Borhen Bssais et Mourad Zeghidi placés en détention, rejoignant Sonia Dahmani, avocate interpellée en direct à la télévision française.
Le paysage médiatique tunisien est en ébullition alors que deux chroniqueurs, Borhen Bssais et Mourad Zeghidi, ont été placés en détention dimanche pour avoir critiqué la situation politique du pays. Leur arrestation survient à la suite de l’interpellation musclée en direct à la télévision française de l’avocate et commentatrice Sonia Dahmani pour des motifs similaires.
Les deux hommes, Borhen Bssais, présentateur à la télévision et à la radio, et Mourad Zeghidi, commentateur politique, ont été interpellés samedi soir et sont depuis sous mandat de dépôt. Ils sont accusés de diffusion de « fausses informations (…) dans le but de diffamer autrui ou porter atteinte à sa réputation », selon le porte-parole du tribunal de Tunis, Mohamed Zitouna.
Cette série d’arrestations intervient dans un contexte de répression croissante de la liberté d’expression en Tunisie. Sonia Dahmani, arrêtée en direct à la télévision française France 24, est connue pour ses critiques envers le président Kais Saied. Son arrestation, filmée en direct, a suscité une vague d’indignation et conduit à une grève des avocats.
La loi sur la répression des « fausses nouvelles », promulguée en septembre 2022 par le président Saied, est critiquée pour son interprétation extensive. Plus de 60 personnes, dont des journalistes et des avocats, ont été poursuivies en vertu de ce texte au cours de l’année écoulée.
Dimanche matin, environ 300 personnes se sont rassemblées à Tunis pour demander la libération des détenus politiques, dénonçant un « état policier » et le recul des droits et libertés en Tunisie. Ahmed Néjib Chebbi, cofondateur du Front de salut national, a dénoncé « un système liberticide » orchestré par le président Saied.
Outre les critiques du gouvernement, plusieurs organisations d’aide aux migrants ont également été soumises à des contrôles la semaine précédente. La présidente de l’association antiraciste Mnemty, Saadia Mosbah, est actuellement en garde à vue pour des soupçons de blanchiment d’argent, après avoir défendu les droits des migrants subsahariens en Tunisie.
Cette série de mesures répressives soulève des inquiétudes quant à la liberté d’expression et aux droits fondamentaux en Tunisie, alimentant les craintes d’un recul démocratique dans le pays.