Malgré les attaques venues de Washington, la radio historique maintient le cap, défendant bec et ongles sa mission d’information libre.
Le coup est rude, mais la détermination reste intacte. Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL), média emblématique financé par les États-Unis, traverse une crise sans précédent après la décision de l’administration Trump de supprimer ses subventions. Son président, Stephen Capus, confie son désarroi mais aussi sa résolution à poursuivre la lutte pour préserver cette voix indépendante.
La mesure, prise en mars dernier, classe l’USAGM – l’agence fédérale supervisant les médias publics américains à l’étranger – parmi les « structures bureaucratiques superflues ». Du jour au lendemain, RFE/RL s’est retrouvée privée de 77 millions de dollars, plongeant ses 1 700 employés dans l’incertitude. Une première victoire judiciaire a permis de suspendre temporairement cette décision, mais l’avenir reste incertain. « Nous tenons bon, mais nos réserves s’épuisent », explique Capus, visiblement ébranlé. Les réductions d’effectifs ont déjà commencé, et les économies réalisées ne suffiront pas à compenser longtemps ce manque à gagner.
Fondée en 1950 pour contrer la propagande soviétique, RFE/RL a joué un rôle clé dans la chute des régimes communistes en Europe. Aujourd’hui, elle diffuse en 27 langues vers 23 pays, souvent soumis à une censure féroce, touchant près de 50 millions d’auditeurs chaque semaine. « Nos journalistes risquent chaque jour leur liberté, parfois leur vie, pour informer », souligne Capus, évoquant notamment le cas d’Alsu Kurmasheva, emprisonnée en Russie avant d’être libérée dans un échange de prisonniers.
Ce qui frappe le plus, c’est le sentiment de trahison qui règne parmi les équipes. Nombreux sont ceux qui, ayant fui des régimes autoritaires, craignent désormais de devoir y retourner si la radio venait à disparaître. « C’est une attaque venue de l’intérieur, et nous ne l’avions pas vu venir », regrette le dirigeant. Pire encore, Washington a coupé sans préavis les services satellitaires essentiels à certaines diffusions, notamment en Russie.
Malgré l’onde de choc, Capus reste combatif. Il mise sur le soutien croissant des dirigeants européens et des auditeurs, pour qui RFE/RL représente souvent le seul accès à une information non censurée. « La loi est de notre côté, et nous nous battrons jusqu’au bout », affirme-t-il, déterminé à éviter ce qu’il qualifie de « cadeau aux ennemis des démocraties ». Dans cette tourmente, la radio incarne plus que jamais la résistance face à l’obscurantisme.