Après les remous de 2024, la 61e édition du Salon international de l’Agriculture a marqué un retour au calme, avec une forte affluence et des échanges constructifs entre politiques et professionnels du secteur.
La 61e édition du Salon international de l’Agriculture (SIA), qui s’est tenue du 22 février au 2 mars 2025 à Paris, a clôturé son édition sur une note positive. Après une année 2024 marquée par la colère des agriculteurs et des tensions vives, cette édition a été l’occasion de renouer le dialogue et de mettre en avant les enjeux de la souveraineté alimentaire.
Les allées du Parc des expositions de la Porte de Versailles ont accueilli des centaines de milliers de visiteurs, venus découvrir les animaux de concours, les produits régionaux ou encore les innovations agricoles. Le Maroc, invité d’honneur de cette édition, a également contribué à enrichir la programmation. Les organisateurs se félicitent d’une fréquentation en hausse et d’un climat apaisé, loin des huées et des tensions qui avaient marqué la venue d’Emmanuel Macron en 2024.
Le président de la République a d’ailleurs effectué une visite marathon de douze heures, saluant notamment Oupette, la vache limousine égérie du Salon. Il a réaffirmé son engagement en faveur des agriculteurs, soulignant qu’ils ne devaient pas être « la variable d’ajustement » des accords commerciaux internationaux ou des fluctuations du pouvoir d’achat.
La question de la souveraineté alimentaire a été au cœur des débats. Emmanuel Macron a insisté sur la nécessité de protéger l’agriculture française et européenne face aux menaces extérieures, notamment les tensions commerciales avec les États-Unis ou la Chine. La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a quant à elle défendu une vision de « réarmement » agricole, appelant à « produire plus pour manger mieux » et maintenir la France comme puissance exportatrice.
Ces déclarations ont été bien accueillies par la FNSEA et la Coordination rurale, qui réclament moins de contraintes réglementaires et davantage de moyens pour les agriculteurs. En revanche, la Confédération paysanne a exprimé son désaccord, dénonçant un « recul majeur » sur les questions environnementales. En signe de protestation, des militants ont déversé des sacs d’abeilles mortes sur le stand de Phyteis, lobby des pesticides, pour dénoncer la possible réintroduction des néonicotinoïdes.
Comme chaque année, le Salon a été un lieu de rencontre privilégié pour les responsables politiques. Fabien Roussel, leader communiste, a dégusté une tête de veau au petit-déjeuner, tandis que Marine Tondelier, écologiste, a posé avec un agneau. Jordan Bardella, président du Rassemblement national, a multiplié les selfies avec les visiteurs.
Côté économique, une initiative inédite a réuni cinq patrons de la grande distribution, à l’exception notable d’E.Leclerc. Sous l’impulsion de l’animatrice Karine Le Marchand, ils ont présenté des engagements pour mieux soutenir les agriculteurs. Une démarche accueillie avec scepticisme par certains acteurs du secteur agro-industriel, qui y ont vu un « coup de communication ».
Si le gouvernement a salué les avancées réalisées depuis un an, notamment avec l’adoption de la loi d’orientation agricole et des allégements fiscaux de 500 millions d’euros, les défis restent nombreux. François Bayrou, Premier ministre, a reconnu que « tous les problèmes ne sont pas résolus », tout en soulignant un « climat très positif ».