une époque où les retards étaient rares. Pour Christophe Proença, député du Lot, la priorité est claire : davantage de trains et des horaires respectés. Une revendication partagée par Stéphanie Picard, porte-parole des usagers de la ligne Clermont-Paris, qui dénonce l’accélération de la désertification des territoires faute de transports fiables.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2024, un train sur cinq affichait un retard supérieur à cinq minutes sur l’axe Clermont-Paris. Certains incidents ont même entraîné des retards de douze heures, plongeant les usagers dans des situations ubuesques. Face à cette crise, le ministre des Transports a annoncé des mesures symboliques, comme des billets à tarif réduit ou des remboursements majorés. Des propositions jugées insuffisantes par les associations, qui réclament des investissements massifs plutôt que des rustines.

La SNCF assure pourtant avoir engagé un vaste plan de modernisation, avec près de trois milliards d’euros prévus d’ici 2027. Mais pour Jean-Noël Boisseleau, d’Urgence Ligne POLT, ces efforts restent en deçà des besoins réels. « Il faudrait au moins doubler ce budget pour espérer un réseau digne du XXIe siècle », martèle-t-il. Alors que la manifestation bat son plein à Austerlitz, la balle est désormais dans le camp des pouvoirs publics. Les usagers, eux, n’ont plus l’intention de patienter.