Face aux tensions géopolitiques et aux risques d’approvisionnement, Bruxelles dévoile 47 projets stratégiques pour exploiter ses ressources en métaux critiques.
L’Union européenne a officialisé ce mardi une série de mesures ambitieuses visant à sécuriser son accès aux matières premières essentielles. Parmi les 47 initiatives retenues, figurent des extractions de lithium, de cuivre ou de terres rares sur le sol européen, avec un objectif clair réduire la domination chinoise dans ces secteurs clés.
La pandémie et la guerre en Ukraine ont servi de révélateurs. L’UE a pris conscience des dangers d’une dépendance excessive aux importations, notamment pour les composants indispensables aux batteries électriques, aux énergies renouvelables ou à l’industrie de défense. « Nous ne pouvons pas laisser le lithium chinois devenir le nouveau gaz russe », a insisté le commissaire européen à l’Industrie, Stéphane Séjourné.
La France joue un rôle central dans ce plan, avec huit projets retenus, dont deux dédiés au lithium portés par Imerys dans l’Allier et Eramet en Alsace. Ces sites bénéficieront de procédures accélérées, avec des délais d’autorisation plafonnés à 27 mois pour l’extraction et 15 mois pour le recyclage. Un fonds de deux milliards d’euros soutiendra ces initiatives, combinant prêts, subventions et garanties publiques.
L’enjeu dépasse la simple logique industrielle. Sans gallium pour les panneaux solaires, sans cuivre pour les réseaux électriques ou sans terres rares pour les équipements militaires, la transition écologique et la souveraineté technologique européenne seraient compromises. La législation adoptée en 2023 fixe des caps précis d’ici 2030 au moins 10 % d’extraction locale, 40 % de transformation et 25 % de recyclage pour chaque métal critique.
Reste le défi environnemental. L’ouverture de nouvelles mines suscite des oppositions, mais Bruxelles assure vouloir concilier exploitation et normes strictes. « L’autonomie européenne en lithium est possible d’ici cinq ans », défend Séjourné. Parmi les 170 dossiers examinés, certains concernent aussi des pays tiers comme le Groenland ou l’Ukraine, dont les projets éligibles seront dévoilés prochainement. Une manière de diversifier les sources tout en consolidant l’indépendance stratégique du Vieux Continent.