Le Premier ministre François Bayrou a appelé ses ministres à faire preuve de cohésion, alors que des dissensions internes menacent la stabilité de son gouvernement. Le port du voile islamique dans les compétitions sportives cristallise les tensions.
François Bayrou a convoqué mardi plusieurs membres de son gouvernement pour tenter de mettre fin aux divisions qui secouent l’exécutif. Lors d’une réunion à Matignon, le chef du gouvernement a fermement rappelé à l’ordre ses ministres, dénonçant des critiques internes jugées « inacceptables ». Il a insisté sur la nécessité d’une « solidarité » collective, alors que deux poids lourds de son équipe, Gérald Darmanin et Bruno Retailleau, ont menacé de démissionner.
Le Premier ministre a réaffirmé son soutien à une proposition de loi déposée par le député LR Michel Savin, visant à interdire le port de signes religieux, notamment le voile, dans toutes les compétitions sportives, y compris au niveau amateur. Cette position a été défendue avec vigueur par Aurore Bergé, ministre de l’Égalité, qui a martelé la nécessité de lutter contre « toute forme d’entrisme islamiste ». Cependant, cette ligne politique ne fait pas l’unanimité au sein du gouvernement.
Gérald Darmanin, ministre de la Justice, a clairement exprimé son désaccord, allant jusqu’à remettre en question sa place dans l’équipe gouvernementale. « On ne peut pas rester dans un gouvernement qui cède sur ces questions-là », a-t-il déclaré. Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, partage cette position et propose d’étendre l’interdiction du voile aux accompagnants scolaires. À l’inverse, Elisabeth Borne, ministre de l’Éducation, estime que la régulation du port du voile dans le sport relève des fédérations sportives elles-mêmes.
Marie Barsacq, ministre des Sports, a tenté de jouer les conciliatrices en soutenant officiellement la position du gouvernement tout en mettant en garde contre les « amalgames » entre port du voile et radicalisation. Naïma Moutchou, vice-présidente Horizons de l’Assemblée nationale, a quant à elle défendu une approche nuancée, plaidant pour une interdiction limitée aux compétitions officielles, tout en critiquant une généralisation à l’ensemble de la pratique sportive.
Les tensions ne se limitent pas à la question du voile. Bruno Retailleau a également menacé de quitter le gouvernement si celui-ci renonçait à un rapport de force avec l’Algérie concernant le rapatriement des ressortissants algériens en situation irrégulière. Le ministre de l’Intérieur prône une « riposte graduée » et envisage une révision des accords de 1968, qui accordent un statut particulier aux Algériens en France.
Sur le front des retraites, les divisions persistent également. François Bayrou a fermé la porte à un retour à l’âge de départ à 62 ans, une position qui a suscité des réactions contrastées au sein de son équipe. Alors que le ministre de l’Économie, Eric Lombard, a tenté d’apaiser les tensions en laissant la décision aux partenaires sociaux, Amélie de Montchalin, ministre du Budget, a jugé cette proposition « irréaliste » face aux impératifs financiers.
Dans un contexte de fortes tensions internes, François Bayrou tente de maintenir l’unité de son gouvernement, mais les dissensions sur des sujets sensibles comme le voile, les relations avec l’Algérie ou les retraites risquent de fragiliser davantage l’exécutif.