Acquérir un logement neuf à moitié prix, c’est possible grâce à ce dispositif encore peu connu du grand public. Pourtant, il représente une opportunité majeure pour les ménages modestes.
Le bail réel solidaire (BRS) permet d’acheter un bien immobilier neuf à un prix réduit de 30 à 50 % par rapport au marché traditionnel. Ce mécanisme, lancé il y a près de dix ans, reste largement ignoré, y compris dans des villes comme Rennes, où il est pourtant fortement encouragé. Le principe est simple : l’acheteur n’acquiert que le bâti, tandis que le terrain appartient à un Office foncier solidaire (OFS), auquel il verse une redevance annuelle. Cette dissociation entre le foncier et le bâti rend l’accession à la propriété plus accessible.
À Rennes, François Mouaze, un quinquagénaire père de deux enfants, a ainsi pu acheter une maison neuve avec jardin pour environ 225 000 euros, soit la moitié du prix d’une propriété équivalente sur le marché classique. Après avoir longtemps été locataire, il a découvert ce dispositif par hasard, grâce à une annonce en ligne. « Je n’en avais jamais entendu parler », confie-t-il. Pour lui, le BRS a été une véritable bouée de sauvetage dans un contexte où l’achat d’un bien immobilier semblait hors de portée.
Rennes Métropole, qui compte près de 474 000 habitants et anticipe une forte croissance démographique d’ici 2040, mise beaucoup sur ce dispositif. L’intercommunalité s’est fixé pour objectif de produire 5 000 logements par an, dont 1 700 en BRS, afin de permettre aux classes moyennes d’accéder à la propriété. Honoré Puil, vice-président en charge de l’habitat, souligne que 90 % des locataires de la métropole sont désormais éligibles, grâce à une récente augmentation des plafonds de ressources.
Pourtant, malgré ses avantages, le BRS peine à se faire connaître. Pour y remédier, Rennes Métropole a lancé une campagne de communication mettant en avant des témoignages de résidents ayant opté pour ce dispositif. Nathalie Stoschek, enseignante-chercheuse et mère célibataire, fait partie de ces pionniers. Après avoir vécu en logement social, elle a pu acquérir un appartement à Cesson-Sévigné, une banlieue résidentielle de Rennes, grâce au BRS. « C’était une occasion en or », se souvient-elle, tout en déplorant que ce système reste méconnu de son entourage.
Claire Carriou, chercheuse au laboratoire Lab’URBA, a étudié ce dispositif et constate une méconnaissance persistante dans les territoires. Selon une enquête menée auprès de 120 ménages franciliens ayant opté pour le BRS, la moitié d’entre eux ont découvert ce système via des annonces en ligne. Pour beaucoup, il s’agit d’une solution de dernier recours, après avoir renoncé à l’accession en pleine propriété. Les principales réticences concernent la perspective de plus-value limitée à la revente, les prix étant strictement encadrés.
Néanmoins, pour de nombreux ménages, le BRS représente la seule option viable pour devenir propriétaire. Alors que le dispositif devrait s’étendre à l’ensemble des régions d’ici 2028, avec des projets en Nouvelle-Aquitaine, en Auvergne-Rhône-Alpes et en Île-de-France, il reste un outil précieux pour répondre à la crise du logement et offrir une alternative aux ménages modestes.