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Migrants subsahariens en Tunisie : une vie en cendres sous les oliviers

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Des milliers d’exilés, chassés de leurs camps de fortune, errent dans l’incertitude après une vaste opération policière.

Sous un soleil implacable, des silhouettes hagardes fuient entre les oliviers centenaires tandis que des gendarmes tunisiens réduisent en cendres leurs abris de toile. À El Amra, dans le centre-est du pays, des milliers de migrants subsahariens se retrouvent sans toit après le démantèlement brutal de leurs campements. Parmi eux, Bakayo Abdelkadeur, un Malien de 26 ans, serre contre lui deux couvertures déchirées, ultimes vestiges de son foyer éphémère.

Ces oliveraies, transformées en refuges précaires depuis près de deux ans, cristallisent désormais les tensions. Les riverains et propriétaires terriens réclamaient leur évacuation, alimentant un climat hostile exacerbé par les discours politiques. En 2023, le président Kaïs Saïed avait accusé ces « hordes de migrants » de menacer l’équilibre démographique du pays, jetant de l’huile sur le feu.

Venus du Mali, de Guinée ou du Nigeria, beaucoup espéraient rejoindre l’Europe via l’Italie. Mais le verrouillage des routes maritimes les a piégés en Tunisie, où ils survivent dans des conditions précaires. Benjamin Enna, un Nigérian de 29 ans, tente de rassembler ses rares affaires après la destruction du camp. Rester ? Partir ? Sa tête « ne sait plus ». Comme lui, des centaines d’autres, épuisés et traumatisés, ne rêvent que d’une chose : quitter ce pays où ils se sentent indésirables.

Les autorités affirment avoir agi « humainement », promettant des retours volontaires organisés par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Pourtant, sur le terrain, la détresse est palpable. Une jeune Camerounaise, visage fermé, murmure : « Ils nous traitent comme si nous n’étions pas des êtres humains. »

Pour les observateurs, cette opération ne résout rien. Les migrants, privés de tout, pourraient bien se regrouper ailleurs, perpétuant un cycle de précarité. Déjà, certains marchent vers de nouvelles oliveraies, cherchant désespérément un abri. Loin des projecteurs, leur calvaire continue.

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