Le dirigeant du RN multiplie les gestes de soutien à l’État hébreu, suscitant autant d’adhésions que de vives critiques.
Jordan Bardella, président du Rassemblement national, a effectué une visite remarquée en Israël cette semaine. Le leader du parti d’extrême droite s’est rendu sur plusieurs lieux symboliques, notamment à Réim, site du massacre du festival Nova où plus de 370 personnes ont perdu la vie lors de l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023. Il y a rencontré des survivants, affirmant que la France et Israël partageaient « les mêmes adversaires » et qualifiant le conflit actuel de « lutte de la civilisation contre la barbarie ».
À Netiv Haasara, Bardella a échangé avec Sabine Taasa, une Franco-Israélienne dont la famille a été décimée lors des attaques. Il a ensuite visité le mémorial de Yad Vashem à Jérusalem, marquant une volonté affichée de rompre avec l’héritage controversé du FN, notamment les dérapages négationnistes de Jean-Marie Le Pen. Interrogé sur ce passé, Bardella a botté en touche, déclarant qu’il ne faisait « pas de politique dans le rétroviseur ».
Cette visite, organisée à l’invitation du ministre israélien Amichai Chikli, membre du Likoud, s’inscrit dans une stratégie de normalisation internationale du RN. Bardella doit participer à une conférence sur l’antisémitisme réunissant plusieurs figures d’extrême droite européenne, dont Marion Maréchal. Cependant, l’événement a déjà provoqué plusieurs désistements, notamment celui du grand rabbin britannique Ephraïm Mirvis ou de l’intellectuel Bernard-Henri Lévy, refusant de s’associer à ces mouvances.
Le ministère israélien de la Diaspora a salué Bardella comme « un ami extrême d’Israël », tandis que des cadres du RN y voient une étape clé dans la dédiabolisation du parti. Marine Le Pen avait elle-même initié ce rapprochement lors d’un rassemblement des droites radicales à Madrid en février. Bardella, de son côté, plaide pour un renforcement des « coopérations avec les nations combattant le terrorisme islamiste », consolidant ainsi son positionnement pro-israélien.
Cette démarche divise pourtant la communauté juive, entre ceux qui saluent un virage stratégique et ceux qui dénoncent une instrumentalisation de la cause antisémite à des fins politiques.