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Les enfants des maternités nazies au coeur d’une pièce de théâtre

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« Les enfants du Lebensborn » : une pièce de théâtre lève le voile sur un chapitre sombre de l’histoire nazie

Inspirée de récits authentiques, la pièce « Les petits chevaux » plonge dans l’univers méconnu des maternités nazies, où des milliers d’enfants sont nés dans le cadre d’un projet eugéniste. Une histoire poignante portée par des témoignages bouleversants.

Le Théâtre des Gémeaux à Paris accueille jusqu’au 22 avril une œuvre théâtrale intitulée « Les petits chevaux, Une histoire d’enfants des Lebensborn ». Cette création, écrite par quatre auteurs dont Matthieu Niango, met en lumière un pan oublié de l’histoire : les maternités nazies, ou « Lebensborn », conçues pour perpétuer la prétendue supériorité de la race aryenne. Ces centres, instaurés par Heinrich Himmler à partir de 1935, ont vu naître entre 10 000 et 22 000 enfants, selon les estimations.

La pièce s’appuie sur des histoires vraies, notamment celle de Gisèle Niango, née en 1943 dans un Lebensborn en Belgique. À 81 ans, cette femme témoigne de son parcours marqué par la quête de ses origines. Après le décès de sa mère adoptive, elle découvre qu’elle est issue de ce programme eugéniste, un choc qui l’a poussée à cofonder l’association Pour la Mémoire des Enfants des Lebensborn. Son histoire, ainsi que celle d’autres enfants, est incarnée sur scène par quatre comédiens de la compagnie « pARTage ».

À travers des flashbacks historiques et des scènes d’enquête, le public suit le personnage d’Hortense, qui apprend qu’elle est née dans un Lebensborn français à Lamorlaye, dans l’Oise. Elle découvre également qu’elle est la fille d’un officier SS, une révélation qui bouleverse son existence. La pièce explore ainsi les conséquences psychologiques et sociales de ces origines, tout en soulignant l’importance de la mémoire collective.

Pour Matthieu Niango, fils de Gisèle et co-auteur de la pièce, ce projet a été un défi émotionnel. « On me dit que je descends d’un SS, alors que mon père est ivoirien. C’était difficile à accepter et à exprimer », confie-t-il. Avec ses co-autrices, il a voulu donner une voix à ces enfants souvent ignorés, dont beaucoup ont vécu dans l’ombre de leur passé.

Aujourd’hui, alors que les derniers témoins de cette époque sont octogénaires, les auteurs estiment qu’il est urgent de préserver leur mémoire. « Les idées qui ont conduit aux Lebensborn sont encore présentes », souligne Matthieu Niango, faisant référence à la montée des idéologies extrémistes et eugénistes dans le monde contemporain.

La pièce, qui sera également jouée dans des établissements scolaires, s’inscrit dans un mouvement plus large de reconnaissance. En 2019, la ville de Commercy, dans la Meuse, a inauguré une plaque commémorative en hommage aux enfants recueillis après-guerre, dont certains étaient issus des Lebensborn. Parallèlement, une bande dessinée intitulée « Lebensborn » et un roman, « Le fardeau », viennent enrichir cette démarche mémorielle.

« Les petits chevaux » est bien plus qu’une pièce de théâtre : c’est un appel à ne pas oublier ces vies marquées par l’idéologie nazie, et un rappel des dangers de l’eugénisme et du racisme. Une œuvre nécessaire, à découvrir absolument.

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