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Culture

Des princes éphémères : le rite sacré des jeunes Shan en Thaïlande

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Dans le nord de la Thaïlande, des garçons revêtent des costumes princiers pour un rituel bouddhiste unique, symbole de résilience culturelle.

Sous le soleil de Chiang Mai, une quarantaine d’enfants vêtus de robes étincelantes et coiffés de couronnes florales défilent sur les épaules de leurs aînés. Ce spectacle haut en couleurs marque le début du Poy Sang Long, une cérémonie ancestrale propre à l’ethnie Shan, originaire de Birmanie. Exilés en Thaïlande pour fuir les conflits, ces communautés perpétuent ainsi leurs traditions avec ferveur.

Les jeunes participants, âgés de 7 à 12 ans, se préparent à entrer temporairement dans les ordres monastiques. Le rituel commence par la tonsure, où leurs cheveux tombent sur des feuilles de lotus, symbole de pureté. Portés comme des princes lors d’une procession autour du temple Ku Tao, ils incarnent le légendaire héritage birman. Les familles, souvent issues de milieux modestes, investissent des sommes conséquentes pour offrir à leurs fils cette initiation spirituelle, censée leur apporter mérite et sagesse.

Pour les Shan, appelés Tai Yai en Thaïlande, cette célébration est bien plus qu’un rite religieux. Elle incarne leur attachement à une identité préservée malgré l’exil. « Mon fils est né ici, mais nos racines restent en Birmanie », confie un père, tandis que les gongs résonnent dans l’enceinte du temple. Malgré l’intégration en terre thaïlandaise, beaucoup gardent un lien viscéral avec leur région d’origine, déchirée par des décennies de violences.

Chaque année, entre mars et avril, plusieurs villes du nord de la Thaïlande vibrent au rythme du Poy Sang Long. À Chiang Mai, où réside l’une des plus importantes diasporas shan, l’événement attire curieux et fidèles. Entre ballons colorés et chants traditionnels, les familles veillent leurs enfants, conscients de transmettre bien plus qu’une coutume : une histoire, une résistance, et l’espoir d’un avenir meilleur.

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