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Société

Quand le silence règne dans l’esprit : l’énigme de l’anendophasie

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Certaines personnes pensent sans monologue intérieur, un phénomène méconnu qui bouleverse notre compréhension de la cognition.

L’idée d’une pensée silencieuse semble presque inconcevable pour la majorité d’entre nous, habitués à ce dialogue permanent qui anime notre esprit. Pourtant, une minorité d’individus expérimentent ce que les scientifiques nomment désormais l’anendophasie : l’absence totale de voix intérieure. Cette découverte récente ouvre des perspectives fascinantes sur la diversité des mécanismes cognitifs.

Prenons l’exemple d’une jeune femme new-yorkaise, dont le témoignage a marqué les chercheurs. Alors qu’elle découvrait par hasard des articles évoquant le monologue mental, elle réalisa avec stupéfaction que son propre fonctionnement cérébral différait radicalement. « Je n’entends rien », confie-t-elle, décrivant une pensée abstraite, dépourvue de mots. Son entourage, d’abord incrédule, a fini par accepter cette singularité après consultation de spécialistes.

Les études sur le sujet restent rares, mais une publication dans *Psychological Science* a formalisé le concept en 2023. Les travaux du psychologue Russell Hurlburt ont notamment révélé que même chez les personnes dotées d’une voix intérieure, celle-ci n’est active qu’un quart du temps en moyenne. Loin d’être linéaire, la pensée emprunte des chemins variés : images mentales, émotions pures ou raisonnements non verbaux. Ces observations ont conduit certains experts, comme la chercheuse Hélène Loevenbruck, à revoir leurs certitudes sur l’universalité du dialogue intérieur.

Les implications pratiques de l’anendophasie demeurent mystérieuses. Certains avancent que l’absence de monologue mental pourrait protéger contre les ruminations anxieuses, tandis que d’autres y voient un handicap pour la mémorisation ou la projection dans le futur. « Je ne rumine pas, mais j’ai parfois du mal à me souvenir précisément des événements », explique la New-Yorkaise, qui rejette toute idée de vide intérieur : « Ma pensée est riche, simplement différente. »

Cette singularité cognitive pose une question fondamentale : et si notre expérience subjective de la pensée n’était qu’une possibilité parmi d’autres ? Alors que la science commence à peine à cartographier ces territoires inexplorés, chaque témoignage rappelle combien l’esprit humain recèle de variations insoupçonnées.

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